La femme née à Dn Laoghaire lève des millions pour la bibliothèque nationale de France

La salle ovale de la Bibliothèque nationale de France, récemment restaurée, s’annonce particulièrement accueillante en cette soirée d’automne. Des lampes de lecture en laiton et en verre vert scintillent à chaque bureau, bien que les lecteurs soient rentrés chez eux. Des étagères chargées de livres s’élèvent de tous les côtés, semblant embrasser chaleureusement la pièce.

Lors de sa réouverture après des rénovations, le journal Le Monde a appelé la salle de lecture ovale Le Saint des Saints des lieux d’apprentissage.

Le public français a répondu à la première campagne de financement de la Salle Ovale et de deux autres salles avec 1,8 million de dons.

Quelque chose à propos de cet endroit parle aux gens, dit l’Irlandaise Kara Lennon Casanova, qui a créé le service de collecte de fonds de la BnFs lorsqu’elle a rejoint la bibliothèque et son comité exécutif en 2008. Nous avons eu des gens qui appelaient pour adopter une table pour leurs parents ou grands-parents. Nous avons même découvert deux couples qui se sont rencontrés dans la salle de lecture ovale. Ils ont écrit et dit, je voudrais adopter cette table parce que c’est là que j’ai rencontré ma femme ou mon mari.

La présidente des bibliothèques, Laurence Engel, a épinglé la médaille vert émeraude et argent d’un Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres sur la robe de Lennon Casanova, pour la remercier d’avoir collecté 9 millions pour la rénovation des bibliothèques. La moitié de ce montant provenait de donateurs étrangers.

Merci à toi? Je demande à Lennon Casanova. Merci à eux! dit-elle avec autodérision, avec un sourire. Mais oui, je suis allé demander. J’ai frappé à leur porte. Japonais, grecs, suisses puis américains. Des fondations, des entreprises et des particuliers. Un de nos mécènes américains avait aidé avec d’autres projets. Il soutient également le Trinity College de Dublin.

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L’Américain est Mark Pigott, un industriel et philanthrope irlandais-américain de Seattle qui a contribué 1,2 million à la rénovation.

L’Etat français reste le principal pourvoyeur. Les ministères de la culture et de l’enseignement supérieur ont contribué à hauteur de 255 millions à la rénovation qui a duré une décennie.

Engel parle longuement de l’engagement et de la vision européenne de Lennon Casanova, de sa grande capacité à trouver de nouveaux clients et à aider la bibliothèque à trouver de nouveaux amis.

Lennon Casanova est né à Dn Laoghaire. Sa famille a déménagé à Bruxelles, où son père était conseiller à la Commission européenne, quand elle était petite. Elle a fréquenté une école jésuite francophone, le Collège St Michel, et est bilingue en français et en anglais.

Je commente son accent indéfinissable. Mes cousins ​​à Dublin m’appellent toujours l’Européen, rigole Lennon Casanova. Elle obtient des diplômes d’histoire de l’art et d’études muséales à Bruxelles et à Amsterdam, travaille pour la Banque mondiale en Indonésie puis au Guggenheim Museum de New York, où elle rencontre son mari franco-corse, Pierre Casanova, avocat avec qui elle a deux enfants. Il la convainc de s’installer à Paris.

Lennon Casanova a travaillé à l’Unesco et au Centre Pompidou, toujours du côté de la gestion financière des musées et des bibliothèques, explique-t-elle. Le président du Centre Pompidou, Bruno Racine, l’a emmenée avec lui lorsqu’il est devenu président de la BnF.

C’était une joie de travailler avec Kara, me dit Racine après la cérémonie de remise des prix. Pouvoir compter sur quelqu’un d’aussi intelligent, compétent, déterminé et méthodique. On a beaucoup ri. Elle est très cosmopolite, mais son patriotisme irlandais transparaît. Quand l’Irlande a battu l’Angleterre au rugby, nous avons bu du champagne.

Demander de l’argent aux gens, c’est mon idée de l’enfer, dis-je à Lennon Casanova. Comment fait-elle ? Elle rit à nouveau. Voulez-vous dire que j’aime torturer les gens ? Pour être honnête, je parle rarement d’argent. Ça commence par un projet… La qualité du projet est primordiale.

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La collecte de fonds est relativement nouvelle en France, où la plupart des institutions dépendent du financement de l’État. Le premier projet pour lequel elle a obtenu un financement a été l’achat des manuscrits de l’aventurier vénitien du XVIIIe siècle Giacomo Casanova sans lien avec son mari.

