La France fustige l’Iran après avoir espionné des « aveux » diffusés
DUBAÏ, 6 octobre (Reuters) – La France a fustigé l’Iran pour « pratiques dictatoriales » et prise en otage de deux de ses citoyens après une vidéo diffusée jeudi dans laquelle ils semblaient avouer avoir espionné, au milieu de semaines de troubles que Téhéran a liés à l’étranger ennemis.
Le ministère iranien des Renseignements a déclaré en mai qu’il avait arrêté deux Européens pour avoir prétendument fomenté « l’insécurité » en Iran. La France a condamné leur arrestation et exigé la libération immédiate de Cécile Kohler et de son compagnon Jacques Paris.
Les médias d’État iraniens diffusent souvent de prétendus aveux de suspects dans des affaires à caractère politique.
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« Je suis Cécile Kohler, je suis agent de renseignement et d’opérations à la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure)… Nous étions en Iran pour préparer le terrain pour la révolution et le renversement du régime de l’Iran islamique », a déclaré Kohler. dans la vidéo, tout en portant un foulard, faisant référence au service français de renseignement extérieur.
La vidéo a suscité l’indignation à Paris. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre, a déclaré pour la première fois que les deux citoyens, ainsi que deux autres également détenus en Iran, étaient des « otages de l’État ».
« La mise en scène de leurs prétendus aveux est scandaleuse, épouvantable, inacceptable et contraire au droit international. Cette mascarade révèle le mépris de la dignité humaine qui caractérise les autorités iraniennes », a déclaré Legendre dans un communiqué de la France sur l’Iran depuis plusieurs années.
« Ces prétendus aveux extorqués sous la contrainte n’ont aucun fondement, pas plus que les raisons données pour leur arrestation arbitraire.
La télévision d’Etat a déclaré que le couple français était entré en Iran avec « des grosses sommes d’argent (…) destinées à financer des grèves et des manifestations ».
« Notre objectif au service de sécurité français est de faire pression sur le gouvernement iranien », a déclaré Jacques Paris dans la vidéo.
RÉPRESSION
L’apparition du couple français à la télévision coïncide avec des semaines de manifestations anti-gouvernementales en Iran suite à la mort de Mahsa Amini, 22 ans, en garde à vue le mois dernier. Cela survient également un jour après un débat au Sénat français au cours duquel tous les partis politiques ont condamné la répression iranienne et ont soutenu le gouvernement pour qu’il durcisse sa position sur Téhéran.
La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a convoqué la semaine dernière le plus haut diplomate iranien à Paris et a déclaré mardi qu’elle s’attendait à ce que l’UE impose des sanctions à Téhéran dans les prochaines semaines.
« De telles manipulations et pratiques, dignes des procès-spectacles des pires régimes dictatoriaux, ne détourneront pas l’attention internationale des aspirations légitimes du peuple iranien », a déclaré Legendre.
Les liens entre les deux pays se sont détériorés ces dernières semaines alors que les pourparlers pour relancer les pourparlers sur le nucléaire dans lesquels Paris est l’une des parties sont au point mort. Aucun des deux pays n’a actuellement d’ambassadeur en place.
La Fédération internationale des droits de l’homme et Justice for Iran, basée à Londres, ont déclaré dans un rapport en 2020 que les médias d’État iraniens avaient diffusé plus de 355 aveux forcés au cours de la décennie précédente. Les responsables iraniens rejettent ces accusations.
Quatre citoyens français sont emprisonnés en Iran tandis que la France évalue si un autre a pu être arrêté lors des manifestations nationales. L’Iran a déclaré le mois dernier que neuf Européens avaient été arrêtés pendant les troubles.
Les pays occidentaux, dont la France, ont accusé à plusieurs reprises les dirigeants cléricaux iraniens de détenir arbitrairement leurs citoyens.
Les manifestations à l’échelle nationale ont reçu un large soutien international, incitant Téhéran à s’en prendre à ses détracteurs en accusant les États-Unis et Israël d’exploiter les troubles pour tenter de déstabiliser la République islamique.
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Écrit par Parisa Hafezi et John Irish, édité par William Maclean
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