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La France mise en garde après que les maîtres irlandais ont révélé des problèmes plus profonds

Fabien Galthie n’a pas voulu en parler. L’entraîneur de la France s’était précipité dans la salle de conférence de presse du Stade Vélodrome, ses yeux évasifs vacillant sous ses lunettes familières à monture épaisse alors que Galthie se préparait aux questions qu’il savait devoir venir.

Ce n’est pas le moment de réfléchir, a souligné Galthie après la plus lourde défaite de son mandat, une raclée 38-17 contre l’Irlande pour le coup d’envoi des Six Nations. Il y a trop de déception pour être lucide dans l’analyse. Il y a trop de choses à revoir, à partager.

Vendredi soir, la France a été mauvaise, avant même l’expulsion de Paul Willemses. Le poids de l’occasion et le punch du public marseillais semblaient énerver plutôt que dynamiser l’équipe locale, le chaudron bouillonnant mais ne bouillant jamais, les Bleus ne fournissant jamais assez de chaleur.

Là où l’Irlande était intelligente et sûre d’elle, la France frappait mal et défendait lâchement ; plusieurs acteurs clés, peut-être le plus frappant Jonathan Danty et Gael Fickou, semblaient loin d’être pointus. L’alignement français a capitulé et a eu du mal à s’adapter à la panne, permettant à l’Irlande de bénéficier du ballon vif sur lequel elle prospère. Les deux entraîneurs ont minimisé l’idée selon laquelle cela représentait un semblant de rédemption en Coupe du Monde, mais là où l’Irlande semblait canaliser efficacement la blessure, les trébuchements de Frances suggéraient des maux de tête persistants.

La tentation est de réagir de manière excessive. Il n’a pas fallu longtemps pour que la presse française suggère qu’il s’agissait d’un spectacle qui rappelait les jours sombres précédant l’arrivée de Galthiès, remplis de moments de folie qui sont devenus typiques de toute une époque du rugby français. Pourtant, ce n’est que le premier match d’un long championnat, et une rencontre entre les deux équipes les plus complètes d’Europe. L’Irlande, il convient de le rappeler, est une équipe phénoménale qui a joué une grande partie du match en homme du bien.

Nous nous sommes préparés ces quinze derniers jours avec précision et intensité, en imaginant notre scénario, a ensuite proposé Galthie. Mais ce scénario fait partie de ce sport. L’Irlande a joué le match, nous avons joué à 14.

Le scénario ne nous permettait pas d’aller où nous voulions. La performance offensive n’était pas au rendez-vous. Nous nous étions préparés à augmenter la vitesse pour dominer les collisions et augmenter l’intensité. L’Irlande est maître en la matière, et jouer à 14 ne nous a pas aidé non plus. Nous devons élever notre niveau de jeu.

Paul Willemse, de France, réagit après avoir reçu un carton rouge de l’arbitre Karl Dickson

(Getty Images)

Il serait cependant insensé de rejeter entièrement le résultat comme une sorte d’aberration. Cette défaite fait suite à une Coupe du monde qui n’a pas répondu aux attentes, même si les marges sont minces lors de la défaite en quart de finale de l’Afrique du Sud. Galthie a peut-être eu la chance de ne pas avoir fait l’objet d’un examen plus minutieux, une grande partie du public français choisissant de mettre des épingles dans leurs poupées vaudou Ben OKeeffe plutôt que de rechercher des facteurs limitants au-delà de l’arbitre.

Cela ne signifie pas pour autant que la position de l’entraîneur-chef est entièrement assurée. La Coupe du Monde à domicile a été le point culminant de quatre années d’une collaboration sans précédent de la part de tous les acteurs du rugby français, les clubs du Top 14 s’unissant derrière l’équipe nationale pour poursuivre un objectif commun. Galthie a eu un accès extraordinaire à un grand groupe de joueurs à chaque campagne, ce qui lui a permis de renforcer la cohésion. Ce n’est plus le cas, alors que l’équipe a également dû subir un calendrier de club rigoureux depuis son retour de la Coupe du monde.

Cela explique peut-être pourquoi la connexion française a fait défaut à Marseille vendredi soir. La théorie était que la France était bien placée pour continuer à pratiquer le camionnage au cours des quatre prochaines années, n’ayant perdu que quelques chiffres après la Coupe du monde. L’absence d’Antoine Dupont est significative. Remplacer la meilleure moitié de mêlée que le jeu ait jamais connue est impossible mais ce n’est pas une équipe française en transition. Le manque de leadership apparent sur le terrain était frappant pour une équipe qui n’était plus en phase de développement.

Frances loosehead prop Cyril Baille, lock Cameron Woki, scrum-half Nolann Le Garrec and wing Louis Bielle-Biarrey

(AFP via Getty Images)

Ce qui laisse la France dans une situation intéressante. Galthie a été critiqué pour ne pas avoir fait plus d’activité médiatique au lendemain de la Coupe du monde, mais des commentaires frappants ont été tenus par son nouveau patron Florian Grill, élu président de la fédération française de rugby (FFR) en juin dernier. L’idée était que la France était en bonne forme financière, aidée par un tournoi à domicile et par le poids lourd économique qu’est le Top 14.

Ce n’est pas le cas, a expliqué Grill à L’Équipe en décembre, révélant un déficit d’exploitation d’environ 40 millions (34 millions) sur les deux dernières années. Le chiffre pour 2023/24 pourrait atteindre 24 m (20,5 m), la situation ayant été exacerbée par l’indisponibilité du Stade de France.

La FFR est désormais en mode réduction de coûts : l’affrètement de vols à l’étranger aurait été supprimé, tandis que les hôtels haut de gamme semblent également disparaître. Alors que ces dernières années, la France s’est aventurée dans le sud ensoleillé pour s’entraîner avant les Six Nations, l’équipe nationale était basée dans ses locaux de Marcoussis, en banlieue parisienne, avant le tournoi. La base de formation est impressionnante mais comporte peut-être une vétusté qui s’est étendue à la performance française.

La France a subi une défaite meurtrière pour débuter sa campagne des Six Nations

(EPA)

Désormais, il y a toutes les chances que la France continue à disputer ce Tournoi des Six Nations. Galthie a suggéré que les changements seraient minimes pour le voyage de la semaine prochaine à Murrayfield, son équipe étant en théorie meilleure pour cette expérience marquante.

Mais il est incroyable de voir à quelle vitesse le récit peut évoluer. Après quatre années de travail de premier plan mondial visant à créer de la qualité et de la quantité sur et en dehors du terrain, l’écosystème complexe du rugby français semble désormais à nouveau fragile. L’ancien régime de Galthiès pourrait-il encore prendre fin avec la chute des guillotines ? De telles discussions sont extrêmement prématurées, mais le rugby français a encore une fois des questions importantes auxquelles il faut répondre.

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