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La France entre dans l’histoire en inscrivant le droit à l’avortement dans sa constitution



MICHEL MARTIN, ANIMATEUR :

Alors que les États-Unis s’éloignent du droit constitutionnel à l’avortement, la France fait le contraire.

STEVE INSKEEP, HÔTE :

Et une chose a beaucoup à voir avec l’autre. Les législateurs français se réunissent aujourd’hui en session conjointe de leur parlement pour inscrire le droit à l’avortement dans la constitution, ce qui ferait de la France le premier pays au monde à le faire.

MARTIN : Eleanor Beardsley de NPR est avec nous maintenant depuis Paris pour nous en dire plus. Bonjour, Eléonore.

ELEANOR BEARDSLEY, BYLINE : Bonjour les gars.

MARTIN : Alors préparez-nous le décor aujourd’hui. Que va-t-il se passer aujourd’hui ? Et bien sûr, nous voulons savoir, pourquoi maintenant ?

BEARDSLEY : Eh bien, c’est une belle journée ensoleillée. Et il y aura cet après-midi une session extraordinaire des deux chambres du Parlement au château de Versailles, la chambre basse et le Sénat réunis, 925 législateurs, pour voter sur la nécessité de modifier la constitution. Il doit être adopté à la majorité des trois cinquièmes. Mais il s’agit d’une formalité car la mesure a en réalité été approuvée à une écrasante majorité dans les deux chambres, même au Sénat, le plus conservateur. L’événement sera retransmis en direct à la télévision française et un écran géant sera installé pour le suivre sur la Place des Droits de l’Homme à Paris, juste en face de la Tour Eiffel. Vous savez, les Français ont été vraiment choqués lorsque l’affaire Roe v. Wade a été annulée. Et à l’époque, Macron avait déclaré vouloir rendre irréversible le droit à l’avortement, qu’il appelait le droit aux soins de santé, en l’inscrivant, comme disent les Français, dans la Constitution.

MARTIN : L’accès à l’avortement est-il menacé en France ?

BEARDSLEY : Absolument pas. Aucun des principaux partis politiques ne conteste le droit à l’avortement, qui en France s’étend sans restriction jusqu’à 14 semaines de grossesse et est également entièrement pris en charge par le système de santé français. Cependant, certains législateurs s’opposaient à ce qu’ils appelaient une modification de la constitution. Écoutons la chef du principal parti d’opposition à Macron au Parlement, Marine Le Pen, chef du parti populiste de droite du Rassemblement national. Elle est là.

(EXTRAIT SONORE DE L’ENREGISTREMENT ARCHIVÉ)

MARINE LE PEN : (Langue non anglaise parlée).

BEARDSLEY : Vous savez, demande-t-elle, sommes-nous le 51e État des États-Unis ? Non. Ce que décide la Cour suprême américaine n’a rien à voir avec la France. Le Pen a déclaré que les droits des femmes sont menacés par des éléments tels que la montée de l’islam radical, avec ses inégalités entre les sexes et le port du voile pour les femmes, mais pas par la restriction du droit à l’avortement. Et elle a qualifié cela de coup politique de Macron. Mais elle a finalement approuvé le renvoi de cette mesure en séance commune.

MARTIN : Est-ce que c’est populaire auprès du public français ?

BEARDSLEY : Complètement. Un récent sondage montre que 90 % des Français soutiennent le droit absolu à l’avortement, et 86 % estiment que la Constitution devrait être le garant ultime de ce droit. L’avortement a été légalisé en 1974 après une immense bataille menée par la première femme ministre de la Santé du pays, Simone Veil. C’était un sale combat. Elle a même été personnellement insultée et agressée verbalement. Vous savez, à l’époque, la France était un pays catholique très conservateur, ce qui semble difficilement imaginable aujourd’hui. J’ai parlé à des femmes dans les rues de Paris, et presque toutes celles à qui j’ai parlé ont dit que c’était absolument la bonne chose à faire. Et je vais vous incarner un Parisien de 69 ans, Guillain Gautier (ph). Et elle m’a dit qu’il était tout à fait possible que la France régresse. Et ce droit à l’avortement doit être protégé. Elle est là.

GUILLAIN GAUTIER : (Langue non anglaise parlée).

BEARDSLEY : Elle dit : « c’est absolument nécessaire. Cela aurait dû être inscrit dans la constitution il y a longtemps, le jour où cela a été légalisé. » Vous savez, Gautier m’a dit qu’elle avait effectivement avorté illégalement à l’époque, avant que cela ne soit légal. Et elle a dit que c’était horrible. Mais elle dit qu’aujourd’hui encore, certains médecins tentent de dissuader les femmes en les envoyant passer des examens supplémentaires ou en essayant de les dissuader. Elle dit donc que c’est absolument nécessaire.

MARTIN : C’est Eleanor Beardsley de NPR à Paris. Eléonore, merci.

BEARDSLEY : Merci.

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