La France fixe un objectif de mix énergétique
Au moins six nouveaux réacteurs nucléaires, et potentiellement jusqu’à 14, pourraient être construits en France pour répondre aux objectifs en matière de changement climatique et de transition vers une énergie propre.
Révélée plus tôt cette année dans un document de consultation détaillé, la dernière politique énergétique du gouvernement abandonne les objectifs en matière d’énergies renouvelables et donne la priorité au nucléaire.
S’ils sont mis en œuvre, six nouveaux réacteurs EPR2 (Evolutionary Power Reactor 2) pourraient être construits d’ici 2026, d’une capacité de 9,9 GW. 13 GW supplémentaires d’origine nucléaire viendraient plus tard, très probablement grâce à huit réacteurs également de type EPR2.
Dans un rapport de l’été dernier, le producteur public d’électricité EDF a estimé le coût des six réacteurs à 51,7 milliards, mais a reconnu que le prix serait plus élevé car les estimations ont été faites avant le décollage de l’inflation.
Les réacteurs modulaires, plus petits et beaucoup plus médiatisés, ne seront probablement pas prêts pour la première tranche de commandes, mais pourraient remplacer un réacteur EPR2 dans les commandes ultérieures.
La décision sur le premier prototype du nouveau petit réacteur, probablement à Marcoule dans le Gard, a également été reportée.
Le petit réacteur d’EDF, appelé Nuward, est le favori dans la course aux nouveaux réacteurs, même si une autre société française, Jimmy Energy, est en train d’en finaliser un basé sur un système de cœur à haute température avec de l’hélium gazeux comme liquide de refroidissement principal. Il transfère ensuite la chaleur vers un échangeur de chaleur à base de dioxyde de carbone relié à des turbines à vapeur.
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Promesse de financement
Les petits réacteurs, conçus pour produire suffisamment d’électricité pour une grande ville, se sont vu promettre un financement de 77,2 millions d’euros du gouvernement français, mais les travaux sur le premier prototype ne devraient démarrer qu’à la fin de 2030.
L’une des décisions prises par le gouvernement a été de prolonger jusqu’en 2100 la durée de vie de l’usine de traitement du combustible nucléaire de La Hague dans la Manche.
La France vise à réduire la part des énergies fossiles dans son mix énergétique de plus de 60 % à 40 % d’ici 2030, a déclaré l’année dernière la ministre de la Transition énergétique, Agns Pannier-Runacher.
Les nouveaux réacteurs, ainsi que d’autres mesures telles que la promotion des véhicules électriques, pourraient contribuer à atteindre cet objectif.
Les énergies renouvelables sont également défendues, mais la suppression des objectifs fixés dans ce domaine a été condamnée par des groupes climatiques, dont Greenpeace France.
Il existe une forte opposition en France aux grands projets d’énergie éolienne renouvelable, tandis que les promoteurs de centrales solaires souhaitent souvent les implanter sur des terres agricoles faciles d’accès, ce qui pose également des problèmes politiques.
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Début difficile
Les réacteurs EPR2, dans lesquels le gouvernement mise, connaissent des débuts difficiles.
Lancé grâce à une commande de la Finlande, le premier réacteur n’a été mis en service qu’en 2023, avec 13 ans de retard et 10 milliards de plus que le prix fixé pour les Finlandais de 3 milliards.
Un autre réacteur EPR2, construit en Chine, a dû fonctionner à puissance réduite car, à pleine puissance, des turbulences inattendues dans le réservoir d’eau sous pression endommageaient les barres de combustible.
En France, le réacteur EPR de Flamanville, en construction à La Hague, aurait dû être prêt en 2012, mais ne sera opérationnel, si tout va bien, qu’au premier semestre de cette année.
Jusqu’à présent, cela a coûté six fois plus que prévu, la facture finale étant susceptible de s’élever à environ 18 milliards.
EDF se dit confiant dans le fait que les futurs réacteurs coûteront moins cher. Les propositions du gouvernement en matière d’énergie comprennent également des mesures visant à réduire les factures d’électricité des ménages et des entreprises.
Prix du gaz
UN versement universel nuclaire est proposée, selon laquelle EDF et d’autres fournisseurs réduiraient leurs factures pour refléter la contribution d’une énergie nucléaire stable et une dépendance réduite aux fluctuations des prix du gaz ailleurs en Europe.
La France prépare également une loi pour contourner les règles européennes qui bloquent les investissements dans de nouvelles capacités hydroélectriques. Bruxelles a déclaré à plusieurs reprises que cela devrait être conditionné à des appels d’offres concurrentiels pour attirer de nouveaux participants. EDF détient actuellement la majeure partie de la production hydroélectrique française.
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