La facture énergétique de la France dépassera les 100 milliards cette année
La facture d’importation de combustibles fossiles de la France devrait doubler à partir de 2021, atteignant 100 milliards alors que les factures d’énergie montent en flèche à travers l’Europe, a déclaré mercredi la Société française de l’énergie nucléaire (SFEN) lors d’une audition parlementaire.
Le Trésor français a révélé en avril que la facture énergétique française avait atteint un niveau record, passant de 27 milliards au second semestre 2021 à 48 milliards au premier semestre 2022. Au vu des données de prix actuelles, nous terminerons l’année avec une facture énergétique de plus de 100 milliards, a déclaré la directrice générale de la SFEN, Valrie Faudon, devant la commission d’audition.
La facture s’élevait à 44,3 milliards en 2021, soit plus du double des 19,1 milliards de 2020, selon les derniers chiffres du ministère de la transition écologique.
La hausse des coûts s’explique par la différence entre l’offre et la demande d’énergie suite à la crise du COVID-19, qui a entraîné une hausse des prix des combustibles fossiles et des volumes d’importation.
Plus précisément, les factures d’importation de pétrole, de produits raffinés et de biocarburants ont fortement augmenté. La facture du gaz naturel a quasiment triplé, passant de 5,2 milliards en 2020 à 13,3 milliards en 2021.
Dans le même temps, les importations de charbon n’ont que légèrement augmenté, tandis qu’un solde positif des exportations d’électricité a réduit la facture de 2,6 milliards, contre 1,2 milliard en 2020.
La grâce salvatrice de France : l’énergie nucléaire
La situation est similaire, sinon pire, dans d’autres pays européens. Le mix énergétique de l’Allemagne est composé à 78 % de combustibles fossiles, contre 46 % pour la France. La France est également moins dépendante du gaz russe que ses partenaires européens, ne représentant que 20 % de ses importations énergétiques, contre 38 % dans l’UE.
Selon une approche restrictive basée sur les données transversales acquises, la facture allemande devrait dépasser 120 milliards d’euros d’ici la fin de cette année.
Cela dit, la dépendance de la France et de l’UE vis-à-vis du gaz russe n’a cessé d’augmenter au cours des trois dernières années, avec une augmentation de 13 % et 20 % respectivement en 2019.
Cependant, la France peut compter sur l’énergie nucléaire plus que beaucoup de ses voisins. Il reste suffisamment abordable pour ne pas devenir une préoccupation stratégique et représente moins d’un milliard pour l’année, a expliqué Faudon.
Selon le ministère de la transition écologique, l’énergie nucléaire représente 40 % de la consommation totale d’électricité primaire.
Nous pouvons voir les effets d’un bon mix énergétique par rapport à une dépendance aux énergies fossiles, a noté Faudon.
Malgré le nucléaire, la France est importatrice nette d’électricité
En 2022 cependant, la France restera un importateur net d’électricité. La faible disponibilité de l’énergie nucléaire due aux retards de maintenance des centrales nucléaires et la production limitée d’électricité hydraulique due aux sécheresses estivales ont considérablement fait grimper les coûts de l’électricité parallèlement à une hausse des prix et des volumes des combustibles fossiles importés.
Selon l’INSEE, la facture de 100 milliards devrait représenter entre 4% et 4,5% du produit intérieur brut de la France en 2022.
Cette situation a par conséquent conduit à une forte détérioration de la balance commerciale française, passant d’un déficit de 51 milliards au second semestre 2021 à un déficit de 71 milliards pour le second semestre 2022.
[Edited by Tho Bourgery-Gonse]
(Paul Messad | EURACTIV.fr)