La France développe un vaccin prometteur contre la peste porcine africaine

L’Anses a pu inactiver la souche virale Georgia 2007/1


icône de calendrier 10 avril 2023

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Un vaccin contre la peste porcine africaine pourrait être produit à partir des recherches menées par le Laboratoire de Ploufragan-Plouzan-Niort de l’Anses, selon un récent communiqué. Les premiers résultats sont prometteurs.

Dans le cadre de son mandat de Laboratoire National de Référence pour la PPA, l’Unité de Virologie et Immunologie Porcine (VIP) du Laboratoire de Ploufragan-Plouzan-Niort de l’Anses a inactivé la souche virale Georgia 2007/1, actuellement en circulation dans l’Union Européenne. En surveillant les effets de cette inactivation par la chaleur, il est arrivé de détecter une souche atténuée, dérivée de la souche Georgia. Cette souche n’a provoqué qu’une légère fièvre chez les animaux infectés, alors que l’infection par la souche Georgia est normalement mortelle dans 100 % des cas.

Des résultats prometteurs pour l’avenir

L’équipe a mené une série d’études avec cette souche atténuée et a confirmé que la plupart des porcs inoculés par voie intramusculaire ou oronasale avec ce virus ne présentaient que des symptômes bénins. Bien que la sécurité n’était pas parfaite, la survie était bien meilleure qu’avec la souche virale d’origine.

La vaccination intramusculaire est la méthode la plus couramment utilisée dans les élevages, a déclaré Marie-Frédrique Le Potier, responsable de l’unité VIP. La vaccination orale pourrait être utilisée pour vacciner les sangliers à l’aide d’appâts. Cette méthode a été utilisée pour la peste porcine classique au début des années 2000 et a éradiqué la maladie des régions de France où elle était présente. C’est pourquoi nous avons testé les deux voies d’administration dès le début. »

Autre résultat prometteur, les porcs infectés développent une réponse immunitaire qui leur permet de résister à l’infection par le virus de la peste porcine africaine sans présenter de symptômes, dès deux semaines après la vaccination. Ces résultats ont été publiés dans la revue Viruses en décembre 2022.

Production à grande échelle possible

Les scientifiques de l’Anses poursuivent leurs travaux sur la souche atténuée, notamment pour qu’elle puisse se multiplier dans les lignées cellulaires produites in vitro et non dans des cellules qui devaient être prélevées sur des porcs, comme cela avait été le cas initialement. Cette étape a été un succès, ouvrant la possibilité de produire le vaccin à grande échelle. En prime, la souche de virus ainsi produite provoquait moins de symptômes que la souche originale atténuée, tout en restant efficace.

Des études sont toujours en cours, notamment pour s’assurer que cette souche atténuée ne puisse pas se transmettre d’un animal à l’autre ou redevenir virulente. Les scientifiques évalueront également la capacité du vaccin à empêcher les animaux vaccinés puis exposés au virus pathogène de la peste porcine africaine de retransmettre le virus.

Le sanglier, première cible vaccinale

Le vaccin mis au point par les scientifiques de l’Anses présente l’avantage de ne pas être produit par manipulation génétique, ce qui facilite l’autorisation de son utilisation dans la nature. En effet, le sanglier serait probablement la première cible du vaccin en Europe occidentale. C’est l’espèce la plus touchée et la présence du virus dans la faune sauvage constitue un risque pour les élevages porcins.

Pour que ces découvertes scientifiques conduisent à des développements industriels efficaces et in fine à la production de vaccins, il faut qu’ils puissent être transférés à l’industrie pharmaceutique vétérinaire. A cet effet, le laboratoire a déposé un brevet pour le vaccin qui a été publié en août dernier. Le Bureau de Transfert de Technologie (TTO) Ouest Valorisation accompagne l’Anses pour inciter les industriels intéressés à exploiter ce brevet.

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