La France lance une campagne accélérée après le pari des élections législatives de Macron
La France a entamé lundi une campagne électorale d’une durée effrénée, alors que l’alliance centriste du président Emmanuel Macron fait face à une lutte acharnée pour éviter une nouvelle défaite face à l’extrême droite.
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Macron a convoqué des élections parlementaires anticipées trois ans plus tôt dans un pari dramatique visant à bouleverser la politique en France après que l’extrême droite ait battu ses centristes aux élections européennes.
Mais à moins de quinze jours du vote, son alliance risque d’être écrasée par de nouvelles coalitions de gauche et de droite.
De nombreuses personnes en France restent perplexes quant aux raisons pour lesquelles Macron a convoqué des élections quelques semaines seulement avant que le pays accueille les Jeux olympiques, risquant ainsi le risque que le Rassemblement national (RN) d’extrême droite dirige le gouvernement et que Jordan Bardella, 28 ans, devienne Premier ministre.
« Emmanuel Macron, qui a déclenché cette dissolution pour piéger les partis, a fini par se piéger lui-même », estime le quotidien Le Monde, avertissant que le RN risquait de remporter l’élection.
Les candidats avaient jusqu’à dimanche soir pour s’inscrire aux 577 sièges de la chambre basse de l’Assemblée nationale avant le début officiel de la campagne à minuit. Le premier tour de scrutin a lieu le 30 juin, le second tour décisif ayant lieu sept jours plus tard.
« Jeune et inexpérimenté »
Les secousses politiques ont atteint l’Euro 2024 de football en Allemagne, où le joueur vedette français Kylian Mbappé s’est déclaré « contre les extrêmes et les idées qui divisent » et a exhorté les jeunes à voter à un « moment crucial » de l’histoire de France.
« Aujourd’hui, nous pouvons tous constater que les extrémistes sont sur le point de prendre le pouvoir et que nous avons la possibilité de choisir l’avenir de notre pays », a déclaré Mbappé.
« J’espère que je serai toujours fier de porter ce maillot après le 7 juillet. »
La dissolution du Parlement par Macron après la victoire de l’extrême droite française aux élections européennes a sans aucun doute redessiné les lignes de la politique française.
« L’objectif est de créer une nouvelle majorité parlementaire », a déclaré sur BFMTV l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, qui dirige un parti allié au bloc de Macron.
Mais peut-être à la surprise de Macron, une nouvelle alliance de gauche – le Nouveau Front populaire qui rassemble les socialistes, les Verts et la gauche dure La France insoumise (LFI) – a émergé.
A droite, Eric Ciotti, le leader des Républicains (LR), a conclu un pacte électoral avec le RN, provoquant la fureur au sein du parti et une démarche de sa direction visant à le limoger, ce qu’un tribunal de Paris a bloqué vendredi.
Par ailleurs, la nouvelle alliance de gauche a déjà montré des signes de fissuration, avec la figure de proue bruyante de LFI, Jean-Luc Mélenchon, trop controversée pour que certains puissent prétendre au poste de Premier ministre.
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Le Premier ministre Gabriel Attal, qui mène la campagne pour le bloc Macron, a déclaré que les électeurs avaient trois choix.
« Il y a l’alliance menée par (d’extrême gauche) LFI, il y a l’alliance menée par (d’extrême droite) RN, des extrêmes qui seraient un désastre pour le pays », a-t-il déclaré à la chaîne RFL.
Et « il y a un troisième bloc… que nous dirigeons ».
« Plongez dans le chaos »
Macron devrait cette semaine revenir dans la campagne nationale après ses engagements à l’étranger lors du sommet du G7 en Italie et de la conférence de paix en Ukraine en Suisse.
L’enjeu personnel est énorme pour le président, qui risque de devenir un canard boiteux jusqu’à l’expiration de son mandat en 2027. Il devra ensuite céder le pouvoir à Marine Le Pen, du RN, qui devrait briguer une quatrième fois l’Elysée.
L’ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin, qui s’est retiré de la politique en 2002 après que Jean-Marie Le Pen, le père de Marine, l’ait éliminé du second tour de l’élection présidentielle, a mis en garde contre les périls pour Macron.
Il a déclaré que le président avait contraint le pays à mener une campagne « précipitée » et qu’il « donnait au RN une chance d’accéder au pouvoir en France ».
« Ce n’est pas responsable », a-t-il déclaré au Monde, accusant Macron d' »arrogance » et ajoutant avec ironie que « la surprise ne suffit pas pour être maître du jeu ».
Dans une interview au Journal du Dimanche, l’ancien président Nicolas Sarkozy a également averti que Macron prenait un risque pour lui-même et pour le pays, estimant que cette décision « pourrait plonger la France dans un chaos dont elle aura le plus grand mal à sortir ».
(AFP)
