Il est temps pour la France d’amplifier son leadership climatique

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne représentent en aucun cas la position éditoriale d’Euronews.

En augmentant les investissements dans les énergies renouvelables et en faisant preuve d’un leadership fort, la France doit renforcer sa position de leader mondial en matière de climat et inciter d’autres pays à emboîter le pas, écrivent Soraya Fettih et Andreas Sieber.

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Alors que les nations sont aux prises avec la tâche monumentale de la transition vers les énergies renouvelables et du renforcement de la résilience climatique, la nécessité de mécanismes équitables pour financer la transition est devenue centrale.

Lors de la prochaine réunion ministérielle du G7 sur le climat, la France a une occasion unique de faire preuve de leadership en matière d’action climatique.

Cette année, surnommée l’année du financement climatique, la France devrait être à la tête du bloc européen et de ses autres grandes économies avec des dollars et des actions décisives.

La pression s’accentue pour remplacer l’objectif de 100 milliards de dollars (93,3 milliards) par an, fixé à Copenhague en 2009, par un nouvel objectif collectif quantifié. La France, qui joue un rôle central dans diverses initiatives clés, doit saisir cette opportunité pour être le fer de lance de solutions de financement innovantes.

Les actions de la France méritent d’être célébrées mais il y a encore place à l’amélioration

Le président Emmanuel Macron a pris quelques mesures pour s’éloigner de la dépendance aux combustibles fossiles qui a caractérisé la politique française au cours des décennies précédentes.

Lors des négociations de l’ONU sur le climat en 2021, la France est devenue signataire du Partenariat pour la transition énergétique propre (CETP), un accord destiné à accélérer la transition énergétique et à propulser l’Union européenne vers la neutralité carbone d’ici 2050. Dans le cadre de cet accord, Macron a livré sur le retrait des finances publiques internationales des combustibles fossiles.

Puis, en juin de l’année dernière, Macron a accueilli à Paris le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, où il a proposé le « Pacte de Paris pour les peuples et la planète », une feuille de route pour la réforme du système financier international, qui a maintenant été approuvée par plus de 40 États.

Plus tard cette année-là à Dubaï, les négociations annuelles des Nations Unies sur le climat ont abouti à un accord capital : un objectif mondial en matière d’énergies renouvelables appelant à tripler la capacité d’énergie renouvelable et à doubler l’efficacité énergétique d’ici 2030.

Lors des négociations, la France s’est engagée à contribuer à hauteur de 173 millions d’euros à différents fonds multilatéraux pour le climat.

Le week-end dernier, lors des réunions du G20, de la Banque mondiale et du FMI, les ministres des Finances du Brésil et de la France ont mené des discussions, ensuite approuvées par le FMI, sur la mise en œuvre d’un impôt sur la fortune d’au moins 2 % par an de la richesse des milliardaires afin de lever des fonds pour lutter contre le changement climatique parmi les milliardaires. autres issues.

Ce sont toutes des actions qui méritent d’être célébrées. Cependant, il existe des domaines notables d’hypocrisie et d’importantes marges d’amélioration.

La liste de choses à faire qui ne cesse de s’allonger

En plus de se désengager des combustibles fossiles, Macron doit s’engager à réorienter réellement l’argent public vers le développement des énergies renouvelables dans les pays du Sud, avant le sommet COP29 qui se tiendra plus tard cette année.

La France doit respecter ses engagements internationaux sans les utiliser comme substituts commodes à l’accomplissement de ses responsabilités intérieures, pour ensuite les ignorer et les abandonner, comme elle l’a malheureusement fait dans le passé.

Sur le front énergétique national, la France n’est pas en bonne voie pour atteindre ses objectifs en matière d’énergies renouvelables dans le cadre de la directive européenne sur les énergies renouvelables adoptée en mars de l’année dernière.

Dans le cadre de cet accord, l’UE doit collectivement atteindre une part de 42,5 % d’énergies renouvelables dans sa consommation brute d’énergie d’ici 2030, la France atteignant une part de 44 % au niveau national.

Le mois dernier, le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a qualifié cet objectif de « trop ​​restrictif ». En raison de ces manquements, le gouvernement a été condamné pour inaction climatique par son plus haut tribunal administratif.

Avec une récente réduction du budget national de 2,5 milliards pour l’action climatique, il est temps que la France cesse de jouer un double jeu et s’aligne sur ses engagements tant au niveau national qu’international.

Plus tard ce mois-ci, Patrick Pouyann, PDG du conglomérat pétrolier français TotalEnergies, sera entendu au Sénat dans le cadre de la commission d’enquête sur Total et ses liens avec l’État.

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Cette enquête émerge dans un contexte de visibilité croissante de la diplomatie française en matière d’énergies fossiles. Mdiapart rapportait en mars 2024 qu’une ambassade française sur trois relayait les communications des sociétés pétrolières et gazières, selon leurs calculs.

Un tel soutien étatique suscite des inquiétudes quant à l’alignement de la doctrine diplomatique française sur les engagements climatiques de la nation.

Un exemple illustratif est l’attribution récente de nouvelles concessions de gaz GNL à TotalEnergies, notamment en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où des salariés de TotalEnergies faisaient partie de la délégation française en visite dans le pays.

Assez de gestes symboliques, il nous faut des actions concrètes

La France est bien placée pour donner la priorité au financement des énergies renouvelables à travers des initiatives telles que la CETP en réorientant les fonds publics des combustibles fossiles vers des solutions d’énergies renouvelables.

Ce faisant, il peut contribuer à uniformiser les règles du jeu pour les pays touchés de manière disproportionnée par la crise climatique et encourager les États membres européens et les plus grandes économies mondiales à suivre son exemple.

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Le véritable leadership nécessite plus que de simples gestes symboliques ; cela exige une action concrète. En tant que membre éminent de la communauté internationale, la France joue un rôle crucial dans l’action climatique mondiale. La France joue actuellement un double jeu :

Des questions telles que le financement de la transition et la responsabilisation des pollueurs sont évoquées de manière récurrente sur la scène internationale et régionale, pour ensuite être commodément écartées et oubliées.

De plus, le gouvernement français cherche souvent à tirer parti de ses engagements internationaux pour faire avancer son propre agenda, comme on le voit par exemple dans le cas des projets GNL.

Cette duplicité doit cesser, ouvrant la voie à des mesures décisives et immédiates pour financer la transition mondiale et maintenir une véritable adhésion aux engagements internationaux. Cela implique de réaffecter les fonds des combustibles fossiles vers des sources d’énergie vertes comme les éoliennes et les panneaux solaires.

Les actions, les investissements et les politiques se répercutent au-delà des frontières, influençant d’autres nations et façonnant la réponse mondiale à la crise climatique.

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En augmentant les investissements dans les énergies renouvelables et en faisant preuve d’un leadership fort en prônant un impôt sur la fortune, un allégement de la dette, une restructuration du système financier mondial vers la justice et en laissant les combustibles fossiles de côté, la France doit renforcer sa position de leader mondial en matière de climat et inspirer d’autres pays à emboîter le pas.

Soraya Fettih est chargée de campagne française et Andreas Sieber est directeur associé pour les politiques et campagnes mondiales sur 350.org.

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