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La politique chinoise de Macron : abandonner les illusions et ramener la Realpolitik

Avec des attentes raisonnables avant la visite, on peut évaluer que la visite d’État de Xi Jinping en France les 6 et 7 mai a été un succès, du moins pas un échec.

Même si la visite n’a peut-être pas donné de résultats tangibles sur des questions telles que l’Ukraine ou les différends commerciaux, elle marque un changement significatif dans l’approche du président Emmanuel Macron à l’égard de la Chine.

Il y a tout juste un an, en avril 2023, le président français se rendait en Chine avec un agenda positif afin de remettre les relations bilatérales sur les rails après trois années de pandémie de Covid-19. Hormis l’Ukraine, la priorité de la visite était les affaires, indépendamment de la maigre récolte de contrats finalement signés par la France. En outre, l’amitié de Macron avec Xi a été surexposée lors d’une visite où la propagande chinoise avait les mains pleines. Enfin, sur le chemin du retour en France, le président français a tenu des propos très controversés, accusant les États-Unis d’alimenter les tensions en Asie de l’Est et donnant l’impression qu’il ne tenait pas compte des conséquences qu’une crise dans la région aurait pour les intérêts français.

À l’opposé, la visite de cette année a été marquée par un ton plus austère. Macron, respectueux et cordial avec son homologue, n’était plus trop amical et trop souriant par rapport à l’année dernière. Il était plus distant et direct, s’abstenant de faire toute déclaration controversée ou de diriger des tirs amis sur les alliés et partenaires de la France. L’agenda était fortement politique, même lorsqu’il s’agissait de questions économiques, soulignant la gravité des enjeux.

Pourtant, Macron a invité Xi dans le pays de son enfance, les Pyrénées, dans le sud de la France. Macron voulait montrer à son homologue qu’il apprécie le dialogue de haut niveau avec lui et qu’il reste ouvert et constructif envers la Chine, mais que les intérêts de la France en termes de sécurité et d’économie seront préservés à tout prix.

Ukraine

Sur l’Ukraine, l’Elyse a étonnamment maintenu le même double objectif contradictoire : convaincre Xi d’utiliser son influence sur Poutine, d’une part, et le dissuader de fournir des armes ou une aide militaire directe à la Russie, d’autre part. Une analyse plus précise indique que le principal intérêt de la Chine est de rester en dehors de la guerre. Par conséquent, il n’aidera pas l’UE contre son partenaire stratégique russe, et il est peu probable qu’il fournisse des armes à Poutine et qu’il soit confronté à des sanctions économiques de la part de l’Occident.

À Paris, Xi semblait agacé par les tentatives européennes d’impliquer la Chine dans la guerre. Lors d’une conférence de presse à l’Elysée, il s’est déclaré opposé : à l’utilisation de la crise ukrainienne pour accuser les autres, diffamer un pays tiers et déclencher une nouvelle guerre froide, une formulation encore plus forte par rapport à ce qu’il écrivait dans sa tribune dans Le Figaro : La Chine n’est ni à l’origine de la crise, ni partie prenante.

Bien que la Chine ne fournisse pas d’armes mortelles à la Russie, la France ne se fait pas d’illusions sur le fait que le soutien économique global de la Chine est essentiel à l’effort de guerre russe en Ukraine. La présidente française et présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé la Chine à limiter les livraisons de biens à double usage vers la Russie, qui finissent par se retrouver sur le front ukrainien. Ils ont également clairement indiqué que cela affectait les relations UE-Chine.

Au moins, Xi a soutenu la proposition de trêve de Macron lors des Jeux olympiques de Paris cet été. Il a également accepté de se coordonner avec le président français avant d’accueillir Vladimir Poutine en Chine dans les semaines à venir. Ce sont de maigres résultats et vides d’engagements, mais la Chine semble prendre Paris plus au sérieux lorsqu’elle affirme que la guerre en Ukraine constitue une menace existentielle pour la sécurité de l’UE et que l’Ukraine ne peut pas perdre.

