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La CEDH estime que la condamnation de la France dans un procès en diffamation a violé le droit à la liberté d’expression

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a jugé mercredi que la France avait porté atteinte aux droits d’une femme reconnue coupable de diffamation après avoir accusé un dirigeant d’une entreprise de harcèlement sexuel sur son lieu de travail. Les accusations ont été envoyées par courrier électronique à six personnes, dont des membres internes et externes de son entreprise.

La CEDH, dans son arrêt pour Alle v. France, a statué sur la base de l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui garantit le droit à la liberté d’expression. Le tribunal a souligné que le courrier électronique, pour lequel le requérant a été condamné pénalement, avait été envoyé dans une situation complexe où travail et vie privée étaient étroitement liés. Le tribunal a souligné que l’e-mail, bien que traitant d’un sujet sensible, n’était pas destiné à être diffusé publiquement et avait été envoyé à un nombre limité de destinataires, dont la plupart étaient directement impliqués ou habilités à recevoir des rapports de harcèlement.

Le tribunal a critiqué les tribunaux nationaux pour leur interprétation trop stricte des conditions d’exonération de la responsabilité pénale du requérant, considérant à tort l’e-mail comme public. Elle souligne le droit de la requérante à s’exprimer avec ferveur en tant que victime présumée et critique la charge de la preuve excessive qui lui est imposée. Constatant une violation de l’article 10 en raison de restrictions disproportionnées à la liberté d’expression, le tribunal a condamné la France à verser au requérant 8 500 EUR pour dommages et intérêts et 4 250 EUR pour frais et dépens.

Selon les faits exposés dans le jugement, Vanessa Alle, une ressortissante française employée dans une association éducative confessionnelle, aurait été victime de harcèlement de la part d’un cadre. Suite à sa demande de mutation, son mari a également accusé le cadre de harcèlement et d’agression par SMS. Alle a ensuite envoyé un e-mail détaillant les allégations, entre autres au directeur général de l’association. Par la suite, son mari a publié des messages sur Facebook, ce qui a donné lieu à des accusations privées de diffamation à leur encontre. Le tribunal correctionnel de Paris les a reconnus coupables et leur a infligé des amendes. La Cour d’appel de Paris a confirmé la décision mais a réduit l’amende, et la Cour de cassation l’a confirmé. Alle a fait appel devant la CEDH, invoquant une violation de l’article 10. La requête a été déposée en mai 2020.

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