La France, portrait d’une nation en déni dans notre monde en déni

-Analyse-

PARIS En France, le déni de réalité semble être le seul point commun à toutes nos personnalités publiques : le président (qui a raison de dire que c’est son rôle de proposer des mesures impopulaires) refuse de voir d’autres solutions que la sienne étaient possibles et que les institutions ne suffiront pas à long terme à légitimer ses décisions solitaires.

Les groupes d’opposition parlementaire refusent de voir qu’ils ne constituent pas une majorité politique, puisqu’ils seraient incapables de gouverner ensemble et qu’ils n’ont en commun, pour trop d’entre eux, de part et d’autre de l’échiquier politique, gauche et droite, que la haine de l’argent, la méfiance du succès et le mépris de l’excellence.

Ce qui conduit le pays, dans son ensemble, à refuser de constater que la situation économique actuelle en France s’améliore effectivement : Le chômage est au plus bas, au point que ce seront bientôt les salariés qui prendront la loi entre leurs propres mains et exigent des emplois significatifs et des salaires beaucoup plus élevés.

Mais le même déni conduit aussi le pays, au contraire, à refuser d’accorder de l’importance à sa situation budgétaire désastreuse (une dette publique au plus haut historique de 115% du PIB) ; à ses retraites mal financées ; à la position déclinante de son industrie (elle représente désormais une part plus faible de son PIB par rapport à l’Espagne ou l’Italie) ; à une situation financière plus catastrophique que jamais (avec des déficits du commerce extérieur et des paiements devenus structurels).

On en est arrivé au point que sans la protection de l’euro, la France serait dans la même situation que l’Argentine, comme on pourrait bientôt le voir avec la dégradation de sa note de crédit.

Montée des dictatures

L’Europe nie également la prise de contrôle militaire de l’Allemagne par les États-Unis (l’Allemagne achète toutes ses armes aux États-Unis, tout en refusant de faire des progrès sérieux vers la création d’un système de défense européen) et l’Europe de l’Est (qui accueille des troupes américaines sur son sol, sans même respecter les exigences des traités existants).

Le monde démocratique est également dans un sérieux déni.

Il y a aussi le déni de la mainmise économique de la Chine, dont les produits bon marché sont de plus en plus imposés aux consommateurs européens soucieux avant tout de leur pouvoir d’achat.

Le monde démocratique est aussi dans le déni sérieux de la montée des dictatures et de leurs alliances triomphalistes (la récente visite de Xi Jinping à Vladimir Poutine à Moscou en a donné au monde une image somptueuse) et des tentations autoritaires à l’intérieur de ses propres frontières ; non seulement en Hongrie, mais aussi en Pologne, en Italie et aux États-Unis.

Une bombe écologique à retardement

Enfin, la planète entière est dans le déni des dangers écologiques : Presque personne ne veut écouter quand on nous dit à nouveau que nous ne sommes pas dans les temps pour la hausse de température de 1,5°C, et qu’il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de la planète de moitié en sept ans.

On nie que notre tendance actuelle conduira à une augmentation de 4 C dans quelques décennies, ce qui anéantirait la vie sur au moins la moitié de la planète. Cela ne concerne pas seulement la moitié de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique. Mais aussi la moitié des États-Unis et de l’Europe.

Ces dénis de réalité s’expliquent assez facilement, tous, par les mêmes raisons : trop de gens préfèrent une explication du monde qui ne leur demande aucun effort ; ou du moins cela les amène à penser qu’il ne sert à rien de faire des efforts, car ils ne peuvent pas avoir d’impact sur leur avenir.

Ainsi, les Français pensent qu’ils ne peuvent rien faire pour réduire leur dette extérieure, les Européens se résignent à être soumis militairement aux Américains et économiquement soumis aux Chinois, et les humains pensent que la maîtrise du climat est hors de leur portée.

Une réalité que nous ne voulons pas voir

Alors, nous confions aux puissants dirigeants du moment la tâche de gérer cette réalité qu’on ne veut pas voir ce qu’ils font avec plaisir, dans leur intérêt immédiat, sans se soucier des générations futures, de peur d’être accusés par leur peuple de leur demander de faire des efforts.

Nier la réalité est le meilleur moyen d’y arriver.

En agissant ainsi, la dette française augmentera, l’Europe s’effondrera, les droits de l’homme déclineront, le climat de la planète implosera. Jusqu’à ce que la hausse des taux d’intérêt rende la France insolvable, que l’euro soit remis en cause, que la démocratie cède la place à une dictature aux États-Unis ou dans un grand pays européen, et que des centaines de millions de personnes migrent pour échapper au dérèglement climatique.

Nier la réalité est le meilleur moyen de faire en sorte que le pire arrive. Il n’y a rien de plus urgent que de relever les défis. Et d’agir.

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