La France serre la vis en Nouvelle-Calédonie
Les partis néo-calédoniens se réunissent à Paris cette semaine pour des pourparlers dont la France espère qu’ils permettront de sortir de l’impasse sur l’avenir des territoires. Après un référendum contesté sur l’indépendance en 2021, la France accroît désormais la pression sur les partis indépendantistes pour institutionnaliser la Nouvelle-Calédonie au sein de la France.
La France a organisé le troisième et soi-disant dernier référendum sur l’indépendance tenu en décembre 2021 dans le cadre de l’accord de Nouma de 1998 d’une manière sans doute partielle avec la France. Ce référendum a été fatalement sapé par un boycott kanak favorable à l’indépendance. La France avait rejeté les demandes kanak de report du vote (ce qu’elle aurait pu légalement faire) en raison de l’effet gênant des rites de deuil traditionnels lorsque la communauté a subi des mortalités élevées après que la souche Delta du virus Covid-19 a frappé le territoire à partir de septembre 2021.
Les deux premiers référendums avaient donné un résultat pro-France étroit, avec une importante et croissante minorité indépendantiste basée sur les Kanaks, 43,3% en faveur de l’indépendance en 2018 et 46,7% en 2020. En revanche, le vote boycotté de décembre 2021 n’a abouti qu’à 3,5 % favorable à l’indépendance, avec une faible participation (44% contre 81% et 86% en 2018 et 2020).
La France a d’abord reconnu que le troisième vote pro-France avait impliqué une abstention massive. Mais à la mi-2022, le président français Emmanuel Macron réclamait simplement trois voix à la majorité pour rester français. Les partis loyalistes ont triomphé dès le lendemain du vote de 2021, cherchant des pourparlers précoces pour ancrer plus fermement le territoire en France. Les partis indépendantistes ont catégoriquement rejeté le résultat, appelé à un autre vote plus équitable, refusé de participer aux discussions trilatérales avec les loyalistes et la France, et ont porté leurs problèmes devant les Nations Unies.
Le Forum des îles du Pacifique et les observateurs de l’ONU ont exprimé une inquiétude prudente. La résolution annuelle de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la Nouvelle-Calédonie cette année a noté les défis soulevés par le troisième référendum et a appelé au dialogue pour progresser pacifiquement vers un acte d’autodétermination.
Macron a depuis serré la vis. La France a procédé à des pourparlers à sens unique avec les seuls loyalistes, après que la coalition indépendantiste ait maintenu son opposition aux pourparlers trilatéraux. Macron a encore suscité la colère des indépendantistes en nommant la dirigeante loyaliste Sonia Backs au poste de ministre nationale, la première nomination calédonienne de l’histoire, lui donnant le portefeuille de la citoyenneté, un concept controversé pour les Kanaks.
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NC La 1re (@ncla1ere) 10 avril 2023
Le ministre français de l’Intérieur, Grad Darmanin, tout en affirmant qu’un autre vote d’autodétermination n’était pas incompatible avec la constitution française, a élaboré un calendrier pour les pourparlers, faisant pression sur les partis pour qu’ils s’entendent au moins sur un mini-paquet de questions avant les élections provinciales de mai 2024. Mais ces assemblées ont été créées par des accords qui ont maintenant expiré et qui stipulaient l’éligibilité restreinte des électeurs aux élections de l’assemblée, limitée à ceux qui résidaient depuis dix ans jusqu’en 1998.
Le maintien d’électorats restreints pour les élections locales et les référendums est une question de citoyenneté fondamentale pour les Kanaks, une condition préalable à la signature de l’Accord lui-même après des décennies de politique française encourageant spécifiquement l’immigration française à les dépasser. Les partis loyalistes sont favorables à la levée des électorats restreints.
Darmanin a menacé que si les partis ne pouvaient pas s’entendre sur un électorat restreint pour les élections provinciales de 2024, alors la France permettrait à tous les résidents de voter. Des sources officielles affirment en privé que le gouvernement Macron a soumis la question de la suppression des électorats restreints à Frances Conseil d’État, mais l’a retirée lorsque certains juristes ont mis en doute sa légalité.
La France exerce également une pression économique. Présidant une réunion sur les précieuses ressources de nickel du territoire, Darmanin a déclaré que le soutien massif du gouvernement français aux trois grandes usines de nickel ne pouvait pas continuer indéfiniment et nécessitait une approche unifiée des parties locales.
Avec la ministre des Affaires étrangères Penny Wong plaçant les perspectives des Premières Nations au cœur de la politique étrangère australienne et les dirigeants régionaux soutenant la cause kanak, l’Australie aura du mal à garder le silence.
Ce mois-ci, après que le gouvernement local dirigé par les Kanaks a adopté le budget 2023 sans préciser l’aide gouvernementale française, et à la veille des pourparlers de Paris, le haut représentant français en Nouvelle-Calédonie, qui fait rarement des déclarations publiques, a publiquement exposé toute l’étendue de la politique française. largesses du gouvernement au territoire (environ 2,7 milliards de dollars australiens par an, 20 % du PIB, dont 700 millions de dollars australiens pour la seule éducation). Le message de coopération en échange d’un soutien économique était clair.
Par coïncidence, le seul journal à l’échelle du territoire, propriété française Les Nouvelles Calédoniennesfermée le 16 mars après 52 ans, que le président indépendantiste du Congrès Roch Wamytan a qualifié de sape la démocratie.
La France pourrait bien faire pression, mais les dirigeants kanak disent que le temps est de leur côté. Ils représentent au moins 42 % de la population, alors que les Européens, 29 %, partent. Annonçant leur participation aux pourparlers de cette semaine (mais uniquement lors de réunions bilatérales avec la France), ils ont déclaré que leur objectif restait la pleine souveraineté, qu’ils ne négocieraient pas et que toute modification de l’électorat restreint porterait atteinte à la paix sociale. Un dirigeant a fait référence à un nouveau traité pour passer à un État pleinement souverain.
Le gouvernement Macron est sous le feu de la droite dure à l’échelle nationale, ce qui laisse peu de place au compromis sur une future Nouvelle-Calédonie au sein de la France. Les dirigeants kanak signalent qu’ils ne sont pas enclins à se conformer facilement.
De son côté, le gouvernement albanais n’a fait aucun commentaire sur la Nouvelle-Calédonie. Avec la ministre des Affaires étrangères Penny Wong plaçant les perspectives des Premières nations au cœur de la politique étrangère australienne et les dirigeants régionaux soutenant la cause kanak, l’Australie aura du mal à garder le silence si la France devait démontrer à nouveau qu’elle n’écoute pas les Néo-Calédoniens indigènes.