La convention citoyenne entérine la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté en France

Salle de presse de l’AIIC, 27 février 2023 / 10 h 56 (AIIC).
Une convention citoyenne composée de membres du public français tirés au sort a voté le 19 février en faveur de la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, y compris pour les mineurs, préparant la voie à l’élaboration d’une nouvelle législation sur la fin de vie.
Le conseil de 184 membres a été convoqué par le président français Emmanuel Macron pour débattre des questions de fin de vie après que le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) du gouvernement a rendu un avisSept. 13, 2022, favorable à la légalisation du suicide assisté.
Pendant trois mois, la convention a débattu de la question : Le cadre de l’accompagnement de la fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou faut-il apporter des changements ? A l’issue du débat, 84% des membres du conseil citoyen s’accordent à dire que le cadre légal actuel ne répond pas aux différentes situations rencontrées. 66 % d’entre eux estimaient que l’aide active à mourir sous forme d’euthanasie devrait être accessible et 72 % approuvaient le suicide assisté.
En France, l’euthanasie désigne l’administration d’un agent létal par le personnel médical, tandis que le suicide assisté est l’auto-administration d’une substance létale avec l’accord préalable d’un médecin.
Pour les opposants aux modifications de la loi actuelle sur la fin de vie, l’aspect le plus inquiétant de ces discussions est le pourcentage très élevé de citoyens favorables à l’aide active à mourir pour les mineurs. En effet, 56 % d’entre eux se sont prononcés en faveur de l’extension du suicide assisté aux mineurs de moins de 18 ans et 67 % approuvent l’euthanasie des mineurs.
Le résultat de la consultation a été jugé consternant par l’association pro-vie Alliance Vita. Dans un communiqué de presse du 20 février, l’organisation a déclaré que malgré l’opposition de fortes minorités, ces votes montrent à quel point tout virage législatif vers l’aide dite active à mourir impliquerait le suicide assisté et l’euthanasie, même pour les personnes incapables de demander en conscience… à commencer par les enfants !
Une nette majorité du conseil des citoyens a toutefois estimé que l’accès à l’aide active à mourir devrait dans tous les cas être soumis à des conditions, bien que le rapport ne fournisse pas plus de détails sur ces conditions.
La qualifiant de tournant dans ce débat de société particulièrement sensible, Claire Thoury, présidente de la Commission Gouvernance de la Convention Citoyenne, a précisé en introduction du rapport que cette première phase de délibération n’avait pour but que de tracer les grandes orientations de la consultation.
Elle a indiqué que le groupe se réunirait à nouveau en mars pour une phase d’harmonisation, au cours de laquelle des propositions plus détaillées seront formulées et incluses dans le document final qui sera soumis au gouvernement le 19 mars. Ce document devrait servir de base à l’élaboration d’un nouveau facture de fin de vie.
En janvier 2021, un projet de loi parrainé par le Parti socialiste pour élargir l’accès à l’euthanasie n’a pas été adopté par le Parlement français en raison du nombre d’amendements de l’opposition législative. Cette consultation citoyenne était vue comme un moyen de légitimer l’introduction d’un nouveau projet de loi, cette fois par le parti du parti présidentiel majoritaire, dit Renaissance ou RE.
Les positions adoptées par la convention citoyenne ont confirmé les craintes de ceux qui, suite au premier avis du CCNE, craignaient que la France ne marche dans les pas de son voisin belge, dont l’approche permissive de la fin de vie a déjà donné lieu à de nombreux cas de abus. Ces dernières années, la Belgique a également autorisé l’euthanasie de plusieurs mineurs, dont le plus jeune avait 9 ans.
Macron, qui a fait de la modification du cadre de fin de vie l’une de ses promesses de campagne, a déclaré son penchant pour le modèle belge en avril de l’année dernière.
Mais des voix ont déjà commencé à s’élever dans le monde politique français suite à la publication des conclusions de la convention citoyenne. C’est le cas de l’eurodéputé François-Xavier Bellamy, dirigeant du parti de centre-droit Les Républicains et catholique autoproclamé, qui a déclaré que cette convention ne représentait qu’elle-même et n’était pas démocratique.
De son côté, la philosophe Chantal Delsol a estimé dans une tribune publiée sur Le Figaro que ce changement sociétal observé en France et chez ses voisins européens est le symptôme d’une mutation culturelle plus profonde en Occident, remontant au dernier demi-siècle, et qu’elle attribue à l’effacement de la culture judéo-chrétienne, au profit d’un retour à l’idéal païen.
Les anciens Grecs et Romains justifiaient et même glorifiaient le suicide personnel ou accompagné, écrit-elle.
Rappelant que c’est le judaïsme puis le christianisme qui ont opéré un changement radical dans la conception de la dignité de toute vie humaine, elle a affirmé que la demande d’euthanasie active représente un retour à la situation de nos lointains ancêtres : Elle se justifie par le fait que nos contemporains ne croient plus à la dignité substantielle, qui répondait à une transcendance.
C’est une profonde rupture dans notre anthropologie culturelle, qui se reflète et se décline dans tous les domaines de la vie, dont le suicide assisté est un aspect, écrit-elle.
Le changement culturel progressif qui affecte désormais la France suscite également des inquiétudes au Vatican. Lors d’une audience avec un groupe d’élus français à la veille de l’ouverture du débat national en octobre dernier, le pape François les a exhortés à s’opposer à l’euthanasie et à son principal corollaire, la culture du jetable.
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