Ainsi, il n’y a pas eu de déclaration commune sur l’Ukraine, même s’il y en a eu une assez intéressante sur la situation au Moyen-Orient, où les positions partagées sont plus claires : protection des civils, opposition à l’offensive israélienne sur Rafah et au déplacement forcé des civils, cessez-le-feu immédiat. , et la promotion d’une solution à deux États.

Pas d’illusion sur le commerce

Le changement le plus significatif réside dans les relations économiques bilatérales de Macron avec la Chine. S’éloignant de la précédente politique d’engagement et d’orientation commerciale, le président français a mis l’accent sur les déséquilibres en matière de commerce, d’investissement et d’accès au marché, ainsi que sur la concurrence déloyale.

(…)

Macron sait désormais qu’il n’y a pas d’alternative à un rapport de force économique avec la Chine. Une guerre commerciale n’est pas souhaitable, mais la France et l’UE doivent y être prêtes et s’y préparent.

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Quelle est la prochaine étape pour les relations France-Chine ?

Les conflits économiques sont importants et ne seront pas résolus du jour au lendemain ou par la France seule. Il s’agit d’un dialogue long et difficile entre l’UE et la Chine qui vient de s’ouvrir à Paris. Heureusement, l’UE dispose de plus en plus de moyens pour être crédible face à Pékin et faire face à la politique économique chinoise.

Certaines questions importantes restent encore à soulever par la France. Il n’y a eu aucune déclaration publique sur la situation dans le détroit de Taiwan, ni sur l’ingérence chinoise en France et en Europe. Cette dernière question est particulièrement problématique dans la mesure où de nombreux cas d’espionnage et d’influence chinois ont été révélés ces derniers temps, notamment la tentative de la police chinoise de rapatrier de force un dissident chinois de France en mars, ainsi que le piratage de sept membres du Parlement français par des pirates informatiques. le groupe de hackers APT31 lié au gouvernement chinois.

Dans l’ensemble, on peut regretter que la France n’ait pas amélioré sa politique chinoise plus tôt, mais il semble que le président français soit désormais lucide sur le fait qu’il ne suffit pas d’entretenir de bonnes relations avec Pékin, il est également nécessaire de rétablir l’équilibre des relations. pouvoir.

Avec des attentes raisonnables avant la visite, on peut évaluer que la visite d’État de Xi Jinping en France les 6 et 7 mai a été un succès, du moins pas un échec.

Même si la visite n’a peut-être pas donné de résultats tangibles sur des questions telles que l’Ukraine ou les différends commerciaux, elle marque un changement significatif dans l’approche du président Emmanuel Macron à l’égard de la Chine.

Il y a tout juste un an, en avril 2023, le président français se rendait en Chine avec un agenda positif afin de remettre les relations bilatérales sur les rails après trois années de pandémie de Covid-19. Hormis l’Ukraine, la priorité de la visite était les affaires, indépendamment de la maigre récolte de contrats finalement signés par la France. En outre, l’amitié de Macron avec Xi a été surexposée lors d’une visite où la propagande chinoise avait les mains pleines. Enfin, sur le chemin du retour en France, le président français a tenu des propos très controversés, accusant les États-Unis d’alimenter les tensions en Asie de l’Est et donnant l’impression qu’il ne tenait pas compte des conséquences qu’une crise dans la région aurait pour les intérêts de la France.

À l’opposé, la visite de cette année a été marquée par un ton plus austère. Macron, respectueux et cordial avec son homologue, n’était plus trop amical et trop souriant par rapport à l’année dernière. Il était plus distant et direct, s’abstenant de faire toute déclaration controversée ou de diriger des tirs amis sur les alliés et partenaires de la France. L’agenda était fortement politique, même lorsqu’il s’agissait de questions économiques, soulignant la gravité des enjeux.

Pourtant, Macron a invité Xi dans le pays de son enfance, les Pyrénées, dans le sud de la France. Macron voulait montrer à son homologue qu’il apprécie le dialogue de haut niveau avec lui et qu’il reste ouvert et constructif envers la Chine, mais que les intérêts de la France en termes de sécurité et d’économie seront préservés à tout prix.

>>> L’intégralité de l’article est disponible sur le site de The Prospect Foundation.

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