La France bloque l’accord énergétique de l’UE sur le nucléaire
La France est à la tête d’une coalition de pays qui s’opposent à un accord sur des objectifs européens en matière d’énergies renouvelables, alors qu’elle redouble d’efforts pour un meilleur traitement de son industrie nucléaire.
Cette décision intervient au milieu d’un recul plus large contre l’agenda climatique des blocs alors que les réalités de ce qui est nécessaire pour la transition verte deviennent de plus en plus évidentes.
Les 27 États membres de l’UE devaient convenir mercredi d’un objectif global de 42,5% d’énergie renouvelable dans le mix énergétique des blocs d’ici 2030.
Mais la France, qui dépend de l’énergie nucléaire pour la majorité de son électricité, a signalé qu’elle ne soutiendrait pas le texte, invoquant des inquiétudes quant au fait que l’hydrogène à faible émission de carbone généré avec l’électricité des centrales nucléaires ne serait pas pris en compte dans les objectifs.
L’électricité d’origine nucléaire doit pouvoir coexister avec l’électricité renouvelable sans discrimination, a déclaré un diplomate français.
Le vote, qui a été retiré de l’ordre du jour d’une réunion des ambassadeurs à 23h30 mardi, aurait ouvert la voie pour que les objectifs deviennent une loi de l’UE après leur approbation au Parlement européen.
La décision tardive de Paris de ne pas soutenir les objectifs fait suite à un effort similaire de l’Allemagne pour obtenir des exemptions pour son industrie automobile d’une interdiction de 2035 sur les moteurs à combustion qui constitue un autre élément central de la loi climatique de l’UE.
Ce problème a été résolu après plusieurs semaines de négociations avec la commission, qui ont finalement abouti à une exclusion des moteurs fonctionnant avec des carburants électroniques neutres en carbone.
D’autres États membres ont déclaré que le fait que les deux plus grands pays du bloc fassent pression pour des modifications de dernière minute de la législation verte crée un dangereux précédent pour le processus d’élaboration des politiques de l’UE et pourrait affecter sa trajectoire vers la réalisation d’un objectif global de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030. par rapport aux niveaux de 1990.
Le plus gros problème est que d’abord l’Allemagne fait cela, puis la France tire la même chose [move]. Ils sont censés être à l’avant-garde sur ces questions, a déclaré un diplomate de l’UE.
Un autre a déclaré que les tentatives des deux pays de renégocier leurs politiques pourraient avoir un effet négatif sur les objectifs globaux d’émissions.
La Commission européenne a déclaré qu’elle restait attachée à un déploiement rapide des énergies renouvelables en tant qu’élément essentiel de l’objectif du bloc d’atteindre zéro émission de gaz à effet de serre d’ici 2050 et de réduire sa dépendance aux carburants russes. Les nouvelles règles doivent être adoptées et mises en œuvre aussi rapidement que possible.
Les responsables français ont par le passé rejeté les critiques selon lesquelles ils promeuvent les intérêts de son industrie nucléaire en faisant valoir que les règles de l’UE permettent aux pays de choisir leurs propres sources d’énergie. Son parc de centrales nucléaires lui donne déjà moins d’émissions de gaz à effet de serre par unité de PIB que bon nombre de ses voisins, bien qu’il ait raté les objectifs de l’UE en matière de construction d’énergies renouvelables.
Six pays pronucléaires, dont la République tchèque, la Bulgarie et la Hongrie, ont suivi l’exemple de Paris mercredi et ont refusé de soutenir la directive. Pendant ce temps, les gouvernements anti-nucléaires, y compris en Allemagne et en Autriche, se sont fermement opposés à la reconnaissance de l’énergie nucléaire comme combustible propre.
Cette semaine, Paris a convoqué une réunion des ministres de 14 pays ayant une capacité d’énergie nucléaire avec le commissaire européen à l’énergie, Kadri Simson.
Dans une déclaration à l’issue de la réunion, les ministres ont déclaré qu’ils visaient à renforcer la coopération européenne dans le domaine de l’énergie nucléaire en tant que composante importante de l’ambition énergétique et climatique de l’Europe.
Simson a déclaré que Bruxelles reste neutre en ce qui concerne les choix de mix énergétique des États membres.
Aucune date n’a été fixée pour un nouveau vote sur la proposition d’énergie renouvelable car les pourparlers sont en cours, selon un responsable impliqué dans les discussions.
Les règles visant à accroître l’utilisation des carburants d’aviation durables ont également été retirées de l’ordre du jour de mercredi. Airlines for Europe a déclaré que l’impasse actuelle entre la France et l’Allemagne sur le rôle de l’énergie nucléaire mettait en péril la législation sur les carburants durables.
Des politiques stables sont le fondement de la recherche d’un consensus nécessaire à la décarbonisation rapide de l’économie européenne.
Reportage complémentaire de Leila Abboud à Paris
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