Si la BnF est ancrée dans le passé, c’est aussi une institution tournée vers l’avenir, rappelle Lennon Casanova. Ce paradoxe se retrouve dans le projet de rénovation, où un escalier futuriste en acier et aluminium du XXIe siècle unifie des constructions de quatre siècles.

Il y a vingt ans, la BnF a décidé de numériser sa collection et de la mettre à disposition sur le site Gallica. Cela a entraîné l’embauche massive d’ingénieurs informaticiens et un énorme investissement dans l’archivage numérique, qui doit être mis à jour au fur et à mesure que la technologie évolue.

Lennon Casanova décrit la BnF comme une version XXL d’un musée. Il possède plus de 40 millions de documents et en a mis 10 millions en ligne. Le roi de France Charles V a fondé la bibliothèque pour sa collection de manuscrits en 1368. Dès le début, c’était une collection d’État, et elle l’est restée à travers l’Ancien Régime, la révolution, l’empire et les républiques successives, dit-elle.

Les discussions sur la rénovation du site historique de Richelieu ont commencé peu de temps après l’ouverture de la succursale moderne François Mitterrand de la bibliothèque en 1995. Lennon Casanova et ses collègues ont pris trois grandes décisions : ouvrir le site avec une grande, nouvelle entrée de jardin aérée ; de restaurer la galerie Mazarin à l’étage, avec ses splendides fresques de plafond baroques italiens, à son usage d’origine en tant que musée, et de rouvrir la salle ovale au public, après que l’accès en ait été limité pendant des décennies.

Nous avons été très surpris par le silence dans la salle de lecture, raconte Lennon Casanova. Il y a quelque chose dans cette pièce qui donne envie de penser, de réfléchir et de méditer.

La bibliothèque restaurée a compté 40 000 visiteurs dans les six premières semaines après sa réouverture à la mi-septembre.

En 1537, le roi François Ier ordonna à la BnF de conserver une copie de tout imprimé en France. Les stockages des sites Richelieu et François Mitterrand sont quasiment pleins. Un nouveau site de conservation ouvrira à Amiens en 2028.

Nous avons un rapport au temps atypique, explique Patrick Belaubre, responsable de la communication à la BnF. La bibliothèque revient sur 700 ans d’existence et se projette dans l’éternité.

Les trésors de la bibliothèque comprennent l’un des premiers exemples d’écriture au monde, une pierre noire gravée d’écriture cunéiforme, de l’ancienne Mésopotamie. La BnF possède le magnifique pendentif en émeraude Marie de Médicis, ainsi que sa commande manuscrite au joaillier qui l’a réalisé. Les camées de la marquise de Pompadours côtoient le petit portrait que son amant, Louis XV, cachait sur son bureau.

La salle Louis XV, comme la galerie Mazarin, a été restaurée grâce aux fonds levés par Lennon Casanova. Louis XV l’ouvrit au public en 1750, deux jours par semaine, pour montrer sa collection de médailles et de monnaies.

On peut voir le trône de voyage en bronze pliant du roi Dagobert, vieux de 1 200 ans, qui a été endommagé par Napoléon. Un psautier enluminé d’or du XIIIe siècle a appartenu à Saint Louis et a été apporté à la BnF pour être conservé pendant la révolution. La première édition d’Elizabeth Is des essais de Montaignes, estampillée des initiales des reines britanniques, se trouve dans une vitrine non loin des manuscrits originaux de Notre Dame de Paris de Victor Hugo et de Don Giovanni de Mozart.

Les visiteurs peuvent regarder à travers les fenêtres en verre dans les salles de stockage où des rangées interminables de boîtes en cuir impeccablement organisées sont empilées. Je suis autorisé à entrer dans la zone normalement réservée aux visiteurs.

Corinne Le Bitouz, dépositaire des estampes du XVIIIe siècle, ouvre une boîte d’archives pour me montrer les pages de journaux que Jean-Paul Marat lisait lorsqu’il fut mortellement poignardé dans son bain par Charlotte Corday en 1793. Marat était un révolutionnaire jacobin. Corday appartenait à la faction girondine la plus modérée.

Des vagues de tache brun rougeâtre rampent sur les pages. Un test ADN a révélé que le sang appartenait à une personne de Sardaigne, dit Le Bitouz. Marat était un Sarde. Il souffrait d’une maladie de peau, raison pour laquelle il prenait tout le temps des bains. Les scientifiques ont identifié la maladie de la peau.

Ma visite à la BnF s’est conclue par le sang d’un révolutionnaire versé en 1793. J’ai touché l’histoire avec une rare immédiateté ; une histoire désormais plus solidement assurée grâce à l’aide d’une Irlandaise entreprenante.

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