La France risque de sombrer dans l’anarchie

La France a connu sa pire nuit d’émeutes jeudi alors que la violence se poursuivait à travers le pays. Pour la troisième soirée consécutive, les jeunes se sont déchaînés dans la plupart des grandes villes, malgré la présence de 40 000 policiers. Des magasins ont été pillés, des mairies attaquées, des postes de police incendiés et des véhicules ont été détournés dans des scènes extraordinaires de guerre urbaine.

La police s’est battue contre la foule et a procédé à 421 arrestations, dont plus de la moitié dans la capitale. L’épicentre de l’anarchie se trouvait à Nanterre, dans l’ouest de la ville, où, mardi matin, Nahel, 17 ans, a été abattu par la police alors qu’il s’éloignait à toute vitesse d’un contrôle routier.

L’officier qui a tiré le coup fatal a été inculpé d’homicide volontaire et placé en garde à vue. Le parquet considère que les conditions légales d’usage de l’arme ne sont pas réunies, a indiqué le parquet de Nanterre lors d’une conférence de presse.

Certaines parties de la France sont désormais un endroit dangereux pour la police

La nouvelle n’a pas apaisé l’humeur des milliers de personnes qui ont assisté à une marche à la mémoire de Nahel jeudi après-midi. Certains réclamaient justice et d’autres griffonnaient le mot vengeance sur les murs ; avant la fin de la marche, des voitures étaient en feu et des pierres étaient lancées sur la police.

Certaines parties de la France sont désormais un endroit dangereux pour la police et aussi pour les journalistes. Des journalistes de France 2, la chaîne publique, ont été menacés lors de la marche de jeudi après-midi ; et le soir, deux journalistes de Le Figaro ont été attaqués lors d’incidents distincts ; l’un d’eux, à Nanterre, a dû être hospitalisé après avoir été battu et volé.

Selon Le Figaro, un policier a décrit la situation en France comme un climat d’insurrection. C’est aussi ainsi que le voient de nombreux politiques de droite, et il y avait eu jeudi des revendications du Rassemblement national Marine Le Pens, des Républicains de centre-droit et d’Eric Zemmours Reconquête pour la déclaration de l’état d’urgence. De leur propre initiative, les maires de plusieurs banlieues parisiennes ont imposé jeudi soir un couvre-feu, qui restera en place jusqu’à lundi.

Les violences n’auraient pas pu éclater à un pire moment pour les autorités : au plus fort de l’été en pleine canicule, et avec les vacances scolaires sur le point de commencer. Partout en France, il y a plusieurs milliers de jeunes avec du temps libre et de la colère dans le cœur ; les jours suivants pourraient voir l’insurrection s’intensifier.

La France a désespérément besoin d’un leadership fort, mais il n’est fourni ni par le président Macron ni par sa première ministre, Elisabeth Borne. Tous deux ont provoqué la colère de la police avec des remarques qui semblaient préjuger des actions de l’officier qui a tiré le coup de feu mortel ; maintenant, une photographie a émergé montrant Macron et sa femme, Brigitte, s’amusant lors d’un concert d’Elton John à Paris mercredi soir alors que la capitale brûlait.

A quoi pensait Macron ? Ni lui ni ses conseillers n’ont-ils envisagé l’optique d’une telle soirée ? Évidemment non, mais la photographie est devenue virale sur les réseaux sociaux et a attisé la colère à gauche et à droite.

On pourrait dire que Macron risque de perdre le contrôle de son pays, mais l’amère vérité est qu’il n’a jamais été en contrôle. Depuis son élection à la présidence en mai 2017, la France a vacillé de crise en crise : le soulèvement des Gilets jaunes en 2018, la première vague de contestation de la réforme des retraites en 2019, sa gestion draconienne du Covid puis la colère qui a éclaté dans les rues ce printemps après que son gouvernement ait imposé son impopulaire projet de loi sur la retraite.

Le problème de Macron, c’est qu’il est un technocrate de la tête aux pieds. Il est doué pour les détails mais pas pour les gens ; il est très intelligent mais il manque d’empathie ; il est articulé mais incapable de s’engager avec les masses. Il est l’opposé polaire du président ukrainien Volodymyr Zelenskyy.

Un mois seulement sépare les deux leaders en âge, mais en arrière-plan le gouffre est immense. Contrairement à Macron, qui a été formé dès son plus jeune âge dans les institutions d’élite de son pays, Zelenskyy a vécu pendant des années dans le monde réel, gagnant sa vie en tant que comédien et acteur avant d’entrer en politique en 2018.

La France risque de sombrer dans lanarchie

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Lorsque la Russie a envahi l’Ukraine en février 2022, Zelenskyy est rapidement devenu un leader charismatique et inspirant. L’universitaire américain Michael Useem, professeur de gestion à l’Université de Pennsylvanie, a expliqué dans une interview que Zelensky a une présence de leadership.

Il n’est pas seulement là pour apparaître, il n’est pas seulement là pour montrer le drapeau. Il est là pour plaider la cause. C’est le moment d’avancer et de ne pas reculer, et Zelenskyy l’a démontré à la pelle, a déclaré Useem.

Emmanuel Macron n’a pas ce don. Il n’inspire pas les siens, il les fâche, et cette rage est maintenant partout en France.

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