La justice française confirme la condamnation de l’oncle d’Assad pour ses avoirs

Rifaat Al-Assad, 85 ans, avait fait un dernier pourvoi devant la Cour de cassation française après qu’un tribunal de première instance eut confirmé l’année dernière sa peine de quatre ans de prison pour complot en vue de blanchir des fonds publics syriens entre 1996 et 2016.

Rifaat Al-Assad, 85 ans, est le frère cadet du père de Bachar Al-Assad, Hafez [Frdric Soltan/Corbis/Getty-file photo]

La plus haute juridiction judiciaire française a confirmé mercredi la condamnation de Rifaat Al-Assad, oncle du président du régime syrien Bachar Al-Assad, dans une affaire de « biens mal acquis » portant sur un patrimoine estimé à 90 millions (89 millions de dollars).

Rifaat Al-Assad, 85 ans, est le frère cadet du père de Bashar et ancien dictateur syrien Hafez Al-Assad. Il a lui-même occupé le poste de vice-président mais a fui le pays en 1984 après un coup d’État manqué.

Il avait fait un dernier pourvoi devant la Cour de cassation française après qu’un tribunal inférieur eut confirmé l’année dernière sa peine de quatre ans de prison pour complot en vue de blanchir des fonds publics syriens entre 1996 et 2016.

Dans le même jugement, il a été reconnu coupable d’avoir dissimulé une fraude fiscale grave et d’avoir employé des domestiques au noir, les autorités ayant confisqué une multitude de ses biens.

Rifaat, qui n’a pas assisté aux audiences en raison de problèmes de santé, insiste sur le fait que son empire immobilier qui s’étend à travers l’Espagne, la France et la Grande-Bretagne découle de dons du prince héritier saoudien et plus tard du roi Abdallah, décédé en 2015.

L’affaire est la deuxième en France en vertu d’une loi adoptée l’année dernière ciblant les fortunes frauduleusement amassées par des dirigeants étrangers.

Teodorin Obiang, le fils aîné du président de Guinée équatoriale, a vu l’an dernier sa condamnation à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d’euros d’amende confirmée en appel.

Affaire de crimes de guerre

En Syrie, Rifaat Al-Assad était le chef des Brigades de défense d’élite, les forces de sécurité intérieure qui ont violemment réprimé un soulèvement islamiste de 1982 dans la ville de Hama.

Après s’être absenté pendant trois décennies après sa tentative avortée de prendre le pouvoir, les médias pro-régime ont rapporté qu’il était retourné en Syrie l’automne dernier.

En 1984, il s’enfuit d’abord en Suisse puis en France, où il reçoit la Légion d’honneur, la plus haute distinction du pays en 1986 pour « services rendus ».

Les enquêteurs français ont ouvert une enquête sur ses biens immobiliers en 2014 après des plaintes des organismes de surveillance Transparency International et Sherpa.

Ils ont saisi deux maisons de ville parisiennes, des dizaines d’appartements dans les quartiers chics de la capitale française et des espaces de bureaux.

Depuis lors, environ 80 de ses anciens employés vivant dans un domaine en dehors de Paris ont été pour la plupart sans eau ni électricité car personne ne payait les factures.

Aide aux populations

Alors que l’âge et la mauvaise santé de Rifaat signifient qu’il est peu probable qu’il purge une peine de prison en France, la décision de mercredi confirme la confiscation définitive des biens.

Cela pourrait faire de la Syrie l’un des premiers pays à bénéficier potentiellement d’un système de restitution des fonds récupérés en vertu de la loi sur les gains mal acquis.

« La confiscation est la première condition nécessaire pour pouvoir envisager la restitution des biens mal acquis », a déclaré le président de Transparency International France, Patrick Lefas, dans un communiqué saluant la décision de justice.

Mais il a ajouté qu’il serait vital d’acheminer les ressources vers les Syriens ordinaires plutôt que de simplement les rendre au régime d’Assad, ce qui, selon Transparency, pourrait être réalisé en utilisant une autre loi française adoptée l’année dernière.

« La restitution des biens mal acquis nécessite des garanties, sans lesquelles il serait naïf d’espérer les restituer aux populations de leurs pays d’origine », a déclaré Lefas.

Rifaat Al-Assad fait également l’objet d’un procès en Espagne concernant des soupçons beaucoup plus importants de gains mal acquis couvrant 500 propriétés, ainsi que d’une poursuite en Suisse pour crimes de guerre remontant aux années 1980.

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