La police française a besoin d’une réforme profonde et immédiate

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L’écrivain est chercheur principal au Conseil allemand des relations étrangères et ancien conseiller d’Emmanuel Macron

En juillet 2017, Emmanuel Macron, fraîchement élu, s’est battu avec le chef des armées après avoir remis en cause l’engagement du président français en matière de dépenses de défense. Macron a rappelé que dans une république, l’armée obéit aux ordres de l’exécutif et non l’inverse. Ce limogeage audacieux affirmait son autorité et rappelait à tous les principes d’une démocratie qui fonctionne bien.

Aujourd’hui, Macron doit faire de même avec la police en fuite de France. Après des décennies de la pire combinaison possible de négligence, d’autonomisation et de manque de responsabilité, ils sont devenus un foyer de racisme et de brutalité. Une semaine d’émeutes après la fusillade mortelle par la police de Nahel Merzouk, 17 ans, révèle la menace que cela peut faire peser sur la cohésion sociale.

Depuis 2001, la France a adopté une nouvelle loi sur la sécurité armant la police presque chaque année. Mais aucun ne semble avoir rendu la police plus efficace. En 2005, après la mort de deux adolescents à la suite d’une poursuite policière, de nouvelles techniques de contrôle des foules et l’utilisation généralisée d’armes intermédiaires ont été déployées dans le banlieues bien qu’il soit interdit dans la majeure partie de l’Europe.

Leur utilisation généralisée au cours de la gilets jaunes mouvement de 2018-2020 a conduit à des centaines de cas signalés d’abus de la police (et d’éventuelles restrictions aux libertés constitutionnelles de réunion et de manifestation). L’impunité est peut-être encore plus préoccupante. Des centaines de cas de recours disproportionné à la force ont été renvoyés à l’Inspection générale de la police nationale (24 personnes ont déclaré avoir perdu un œil), mais les accusations criminelles et les sanctions étaient minimes.

Ce n’est pas une surprise. Frances Watchdog se distingue des autres autorités européennes indépendantes chargées des plaintes contre la police par son manque d’indépendance et de financement. Pendant ce temps, la peur du désordre public et la réalité des menaces terroristes ont poussé les gouvernements successifs à élargir l’arsenal policier, à augmenter le nombre d’officiers et à affaiblir leur responsabilité. La police française tue quatre à cinq fois plus de personnes aujourd’hui qu’en 2010. Cette situation est aggravée par un système de justice pénale qui considère les abus et le racisme comme des cas isolés, même si le médiateur et les tribunaux administratifs français ont depuis longtemps reconnu leur caractère systémique.

La situation est aggravée par les syndicats de la police. Alliance et UNSA représentent plus de la moitié des policiers syndiqués et leurs incendiaires communiqué la semaine dernière faisait ouvertement référence à l’état de guerre, à la nécessité d’éliminer les rongeurs et les hordes sauvages, un vocabulaire lié aux moments les plus sombres de France. C’est préoccupant dans un pays qui flirte avec la victoire du Rassemblement national en 2027, étant donné que Macron ne pourra pas résister à nouveau. Les partis traditionnels ont récemment été pulvérisés et les questions d’identité sont au premier plan.

Il faut agir sur plusieurs fronts. Négligence de longue date des conditions dans le banlieues sur le crime, l’emploi, l’éducation et la race ne doivent pas être écartés. En 2018, Macron s’est vu présenter un plan audacieux pour y investir massivement et y faire progresser les opportunités économiques. Il a été jeté le jour de sa présentation officielle et le Conseil présidentiel des villes s’est rapidement démantelé. Cela nécessite une révision urgente.

De plus, la violence, le chaos et les pillages inacceptables ne peuvent être écartés sans entendre l’angoisse sociale. Une profonde réforme de la police est nécessaire, tout comme un engagement énergique contre la discrimination et les abus raciaux. L’établissement d’une agence d’inspection véritablement indépendante serait un bon point de départ. Mais les doctrines qui sous-tendent le maintien de l’ordre public doivent également changer pour favoriser la désescalade.

Enfin, bien qu’il se frotte au mythe d’une république daltonienne, il faut reconnaître qu’une grande partie de la population française a actuellement le sentiment que sa célèbre promesse n’est pas pour elle. C’est ce qui explique leur désir apparemment absurde de frapper ses institutions mêmes.

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