La Nouvelle-Calédonie frappée par une cyberattaque avant l’arrivée de Macron en territoire agité

Le président Emmanuel Macron s’est rendu mercredi en Nouvelle-Calédonie, territoire français du Pacifique, où neuf jours d’émeutes ont fait six morts, des centaines de blessés et incinéré des voitures, des magasins et des bâtiments publics.

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L’avion de Macron était en route depuis la France vers les îles en difficulté, une destination de vacances désormais parsemée de centaines de véhicules calcinés et marquée par des magasins, des entreprises et des écoles incendiés.

Les troubles les plus meurtriers depuis quatre décennies ont été imputés aux projets français visant à accorder le droit de vote à des milliers de résidents non autochtones, ce qui, selon les Kanaks autochtones, diluerait leurs votes.

Les autorités françaises ont déclaré que les violences, qui ont éclaté le 13 mai, se sont atténuées depuis que 1 050 soldats, policiers tactiques et renforts de sécurité nationale ont été déployés depuis Paris, y compris dans les zones « hautement sensibles ».

Néanmoins, deux écoles primaires et 300 voitures chez un concessionnaire ont été incendiées dans la nuit à Nouméa, la capitale du territoire, a indiqué la mairie à l’AFP.

La police a arrêté plus de 280 « émeutiers » lors des troubles qui ravagent le territoire français de 270 000 habitants, ont indiqué les autorités.

Les procureurs locaux affirment qu’environ 400 magasins et entreprises ont été endommagés.

Le bilan s’élève à six morts et des centaines de blessés.

Les touristes coincés fuient

Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a déclaré que les services de télécommunications avaient réussi à stopper une cyberattaque massive par courrier électronique « sans précédent » contre un fournisseur d’accès Internet du territoire, affirmant qu’elle avait été lancée peu de temps après l’annonce de la visite surprise de Macron.

Les touristes coincés ont commencé à fuir.

L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont envoyé mardi un premier lot d’avions militaires vers le petit aéroport national de Magenta, à Nouméa, rapatriant « une centaine de personnes », selon les autorités françaises de l’île.

« Quand nous avons atterri, c’était comme ‘Oh, Dieu merci, nous sommes là !' », a déclaré Mary Hatten, qui avait passé une semaine enfermée dans un hôtel de Nouméa, après avoir atterri à Brisbane.

D’autres vols seront organisés jusqu’à ce que l’aéroport international principal de La Tontouta rouvre aux vols commerciaux, ce que l’opérateur prévoit samedi matin.

La France organise mercredi un vol pour amener une centaine d’Australiens supplémentaires de Nouméa à Brisbane, a annoncé le gouvernement australien.

Macron envisage « d’écouter, de parler et de discuter avec les élus calédoniens » pour tenter de rétablir l’ordre, a déclaré à l’AFP un proche du président à Paris.

Il souhaite « apporter des réponses aux nombreuses questions légitimes que se posent les Calédoniens, tant du côté de la reconstruction que du côté politique », a indiqué le responsable.

Un Kanak qui tenait un barrage routier non officiel au nord de la capitale Nouméa a déclaré que Macron devait comprendre l’opposition des autochtones à la réforme du vote.

« Je ne sais pas pourquoi des gens qui ne vivent même pas ici discutent de notre sort », a déclaré l’homme de 52 ans, qui n’a donné que son prénom, Mike.

« Nous sommes le peuple du pays, pas vous ou les autres. Non, c’est nous », a-t-il déclaré à l’AFP.

La voix des Kanaks locaux « n’est pas écoutée, n’est pas entendue », a-t-il déclaré.

Barricades

Les forces de sécurité françaises ont supprimé plus de 90 barrages routiers, ont indiqué les autorités.

Mais les séparatistes kanak, certains masqués et brandissant des catapultes artisanales, maintiennent toujours des barrages routiers de fortune, notamment sur la route principale menant à l’aéroport international, ont constaté des correspondants de l’AFP.

Des habitants armés, d’origine française ou autre, ont érigé leurs propres barricades dans les quartiers.

De nombreux Kanaks, qui représentent environ 40 pour cent de la population, s’opposent au projet d’étendre le droit de vote à ceux qui vivent sur le territoire depuis au moins 10 ans.

Mais les représentants anti-indépendantistes veulent que ce texte soit adopté.

Un retrait « donnerait raison aux saboteurs, aux pilleurs et aux émeutiers », a déclaré Nicolas Metzdorf, député néo-calédonien du parti Renaissance de Macron.

Paris a pour l’instant retardé la prolongation de l’état d’urgence de 12 jours, ce qui a conduit à un couvre-feu nocturne, à des assignations à résidence des meneurs présumés et à l’interdiction de TikTok, de la vente d’alcool, du port d’armes et des rassemblements.

La Nouvelle-Calédonie est un territoire français depuis le milieu du XIXe siècle.

Mais près de deux siècles plus tard, les opinions sont divisées selon des critères ethniques quant à savoir si les îles devraient faire partie de la France, être autonomes ou indépendantes.

(AFP)

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