La France soutient la réforme du Conseil de sécurité initiée par le Sommet du Futur
Distingués coprésidents,
Au nom de ma délégation, je tiens avant tout à vous remercier pour la tenue de cette séance et pour le projet de texte qui, nous l’espérons, permettra au processus intergouvernemental de réforme du Conseil de sécurité d’apporter une contribution ambitieuse et opérationnelle au Pacte pour l’avenir. Comme le souhaite la majorité des États membres, nous avons besoin d’une réforme du Conseil de sécurité. Cela doit être l’une des priorités du prochain Sommet du Futur. Le soutien de la France à cette réforme est clair, cohérent et historique. La réforme est possible, comme nous l’avons déjà dit.
La réforme du Conseil de sécurité doit s’appuyer sur un projet de résolution qui identifie nos nombreux points de convergence, sans nous limiter à la recherche d’un consensus, ce qui est irréalisable mais n’est pas non plus requis par la Charte. Nous l’avons fait lors de la réforme de 1963, nous pouvons le refaire. Il serait utile de rappeler la disposition spécifique de la Charte dans le document des co-facilitateurs, et d’indiquer que nous devons travailler sur une résolution (« comme paramètres d’une résolution sur la réforme »).
Comme nous et vous l’avez indiqué, le Conseil de sécurité doit être élargi pour refléter les réalités du monde d’aujourd’hui et renforcer sa légitimité. Cette réforme doit être menée en préservant la capacité décisionnelle des Conseils, pierre angulaire de notre architecture collective.
Comme nous l’avons souvent répété, nous sommes favorables à un Conseil de sécurité élargi tant dans ses catégories permanentes que non permanentes, avec environ 25 membres pour préserver sa capacité de décision ; une présence africaine plus forte, y compris parmi les membres permanents, est une priorité. La France soutient les aspirations des pays du G4. Ce texte doit préciser l’élargissement à deux catégories de membres, une position partagée par une large majorité d’Etats membres.
Nous saluons le libellé visant à améliorer les méthodes de travail du Conseil. Le Conseil exerce ses compétences dans ce domaine, en adoptant un certain nombre de nouvelles pratiques qui soulignent l’engagement des membres du Conseil, et de la France en particulier, en faveur de plus de transparence, d’ouverture et d’efficacité.
Enfin, la France salue la référence dans le projet de texte à la limitation du recours au veto. Là encore, une grande majorité d’États membres des Nations Unies sont favorables à une limitation du recours au veto en cas d’atrocités de masse. La France a porté cette initiative avec le Mexique et c’est une chose que je salue car elle a été identifiée comme un axe de convergence par l’IGN. Aujourd’hui, cette initiative est déjà soutenue par 106 États. Nous encourageons tous les États membres qui ne l’ont pas encore fait, notamment les membres permanents, à le soutenir. Je tiens à rappeler que cette initiative est distincte d’une réforme, puisqu’elle ne nécessite pas non plus de modification de la Charte.
Coprésidents,
Vous pouvez compter sur le soutien total de la France. Le Sommet du Futur de cette année et le 80e anniversaire des Nations Unies en 2025 nous offrent une occasion unique et historique de faire avancer cette réforme. Il est de notre responsabilité d’y parvenir.
Merci.
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Coprésidents,
Merci d’avoir organisé ce premier débat sur le projet de texte qui constituera la contribution du processus intergouvernemental sur la réforme du Conseil de sécurité au Pacte pour l’avenir.
Nous apprécions particulièrement la manière dont vous avez établi la confiance entre les délégations en fournissant un texte concis et bien adapté aux objectifs d’un document de haut niveau.
Nous souhaitons formuler les commentaires suivants sur le projet d’action 2, qui concerne les efforts déployés dans le contexte des négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité :
La décision des coprésidents de diffuser sur le Web la partie des réunions contenant des déclarations afin de permettre une plus grande inclusion et transparence doit être saluée.
Une réforme est possible, mais elle doit reposer sur un texte unique et négocié. Seul un texte permettra aux négociations de faire de réels progrès. Pour cela, nous pouvons nous appuyer sur le document révisé et diffusé à la fin de la dernière session, qui reflète les éléments de convergence sur lesquels nous devons capitaliser. En outre, la présentation de cinq modèles différents lors de la dernière session du processus intergouvernemental a insufflé un nouveau souffle aux discussions sur la réforme du Conseil de sécurité. Il est nécessaire de poursuivre sur cette lancée et d’aller de l’avant. Je réitère ma suggestion d’inclure la date symbolique de 2025 dans le texte, et également d’évoquer la perspective d’une résolution à soumettre à l’AGNU.
À l’heure où la communauté internationale est confrontée à de nombreux conflits, nous devons consolider notre système de sécurité collective.
La réforme du Conseil de sécurité est plus que jamais indispensable pour renforcer son autorité et sa représentativité, tout en préservant son caractère exécutif et décisionnel.
Merci.
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Coprésidents,
L’action 3 concerne le renforcement de la réponse des Nations Unies au maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Comment pourrions-nous aborder la réforme du Conseil de sécurité sans examiner en profondeur l’essentiel de son mandat ? La situation est critique : le nombre de pays en proie à des conflits violents n’a jamais été aussi élevé au cours des 30 dernières années. La réforme du Conseil de sécurité doit donc garantir qu’il reste mobilisé et efficace à long terme.
La réforme du Conseil est également essentielle pour relever les nouveaux défis mondiaux qui menacent la sécurité des États et des populations. Aujourd’hui, les pandémies et les crises environnementales peuvent déstabiliser et compromettre la paix et la sécurité internationales. Ces défis appellent une action collective et coordonnée, qui doit guider nos décisions à tout moment.
Quant aux détails de l’action 3, nous souhaitons souligner les points suivants :
Premièrement, nous soutenons la logique d’une amélioration progressive des méthodes de travail du Conseil de sécurité et du renforcement de l’Assemblée générale, tout en respectant leurs propres compétences telles que définies par la Charte des Nations Unies. La France a voté et soutient sans réserve la récente résolution de l’Assemblée générale sur le veto, qui démontre la capacité collective d’adaptation du système des Nations Unies et dément l’image de paralysie de l’ONU.
Deuxièmement, sur la question de l’usage du veto, beaucoup a été fait et là encore il faut aller de l’avant : depuis 2015, la France mène conjointement avec le Mexique une initiative pour encadrer le droit de veto, qui prévoit un droit de veto volontaire et collectif. suspension du recours au veto en cas d’atrocités de masse. Je salue cette initiative, déjà soutenue par 106 Etats, qui fait désormais partie des éléments de convergence identifiés dans le cadre de l’IGN. Nous réitérons notre invitation à tous les États, et en particulier aux membres permanents du Conseil de sécurité, à se joindre à cette initiative, ce qui peut se faire par une simple note verbale.
Troisièmement, le dialogue et la collaboration doivent rester au cœur du système des Nations Unies. A cette fin, la France soutient le renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, ainsi qu’avec ses organes subsidiaires, dont la Commission de consolidation de la paix. Nous devons renforcer la complémentarité de ces organismes afin que notre action visant à maintenir la paix et la sécurité internationales soit plus efficace et plus cohérente.
Coprésidents,
La France soutient pleinement la réforme engagée dans le cadre du Sommet du Futur. L’échéance de septembre 2024 représente une opportunité unique, que les Nations Unies doivent saisir pleinement. Soyez assurés que nous lui apporterons tout notre soutien.
Merci.