La Juventus sous le choc après la catastrophe du procès de transfert
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Milan (AFP) La Juventus est dans une profonde tourmente après avoir été frappée par une déduction massive de points pour ce que la Fédération italienne de football a jugé être une supercherie de transfert de la part du plus grand club de football du pays.
Avec 15 points en Serie A, son directeur sportif Federico Cherubini suspendu 16 mois et faisant face à un éventuel procès pénal pour de prétendues infractions comptables, la saison de la Juve sera désormais dominée par les événements hors terrain.
Pourquoi la Juventus a-t-elle perdu des points ?
– La Juve a été reconnue coupable d’avoir géré les plus-values de transferts pour profiter artificiellement à son bilan.
C’est une accusation dont eux-mêmes et d’autres clubs, y compris les dirigeants de la Serie A, Napoli, ont été innocentés par le tribunal de la FIGC l’année dernière après qu’il a été jugé impossible de déterminer la valeur objective d’un footballeur.
Cependant, les procureurs de la fédération de football du pays (FIGC) ont convaincu le tribunal de l’instance dirigeante de rouvrir le procès sportif sur la base des preuves d’une enquête pénale distincte menée à Turin.
La FIGC ne publiera pas avant 10 jours le raisonnement du tribunal pour une déduction de points encore plus sévère que les neuf demandés par l’accusation.
Mais les médias italiens rapportent largement que les documents de l’enquête criminelle ont convaincu le tribunal qu’il y avait un recours systématique aux virements pour manipuler les comptes du club.
Plus de drames judiciaires se profilent
– La Juve fera appel de la décision de la FIGC devant le plus haut tribunal sportif du pays – le Comité olympique italien – qui, dans les deux prochains mois, maintiendra ou annulera les sanctions prononcées par la FIGC.
Le 27 mars, une audience préliminaire décidera si le club, qui est coté à la bourse italienne, et son ancien dirigeant feront face à des poursuites pénales pour diverses infractions comptables au cours des trois saisons entre 2018 et 2021.
Deux autres enquêtes de la FIGC sur l’activité financière de la Juve seraient à leurs débuts, dont l’une concerne leurs relations présumées avec d’autres clubs dans les gains en capital de jeu.
L’autre enquête concerne les allégations selon lesquelles la Juve aurait menti sur le fait que ses joueurs avaient renoncé au paiement de leur salaire pendant la pandémie de Covid-19, les procureurs pénaux affirmant que le club avait assuré en privé aux joueurs qu’ils ne manqueraient qu’une partie de ce qui avait été communiqué publiquement.
Les médias italiens rapportent que la Juve doit à Cristiano Ronaldo près de 20 millions d’euros dans le cadre de cet accord.
L’instance dirigeante du football européen, l’UEFA, enquête également pour savoir si la Juventus les a induits en erreur afin de résoudre les violations des règles du fair-play financier avec un « accord de règlement » en août de l’année dernière.
Tout change
– L’entraîneur Massimiliano Allegri a peut-être fait preuve de courage lors de la conférence de presse de samedi avant leur match contre l’Atalanta, mais son affirmation selon laquelle « rien ne change » sonne creux lorsque l’on regarde le tableau de la Serie A.
Avant la décision de vendredi, la Juve occupait la troisième place de l’élite italienne et jusqu’à la destruction de cinq buts du week-end dernier contre le leader Napoli, elle était considérée comme un prétendant potentiel au titre.
La pénalité de points n’est pas encore officiellement reflétée dans le tableau de la ligue, mais la Juve était, samedi soir, de facto à 28 points du rythme du Scudetto et à 12 des positions de la Ligue des champions.
La Juve pourrait se qualifier pour la meilleure compétition de clubs d’Europe via la Ligue Europa, mais risque également d’être exclue de la compétition européenne si l’UEFA déclare la Juve coupable dans son enquête.
Un avenir sombre ?
– Sans le football de la Ligue des champions, la Juve pourrait avoir du mal à garder des joueurs comme Adrien Rabiot et Angel Di Maria dont les contrats expirent cet été, et avec leur directeur sportif hors de combat, les renouvellements et les transferts seront d’autant plus difficiles à gérer.
Cependant la Juve peut compter sur le soutien de la colossale maison mère EXOR contrôlée par la puissante famille Agnelli, qui a déjà approuvé 700 millions d’euros d’augmentations de capital ces dernières années pour aider un club dont les derniers comptes étaient à près de 240 millions d’euros dans le rouge.
Un tout nouveau conseil d’administration a été nommé mercredi après que l’ancien président Andrea Agnelli – qui avait présidé à neuf victoires en titre de champion – et le reste de la direction précédente ont démissionné en novembre.
Le nouveau conseil d’administration est dirigé par Gianluca Ferrero, à qui le président d’EXOR, John Elkann, fait confiance et qui a été chargé d’aider à régler les comptes de la Juve tout en maintenant la compétitivité sur le terrain.
Le succès de Ferrero dépendra de la façon dont le club se comportera dans une myriade potentielle de batailles juridiques au cours des prochains mois mouvementés.
AFP 2023