La carte « Kurdistan » de France 24 contribue à la « légitimité » du PKK : des experts
Le radiodiffuseur public français France 24 se retrouvera probablement dans l’eau chaude pour la couverture médiatique soutenant le groupe terroriste PKK. Une semaine seulement après de violentes émeutes de partisans du groupe, France 24 a publié un rapport controversé qui comprenait une carte montrant les territoires turcs comme faisant partie de ce qu’ils appelaient un territoire méritant l’indépendance et évitait de qualifier le groupe de terroristes. Le PKK est officiellement reconnu comme groupe terroriste par l’Union européenne, dont la France est membre.
Le reportage des radiodiffuseurs intitulé Les Kurdes, une nation sans État : Un combat d’un siècle pour les droits et l’autonomie, limite de manière controversée la reconnaissance du PKK en tant que groupe terroriste à Trkiye, où sa campagne de violence a fait des milliers de morts depuis les années 1980. Il affirme que les Kurdes sont le plus grand groupe ethnique sans État et qu’ils subissent des pressions de la part de Trkiye, d’Irak, de Syrie et d’Iran. En plus de la carte susmentionnée, le rapport est parsemé d’images de partisans du PKK portant des affiches de son chef emprisonné Abdullah Calan. Il dit également que Trkiye rejette l’identité kurde.
Commentant le reportage de France 24, Talha Kse, coordinatrice bruxelloise et directrice de la société et des médias à la Fondation Trkiyes pour la recherche politique, économique et sociale (SETA), a déclaré que la source médiatique cherchait à légitimer le PKK. Se référant aux récentes émeutes, Kse a déclaré jeudi à l’Agence Anadolu (AA) que la France avait autorisé et même soutenu ces manifestations.
Les manifestations étaient en effet une démonstration de force du groupe terroriste, un acte d’intimidation. Mais ils (le PKK) ne sont pas inacceptables car ils constituaient une menace pour la sécurité publique. (Pour le PKK), les protestations ont créé une image négative. D’autre part, cela a rendu le groupe terroriste plus visible pour le public. Il est prudent de dire que (le reportage de France 24) était un moyen de légitimer le PKK et de le présenter sous un jour positif. Il essaie de montrer que le PKK n’est pas si mauvais que ça », a-t-il déclaré.
C’est une politique de l’Etat pour la France de soutenir (les activités des sympathisants du PKK). Les groupes de gauche les approuvent, mais d’autres parties de la société sont mal à l’aise avec eux. Je crois que ce rapport cherchait à atténuer ce malaise tout en servant en même temps de pièce de propagande pour le PKK, a-t-il dit.
Kse a également noté que les pays impérialistes exploitaient les minorités et poursuivaient une approche générale consistant à exercer une pression sur Trkiye et la diaspora turque en Europe par le biais des Kurdes.
Oytun Orhan, coordinateur des études sur le Levant au Centre d’études stratégiques du Moyen-Orient (ORSAM), a déclaré à AA que la France a longtemps été l’un des pays européens où le PKK a facilement trouvé refuge pour ses activités et qu’elle a également soutenu l’aile syrienne du PKK, le YPG, en Syrie. Mais ces groupes, avec le temps, peuvent devenir une menace pour les pays qui les soutiennent. C’est ce qui s’est passé récemment en France, dit-il.
Orhan a déclaré que la France avait une lourde responsabilité dans les problèmes qui affligent encore la région des décennies après la Première Guerre mondiale. Le rapport de France 24 indique que les Kurdes ont cherché à établir leur patrie depuis l’effondrement de l’Empire ottoman. Les plans des pays impérialistes pendant et après la guerre pour partager la région et les frontières artificielles qu’ils ont créées sont à la base de nombreux problèmes. L’Empire ottoman a permis la coexistence de différentes communautés dans la paix, mais après son effondrement, l’instabilité a régné dans la région, a-t-il déclaré.
Le meurtre de trois personnes le 23 décembre 2022 à Paris par un tireur isolé lors d’une attaque contre un centre culturel kurde a ouvert la voie à des émeutes de partisans du PKK. Rassemblés dans le quartier au lendemain pour « protester » contre l’attaque, ils se sont affrontés avec la police et ont blessé plus de 20 policiers qui intervenaient. Les émeutes ont attiré l’ire de Trkiye, le ministre des Affaires étrangères Mevlt avuolu ayant déclaré à son homologue française Catherine Colonna lors de pourparlers après les émeutes que la France avait vu le vrai visage des organisations terroristes avec cet incident.
La propagande lancée par le PKK et les YPG contre Trkiye en utilisant l’attaque comme excuse, ainsi que les politiciens français posant avec des photos de chefs terroristes et des banderoles sont inacceptables, a déclaré le ministre, exhortant la France à ne pas laisser la propagande terroriste proliférer sans responsabilité. dans le pays.
Trkiye s’est alarmé des récents incidents et a demandé aux pays occidentaux de freiner le soutien public au PKK, qui se nourrit du trafic d’êtres humains, de la drogue et du crime organisé dans tout le bloc. En outre, le ministère des Affaires étrangères a convoqué l’envoyé français à Ankara pour exprimer les inquiétudes de Trkiyes concernant la propagande diffusée par les sympathisants du PKK, ainsi que la question du soutien au groupe par certains politiciens français.