La France pousse les géants de l’industrie à réduire leur empreinte carbone
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Alors que s’ouvre ce week-end en Egypte le sommet de la Cop27 sur le climat, le président français Emmanuel Macron a convié les grandes entreprises françaises à un rendez-vous pour les inciter à accélérer la réduction de leur empreinte carbone. Cela survient alors que Greenpeace accuse la société pétrolière et gazière française TotalEnergies de sous-déclarer grossièrement ses propres émissions.
Macron a invité des représentants d’environ 50 des entreprises industrielles françaises les plus importantes et les plus polluantes à une réunion au palais de l’Elysée la semaine prochaine pour discuter de la réduction de leurs émissions, tout en les encourageant à maintenir leurs opérations en France.
Selon la radio France Info, Macron entend rassurer des entreprises comme TotalEnergies, Lafarge et Saint Gobain que l’État les soutiendra face à la hausse des coûts de l’énergie, tout en les incitant à développer rapidement des énergies plus vertes, comme l’hydrogène vert.
L’objectif est d’inciter ces entreprises à poursuivre leurs activités en France plutôt que de partir vers d’autres pays moins réglementés en matière d’environnement.
Émissions « sous-déclarées »
Pendant ce temps, Greenpeace France a déclaré mercredi que TotalEnergies, l’un des plus grands producteurs mondiaux de pétrole et de gaz, avait considérablement sous-déclaré ses émissions de carbone en 2019.
Le militant écologiste a déclaré qu’en utilisant des données de production et d’échange accessibles au public, il a constaté que les émissions de carbone de TotalEnergies en 2019 étaient près de quatre fois plus élevées qu’il ne l’avait déclaré.
Greenpeace France a déclaré que les activités principales de TotalEnergies avaient généré environ 1,64 milliard de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone en 2019, tandis que la société a déclaré 455 millions de tonnes dans son propre bilan carbone.
« S’il est impossible de savoir quels volumes TotalEnergies minimise ou exclut de son reporting, il est clair que le groupe sous-déclare massivement le scope 3 », a déclaré Greenpeace France, faisant référence aux émissions indirectes tout au long de la chaîne de valeur.
TotalEnergies a contesté les chiffres de Greenpeace, qualifiant sa méthodologie de « douteuse ».
« Greenpeace fait des calculs qui ne tiennent pas compte de l’intégration de TotalEnergies tout au long de la chaîne de valeur du pétrole et du gaz », a déclaré la société dans un communiqué.
Le groupe de campagne « compte donc plusieurs fois les émissions liées à la combustion des produits sur chaque chaîne de valeur ».
Accusations de greenwashing
TotalEnergies a tenté de se renommer en se diversifiant dans les énergies renouvelables et en mettant l’accent sur l’abandon des activités centrées sur le carbone, ce qui a conduit à des accusations de greenwashing de la part de Greenpeace et d’autres.
TotalEnergies s’est engagé à atteindre zéro émission nette de carbone d’ici 2050, ce qui, selon François Chartier, militant pétrolier de Greenpeace France, est carrément irréaliste au vu des nouvelles estimations.
Les militants du climat et certains investisseurs ont critiqué l’entreprise pour avoir continué à investir dans des projets pétroliers et gaziers, comme son projet d’oléoduc de pétrole brut d’Afrique de l’Est et son projet de gaz naturel liquéfié au Mozambique.
Greenpeace France a porté plainte auprès d’un tribunal français accusant TotalEnergies de publicité mensongère en affirmant ses ambitions climatiques tout en investissant dans de nouveaux projets d’énergies fossiles.
Il a déclaré avoir signalé ses conclusions sur ses émissions de carbone à l’Autorité des marchés financiers français.
(avec fils)