La maison de vente aux enchères parisienne Artcurial annonce sa meilleure année de ventes malgré la baisse du commerce de l’art des XXe et XXIe siècles
La maison de vente aux enchères Artcurial, dont le siège est à Paris, a enregistré des ventes pour 2022 de 216,5 millions dans toutes les catégories, le total le plus élevé de la maison depuis sa création en 2005. Ce chiffre est en hausse de 21 % par rapport à 2021, et représente également une augmentation de 6 % par rapport au précédent total record d’Artcurial de 203,1m, réalisé en 2019.
Sur le total de 2022, l’art des XXe et XXIe siècles (y compris les bandes dessinées et les estampes) représente une majorité de 31 %, soit 66,9 millions. Il s’agit du total le plus bas enregistré par l’art des 20e et 21e siècles (à la fois en termes de ventes et de part globale) ces dernières années. En 2021, la même catégorie représentait 48 % des ventes totales, et en 2019, elle représentait 46 %, soit 93,4 millions. Les deux catégories les plus élevées suivantes, représentant chacune 28 %, sont les automobiles et les « beaux-arts », ce dernier englobant les œuvres, les meubles et les livres d’avant le XXe siècle.
« C’est une année basse pour l’art des 20e et 21e siècles », explique Martin Guesnet, directeur Europe d’Artcurial, « mais c’est en partie à cause de la force d’autres domaines ». Il souligne que 2022 a été une très bonne année pour les travaux antérieurs au XIXe siècle, ce qui signifie que la catégorie « beaux-arts » a réalisé des performances considérablement meilleures que les années précédentes. Cela peut être attribué, en partie, à un certain nombre de lots à gagner, notamment celui de Chardin Le panier de fraises des bois(1761), qui a fait 24,3 millions (avec les frais), établissant un record pour l’artiste et devenant la peinture la plus chère à vendre cette année en France, ainsi que la troisième peinture la plus chère jamais vendue dans le pays.
Même en dehors d’Artcurial, les œuvres des catégories Maîtres anciens et pré-XIXe siècle ont fait la une des journaux, Christie’s ayant presque doublé le précédent record d’enchères de Michel-Ange en vendant une esquisse à l’encre redécouverte de l’artiste pour 23,2 millions (avec frais) en mai. En effet, cette année a été exceptionnelle non seulement pour Artcurial, mais pour le marché français des enchères dans son ensemble. Sotheby’s France et Christie’s France ont également enregistré leurs meilleures années. Sotheby’s a remporté 600 millions, tandis que Christie’s a gagné un peu plus de 500 millions de dollars et a vendu l’œuvre la plus chère aux enchères en France cette année, atteignant 26,7 millions pour le bronze de Giacometti. Femme qui marche (I) (vers 1955), Ces chiffres s’appuient sur une année record en 2021, qui a marqué la première fois que le total des ventes aux enchères en France a dépassé 1 milliard de dollars.
L’expansion du marché français et sa part croissante dans les ventes mondiales d’art dans le sillage du Brexit est un sujet de plus en plus brûlant, mais Guesnet affirme que ce succès tardait à venir. « Le Brexit est bien sûr un facteur. Les enchères européennes se portent bien non seulement en France, mais aussi en Allemagne et en Italie », dit-il. « Mais le succès que nous voyons maintenant à Paris, et en France plus généralement, est aussi le résultat de politiques faites il y a plus de deux décennies. » Il fait référence à la décision de la France en 2001 de déréglementer son marché des maisons de vente aux enchères, assouplissant les règles de concurrence et permettant ainsi à des firmes étrangères comme Christie’s et Sotheby’s de s’installer. « La compétition internationale a contribué à développer la scène artistique de cette ville et continuera de le faire dans les années à venir », a déclaré Guesnet.