La vérité qui dérange sur les incendies de forêt en France | Le spectateur
Le mois dernier, la Première ministre française, Elisabeth Borne, s’est rendue dans le sud-ouest du pays pour offrir son soutien aux pompiers luttant contre une série de grands incendies de forêt. C’était aussi une bonne occasion d’aborder un sujet qui lui tenait à cœur. Plus que jamais, elle averti, nous devons continuer à lutter contre le changement climatique et à nous adapter. Un nouveau plan d’adaptation au changement climatique sera mis en consultation au début de l’automne.
Borne n’est pas le seul à relier les incendies de forêt qui ont ravagé une grande partie de la France cet été au changement climatique. Des journaux tels que Libération
ont également lié les deux. La semaine dernière, le journal a publié un article dans lequel il faisait référence à l’Organisation météorologique mondiale des Nations Unies. Selon le secrétaire général de l’organisation, Petteri Taalas, même si les émissions sont faibles, le réchauffement climatique devrait entraîner une augmentation des incendies de forêt.
Pendant ce temps, l’équivalent français de National géographique magazine, Géoa déclaré que les incendies illustrent que le réchauffement climatique favorise les incendies de forêt, qui ont déjà détruit plus de terres depuis le début de l’année que sur toute l’année 2021. Plus de 50 000 hectares de forêt ont été détruits par les incendies en France cette année, le plus depuis la tristement célèbre canicule de 1976. Géo magazine a cité Jesus San Miguel, coordinateur du système européen d’information sur les incendies de forêt, qui a déclaré que la canicule estivale était un facteur décisif dans la prolifération des incendies et qu’il y avait clairement un lien avec le réchauffement climatique.
Le problème avec cette théorie, cependant, ce sont les faits. De Bordeaux à la Bretagne en passant par l’Ardèche, les enquêtes ont rapidement conclu que la majorité des incendies n’avaient rien à voir avec le changement climatique. Dans les 15 départements qui composent la région méditerranéenne de France, 36 incendies se sont déclarés cet été qui ont détruit plus de dix hectares de forêt : 26 d’origine humaine, dont 17 allumés volontairement.
ric Brocardi, le porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, a déclaré au magazine d’actualité Marianne
que 90 % des incendies en France sont d’origine humaine, contre 60 % en Amérique du Nord, où les incendies causés par la foudre ou les orages secs sont plus fréquents.
De nombreux incendiaires ou pyromanes (l’incendie criminel étant un acte criminel et la pyromanie un trouble psychique) responsables des incendies de forêt en France cet été ont été arrêtés. Deux sont pompiers; un autre est un réserviste de 19 ans qui a été accusé d’avoir déclenché 31 incendies entre le 29 juillet et le 21 août de cette année dans la région de la Gironde. L’autre, également pompier à temps partiel, est accusé d’avoir déclenché plusieurs incendies depuis plusieurs années dans l’Hérault, dont huit cet été. L’homme de 37 ans a avoué ses crimes, et dit qu’il l’a fait pour l’excitation des interventions. Il a également admis qu’il appréciait les éloges de la communauté pour être un pompier courageux luttant contre les incendies.
Mais ces faits n’ont pas été largement rapportés et, dans le cas de Borne et d’autres politiciens, ils ont tout simplement été ignorés. Le changement climatique est le plus grand incendiaire, à leur avis. Parfois, ce récit est contesté, par un magazine comme Marianne, ou un homme politique comme Louis Aliot. Le maire de Perpignan, qui se présente pour remplacer Marine Le Pen à la présidence du Rassemblement national, a surpris un journaliste de la télévision la semaine dernière en attribuant la majorité des incendies de forêt de l’été à la bêtise humaine. Le journaliste a clairement été surpris. Aliot avait perdu le message. Il s’est sûrement trompé.
Aliot est resté fidèle à ses armes. Non, a-t-il dit, il n’est pas un négationniste du changement climatique, mais il n’est pas non plus un hystérique du changement climatique ; il ne faisait qu’énoncer les faits. Il a ensuite déclaré que sa préoccupation cet hiver ne sera pas le changement climatique mais le nombre croissant de Perpignanais aux prises avec la hausse des coûts de l’énergie et de l’alimentation.
Cette inquiétude des sociétés les plus défavorisées s’est exprimée il y a quatre ans lors du lancement du mouvement des gilets jaunes en France. Un refrain commun entendu parmi les manifestants était : Macron est préoccupé par la fin du monde, nous sommes préoccupés par la fin de la semaine. Lorsqu’Emmanuel Macron a nommé Borne son Premier ministre en mai, ses instructions étaient d’agir plus vite et plus fort dans la mise en œuvre de la politique de transition écologique de la France, et elle a l’intention de le faire dans les mois à venir.
Et ce n’est pas trop tôt, s’écrient les écologistes, qui pointent le déclenchement de nouveaux incendies de forêt cette semaine dans les départements de la Gironde et de la Charente comme une preuve supplémentaire de la crise du changement climatique. La vérité qui dérange, cependant, est que dans les deux cas, les enquêteurs pensent que les incendies ont été allumés délibérément.