La France vient d’abandonner les uniformes les plus ondulés des Jeux olympiques de 2024
Habiller l’équipe de France olympique est une entreprise colossale. 800 athlètes ont besoin de 120 articles chacun, y compris ceux participant aux Jeux Olympiques et Paralympiques, ainsi que le personnel de soutien des entraîneurs et autres soignants, ce qui se traduit par des milliers d’articles dans une multitude de catégories de vêtements et d’accessoires. . De plus, la grande majorité des produits doivent être fabriqués dans le pays. L’homme chargé de cette formidable tâche est Stéphane Ashpool, mieux connu pour être le designer derrière la célèbre marque de streetwear Pigalle. Et à quatre mois de la fin, Ashpool réfléchit toujours au projet.
Je suis plutôt dans la phase où rien n’est encore fait, a-t-il déclaré récemment, sur un Zoom depuis son atelier. Bien que les designs soient tous finalisés, dont certains sont révélés en exclusivité par GQ, il y a encore beaucoup d’activités pour préparer tous les uniformes pour la date officielle de début des jeux, fin juillet. Je suis toujours au milieu du jeu, ajoute-t-il, empruntant une tournure athlétique. Je sais que les gens vont le porter, et je pense qu’à mi-match, je pourrai respirer.
Ashpool n’est peut-être pas un nom connu, mais il était un choix évident pour ce concert. Enfant, sa mère était danseuse et il se souvient de toutes elle et de ses amis à la maison pendant qu’il grandissait. Plus tard, il a développé un profond amour pour le basket-ball américain. Son premier souvenir olympique est celui de l’Americas Dream Team des Jeux de Barcelone de 1992. Sa propre marque est profondément ancrée dans le sport : maillots, shorts de basket-ball, vestes universitaires et survêtements sont quelques-uns des articles emblématiques de Pigalle, bien qu’ils soient généralement fabriqués avec des tissus luxueux aux couleurs vives et remplis de détails inattendus. Sa plus grande carte de visite est peut-être le terrain de basket qu’il a peint dans le style color-block Mondrian en 2015 (il a récemment reçu un traitement dégradé dans des tons plus froids, mais conserve son punch). Aujourd’hui, il entretient des relations de travail avec le géant du sportswear Nike et la maison de luxe française Chanel.
Le parcours d’Ashpool aux Jeux de Paris a commencé en janvier 2021, lorsqu’il a reçu pour la première fois un appel de la société française de vêtements de sport Le Coq Sportif, qui fabriquait les uniformes français des Jeux olympiques d’hiver de 2022. Après un premier rendez-vous, les choses avancent rapidement, scellées par un appel à son avocat, le temps presse. Peu de temps après, il s’est rendu au siège du Coq Sportif à Romilly-sur-Seine, à environ une heure de la capitale. C’est là que j’ai vu des gens faire de l’artisanat mais liés au sport, dit-il, faisant référence aux usines où étaient fabriqués les uniformes de Pékin 2022 et ceux de cette année. C’était authentique et réel. Et donc j’ai commencé à me détendre.
C’est là également qu’il a rencontré une trentaine d’athlètes. Il a passé la journée avec eux, écoutant ce qu’ils attendaient des uniformes. Ils veulent avoir l’air lumineux, dit-il, ils veulent avoir l’air moderne, ils veulent avoir l’air pop, mais ils veulent avoir l’air français et avoir un élément d’héritage.
Et la seule chose qu’ils ont tous dit, c’est ceci, a-t-il ajouté. C’est ainsi que se déroule le chemin vers les Jeux olympiques, dit-il en faisant un geste ondulant de la main. Il l’explique ainsi : ce que l’on voit à la télévision aux Jeux ne dure que quelques secondes, mais c’est l’aboutissement d’années de hauts et de bas pour les athlètes. Il a voulu transmettre avec subtilité ce voyage sinueux, celui de la joie et du chagrin, qui manque aux spectateurs en regardant la poussée finale. Ainsi, certains équipements comportent des fils courbés, a-t-il déclaré, soulignant les rayures ondulantes qui courent sur un pantalon de survêtement ou sur le dos d’une veste.
Les itérations passées comprenaient des ensembles monochromes ou décorés de couleurs abstraites, conçus par Lacoste ou Nike (2022 était la première fois que Le Coq Sportif habillait l’équipe en 50 ans). Au début, Ashpool a joué avec des variations sur le motif tricolore des drapeaux français, s’accordant une période d’incubation d’expérimentation. Il teste les couleurs dans diverses matières : plumes, broderies, teinture, impression sur soie. Je me suis vraiment libéré, dit-il. Ces essais ont finalement conduit à l’itération qui se retrouve dans toute la collection : un champ de couleurs dégradé bleu-blanc-rouge qui a été appliqué à tout, des maillots de vélo aux combinaisons de gymnastique et aux slips de bain. Les athlètes s’ennuyaient du blanc pur, c’était trop évidemment sportif, dit-il, alors au lieu du blanc éclatant d’autrefois, il a opté pour un ton de blanc plus chaud. Mais le meilleur de tout, c’est que Le Coq Sportif s’est consacré à produire au niveau national dans le cadre d’un plan de redressement plus large de l’entreprise. La grande majorité de la collection a été fabriquée en France, ce dont il est particulièrement fier.