La Colombie accepte un cessez-le-feu avec les cinq plus grands groupes armés
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Le gouvernement colombien a accepté un cessez-le-feu de six mois avec les cinq plus grands groupes armés toujours actifs malgré un pacte de paix de 2016 qui n’a pas mis fin à la violence dans le pays en proie aux conflits.
Le président Gustavo Petro, le tout premier président colombien de gauche, qui a déclaré vouloir « la paix totale » dans le pays, a annoncé la trêve sur Twitter.
Hemos acordado un cese bilateral con el ELN, la Segunda Marquetalia, el Estado Mayor Central, las AGC y las Autodefensas de la Sierra Nevada desde el 1 de enero hasta el 30 de junio de 2023, prorrogable segn los advances in las negociaciones.
La paix totale ser una realidad.
— Gustavo Petro (@petrogustavo) 1 janvier 2023
« Nous avons convenu d’un cessez-le-feu bilatéral avec l’ELN, la Deuxième Marquetalia, l’État-major central, l’AGC et les Forces d’autodéfense de la Sierra Nevada du 1er janvier au 30 juin 2023 », a tweeté Petro le soir du Nouvel An.
Le cessez-le-feu a été déclaré « prorogeable en fonction de l’avancement des négociations ».
Malgré le pacte de paix qui a vu la guérilla des FARC désarmer en 2017, les groupes armés restent enfermés dans des conflits meurtriers sur les revenus du trafic de drogue et d’autres activités illégales, selon l’Institut d’études sur le développement et la paix (Indepaz), un groupe de réflexion indépendant.
La Colombie est le plus grand producteur de cocaïne au monde.
Le gouvernement, dans un communiqué publié dimanche, a déclaré que le cessez-le-feu serait surveillé par les Nations Unies, le médiateur colombien des droits de l’homme et l’Église catholique.
Les pourparlers de paix avaient été suspendus sous le gouvernement d’Ivan Duque (2018-2022), mais Petro a repris les négociations peu après son entrée en fonction le 7 août.
Jusqu’à présent, les négociations avec divers groupes armés – avec un total combiné de plus de 10 000 combattants – n’ont pas réussi à mettre fin à une spirale de violence qui engloutit le pays.
Indepaz a enregistré près de 100 massacres l’année dernière.
50 ans de conflit
L’Armée de libération nationale (ELN), dernière insurrection reconnue dans le pays, négocie avec le gouvernement depuis novembre.
Le 19 décembre, il a annoncé un cessez-le-feu unilatéral jusqu’au 2 janvier.
Le gouvernement a alors appelé d’autres groupes à se joindre à la trêve.
La Segunda Marquetalia et l’état-major central – factions dissidentes des FARC qui ont rejeté le pacte de paix de 2016 – ont tenu des pourparlers exploratoires séparés avec le gouvernement.
AGC, le plus grand gang de drogue du pays, est composé de restes de paramilitaires d’extrême droite qui se sont démobilisés au début des années 2000 sous la présidence d’Alvaro Uribe.
Le gouvernement offre aux groupes « un traitement bienveillant du point de vue judiciaire » en échange « d’une remise d’actifs, d’un démantèlement de ces organisations et de la possibilité qu’elles cessent d’exercer ces économies illicites », a récemment déclaré à l’AFP le sénateur Ivan Cepeda.
Le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Colombie, Carlos Ruiz Massieu, a salué dimanche l’annonce de Petro.
« Les Nations unies soutiennent tous les efforts visant à réduire la violence dans les territoires, à protéger les communautés touchées par le conflit et à construire la paix en Colombie », a-t-il déclaré sur Twitter.
Le bureau de l’ombudsman des droits de la Colombie, pour sa part, a déclaré qu’il serait vigilant pour vérifier « que la cessation des actions armées par des groupes armés illégaux est respectée ».
Certains dissidents ont refusé de déposer les armes aux côtés des FARC lorsque la redoutable armée rebelle a signé un accord mettant fin à plus de cinq décennies de conflit.
La Colombie a subi plus de 50 ans de conflit armé entre l’État et divers groupes de guérilleros de gauche, de paramilitaires de droite et de trafiquants de drogue.
Il y a encore environ 90 groupes politiques et criminels opérant dans le pays, selon Indepaz.
Lorsque Petro a pris le pouvoir en août dernier, il s’est engagé à négocier avec tous les groupes armés colombiens dans le cadre de sa politique de « paix totale ».
Mais le parti de droite du Centre démocratique d’Uribe a rejeté l’approche de la « paix totale » comme « la défense du crime et de l’impunité ».
Le cessez-le-feu était « une capitulation inacceptable de l’Etat devant les groupes armés illégaux », a tweeté dimanche Andres Forero, membre du Congrès du Centre démocrate.
(AFP)