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La décision de France en matière d’avortement est caractéristique et constitue un avertissement pour les États-Unis

Lors de la Journée internationale de la femme, les femmes modernes ont pour tradition de se plaindre des hommes. Permettez-moi de me joindre à eux : mon grief s’adresse au Parlement français à majorité masculine, qui a voté lundi à une écrasante majorité en faveur de l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution française.

La décision de la France est avant tout symbolique : le pays se targue d’être en avance sur la démocratie libérale, ce qui signifie qu’il est peu probable que la liberté légale de tuer un enfant à naître soit restreinte dans la loi française, indépendamment de ce que dit la constitution. Mais après que la Cour suprême des États-Unis Dobbs décision, le président français Emmanuel Macron a promis de fournir également une protection constitutionnelle à l’infanticide. Le Parlement français a tenu cette promesse lundi après-midi, devenant ainsi le premier pays à créer un droit à l’avortement dans son document fondateur. Les rues de Paris étaient violettes avec des femmes et des hommes célébrant leur liberté de tuer.

Les rues de Paris, bien sûr, sont habituées à ce genre de scène. Cela ne fait pas longtemps depuis 1789 qu’ils n’ont pas été remplis d’une quelconque forme de manifestation au nom de la libération : énumérer ne serait-ce que les noms de ces fréquentes protestations serait un essai en soi. Les Français réclament la liberté, depuis l’époque de la Révolution. liberta entraîné la mort de nombreux frères, nés et à naître.

Pour les Américains qui nous regardent, il ne s’agit pas seulement d’un théâtre politique. La France a décidé de rendre l’avortement souverain cette semaine précisément parce que la Cour suprême des États-Unis a déclaré que ce n’était pas le cas, du moins pas selon la Constitution américaine telle qu’elle est actuellement rédigée. C’est là le caractère contagieux des rébellions qui préoccupait tant les fondateurs américains. Considérant que leur propre révolte allait inspirer les événements menant au règne de la terreur en France, qui à son tour a déclenché le bain de sang de 13 ans à Saint-Domingue, alors que les esclaves haïtiens renversaient leurs maîtres coloniaux français, c’était une inquiétude raisonnable.

Mais c’est peut-être la particularité de la France d’être cataclysmique. C’est là que les idéaux égalitaires des Lumières trouvent leur origine et leur image la plus poignante, et bon nombre de ces mêmes idéaux sont responsables de nos mœurs inversées actuelles sur la question de l’infanticide. La France révolutionnaire considérait les droits des hommes à travers le prisme de l’immédiateté. ces les hommes, souvent payés avec la vie des autres, contrairement aux colons américains, soucieux de la postérité. De même, les droits des femmes d’aujourd’hui ont été garantis par le sacrifice sanglant des enfants à naître. De tous les pays qui ont fait de l’avortement un droit constitutionnel en premier, il n’est pas surprenant que ce soit la France.

Alors que le siècle des Lumières a fortement influencé la fondation de nos propres nations, au moins un observateur français a remarqué que le caractère des premiers Américains était un antidote heureux à de nombreux maux de la démocratie. Dans les années 1830 encore, Alexis de Tocqueville décrivait des hommes et des femmes qui continuaient à interagir dans ce que Scott Yenor a récemment qualifié de patriarcat mou, soit par habitude, soit par préférence, malgré plusieurs décennies de régime démocratique. La France révolutionnaire, quant à elle, a abaissé la peine en cas d’avortement et a accordé presque immédiatement aux femmes l’immunité pour ce crime – un changement léger mais significatif à une époque où la peine pour l’avortement était encore couramment la mort. Une simple comparaison des Révolutions américaine et française illustre la grande différence entre les deux peuples au XVIIIe siècle, qui a persisté au moins jusqu’au XIXe.

Cette différence s’est considérablement réduite au siècle dernier. Notre patriarcat mou a cédé la place à une gynocratie quasi totale, alors que la république américaine moderne tente de réaliser l’idéal français d’hommes et de femmes interchangeables. Bien entendu, ce changement passe essentiellement par la suppression du fardeau de la procréation, qui incombe naturellement de manière asymétrique aux femmes.

Il est également essentiel de recourir à des tactiques démocratiques pour y parvenir. Sous-traiter le droit du législateur, qui passe en théorie sa journée à réfléchir aux meilleures formes de gouvernement, à un vote populaire, où les électeurs pourraient réfléchir quelques heures tout au plus avant de se décider, aura presque toujours pour effet de créer une législation pire. De toute façon, il y a peu de différences entre les législateurs et les électeurs aujourd’hui, mais cela ne fait que prouver le point : l’inquiétude séculaire selon laquelle la tendance de la démocratie s’éloigne du discours réfléchi et intelligent et se dirige vers la démagogie.

Selon cette interprétation, la foule américaine des avortements a gouverné par des mesures électorales. Depuis juin 2022, six États ont voté pour amender leur constitution concernant l’avortement. Dans tous les cas, de la Californie à l’Ohio, le côté de la proposition en faveur d’une moindre réglementation de l’avortement a gagné. Au vu de ces victoires, 13 autres États, dont des bastions républicains comme la Floride et le Dakota du Sud, tenteront de faire de même avant la fin de l’année. Les mêmes résultats semblent désormais pratiquement garantis dans tous les États où la constitution peut être amendée par proposition de vote. Comme l’Ohio l’a montré, tenter de révoquer la démocratie directe après Une proposition d’avortement inscrite sur le bulletin de vote ne fait que vous faire perdre plus encore. La pente est en effet glissante.

Seule une poignée d’États comme le Tennessee, qui accorde le privilège d’amendement constitutionnel uniquement aux représentants élus, sont à l’abri de tels défis à l’avenir. Autrement dit, seuls les États dans lesquels les éléments républicains sont favorisés par rapport à la démocratie directe peuvent arrêter l’hémorragie.

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