La France déclare l’état d’urgence au milieu des manifestations en Nouvelle-Calédonie

Le gouvernement français a déclaré mercredi l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie alors qu’il s’efforçait de réprimer les émeutes meurtrières dans le territoire semi-autonome français du Pacifique.

Les autorités françaises ont entrepris ce qu’elles appellent une mobilisation massive des forces de sécurité depuis que de violentes manifestations ont éclaté cette semaine en Nouvelle-Calédonie contre un projet d’amendement à la Constitution française qui modifierait les règles de vote local sur le territoire. Un vote au Parlement français approuvant l’amendement mardi a déclenché des émeutes meurtrières dans la nuit.

La priorité est de rétablir l’ordre, le calme et la sérénité, a déclaré mercredi aux parlementaires Gabriel Attal, Premier ministre français.

Le gouvernement français a indiqué que plus de 1 800 agents de sécurité étaient déjà sur le territoire et que 500 renforts arriveraient dans les prochaines 24 heures. Lors d’une réunion de crise, M. Attal a déclaré que l’armée était déployée pour sécuriser les ports et l’aéroport.

Plusieurs commerces et bâtiments publics, dont des écoles, ont été pillés ou incendiés, selon le Haut-commissariat français. Quatre personnes sont mortes dans les émeutes, dont un agent des forces de l’ordre, ont indiqué des responsables. Et des centaines d’autres ont été blessés, dont 64 policiers et gendarmes, a indiqué dans un communiqué le Haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie. déclaration.

Près de 200 personnes avaient été arrêtées jeudi, heure locale, indique le communiqué, et le ministère de l’Intérieur a émis cinq mandats d’arrêt contre les personnes soupçonnées d’avoir sponsorisé les émeutes.

L’état d’urgence, qui durera 12 jours, donne aux autorités davantage de pouvoirs de police, leur permettant de promulguer des interdictions de circuler, d’assigner des personnes à résidence, d’interdire les manifestations et de mener des descentes sans contrôle judiciaire normal.

Le président Emmanuel Macron, qui a convoqué une réunion de crise mercredi, a exprimé sa vive émotion face à ces décès et sa gratitude envers les forces de sécurité françaises, a indiqué son bureau dans un communiqué.

Toute violence est intolérable et fera l’objet d’une réponse implacable pour garantir le rétablissement de l’ordre, indique le communiqué, ajoutant que M. Macron avait accueilli favorablement les appels au calme lancés par d’autres responsables.

Signe du sérieux avec lequel les autorités traitent la situation, M. Macron a reporté un voyage prévu jeudi pour inaugurer un nouveau réacteur nucléaire en Normandie.

La France a annexé la Nouvelle-Calédonie, une poignée d’îles comptant environ 270 000 habitants, en 1853. C’était l’une des rares colonies, avec l’Algérie, que la France a délibérément peuplée de colons blancs. Les Kanaks autochtones représentent désormais environ 40 pour cent de la population, tandis que les Européens en représentent environ un quart.

La perspective de l’indépendance et les inégalités sociales de longue date ont alimenté des décennies de tensions sur le territoire. Le territoire, qui jouit d’une autonomie rare en France, a organisé trois référendums sur l’indépendance depuis 2018 ; tous ont été rejetés.

Après le conflit armé qui a coûté la vie à des dizaines de personnes dans les années 1980, lors d’un soulèvement connu sous le nom des Événements, le gouvernement français a conclu un accord avec les militants indépendantistes qui promettaient un changement.

Le projet de changement constitutionnel qui élargit le droit de vote des citoyens français aux élections provinciales a touché une nouvelle corde sensible. Les militants indépendantistes de Nouvelle-Calédonie ont exprimé leurs craintes que cela affaiblisse leur mouvement et reflètent une tentative plus agressive de la part du gouvernement français d’affirmer sa volonté sur le territoire.

La Nouvelle-Calédonie est un point d’ancrage crucial pour la France dans la région Indo-Pacifique, et les responsables français ont averti qu’une Nouvelle-Calédonie indépendante, dotée de vastes eaux territoriales et de nickel, pourrait rapidement tomber sous l’emprise de la Chine.

Les listes électorales de Nouvelle-Calédonie sont gelées depuis 2007, seuls ceux qui figuraient sur la liste de 1998 étant considérés comme éligibles pour voter aux élections locales ultérieures. L’amendement donne le droit de vote à tous les citoyens français qui vivent sur le territoire depuis 10 ans, augmentant ainsi les listes d’environ 20 000 à 25 000 personnes, selon Adrian Muckle, maître de conférences en histoire à l’Université Victoria de Wellington en Nouvelle-Zélande. un expert de la Nouvelle-Calédonie.

Les tensions se sont accrues au cours des dernières semaines, avec des manifestations devenues violentes lundi soir.

Pour tenter d’atténuer la pression, le gouvernement de M. Macron a promis de ne pas adopter le changement constitutionnel qui nécessiterait la convocation d’une session extraordinaire du Parlement pour un vote avant la fin juin. Il a également invité des groupes pro- et anti-indépendantistes à des pourparlers pour tenter de parvenir à un accord local.

Le Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste, ou FLNKS, principal groupe indépendantiste, a condamné le vote de l’amendement constitutionnel dans un communiqué mercredi mais a également appelé au calme.

Elle estime que la proposition du gouvernement français d’organiser des négociations est une opportunité pour garantir que les revendications de chacun, y compris celles qui manifestent, puissent être entendues et prises en compte.

Le Haut-commissariat de France en Nouvelle-Calédonie a déclaré que le couvre-feu imposé mardi à Nouméa, la capitale, resterait en vigueur, ainsi que l’interdiction de tout rassemblement public. L’aéroport international de Nouméa est fermé depuis mardi, tous les vols commerciaux ont été annulés et les autorités locales ont annoncé que les écoles resteraient fermées jusqu’à nouvel ordre.

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