Grands Lacs:

Monsieur le Président,

Je remercie l’Envoyé spécial pour sa présentation.

Je vais me concentrer sur trois points.

Premièrement, il est impératif que les initiatives de paix pour la région produisent des résultats concrets.

En fin de semaine dernière, les combats entre les FARDC et le M23 ont repris, entraînant des morts parmi les civils et des déplacements massifs. Plusieurs autres groupes armés, dont les ADF et CODECO, multiplient les attaques. La France appelle tous les groupes armés congolais à participer sans condition au programme de Désarmement, Démobilisation, Réhabilitation et Stabilisation des Communautés. Les groupes armés étrangers doivent immédiatement déposer les armes et retourner dans leur pays d’origine.

Dans la continuité des initiatives régionales pour tenter de rétablir la paix, le dialogue doit être maintenu entre les États de la région. Les engagements qui ont été pris, que ce soit dans le cadre de la feuille de route de Luanda ou lors de la réunion organisée en septembre à New York sous l’égide du président de la République française, doivent produire des résultats concrets. Je pense notamment au retrait du M23 de toutes les localités occupées et à la coopération pour mettre fin à l’action des groupes armés, dont les FDLR.

Les consultations intra-congolaises doivent se poursuivre. Lorsque la Force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est est déployée, la protection des civils doit être au cœur de son mandat. Le respect du droit international humanitaire et la coordination avec la MONUSCO seront également les conditions de son efficacité.

Pour tous ces processus, le soutien de l’Envoyé spécial est essentiel et doit se poursuivre. Votre soutien notamment à la participation de la société civile, des femmes et des jeunes à toutes ces initiatives politiques sera précieux.

Deuxièmement, une paix durable nécessitera de désarmer les anciens combattants, de protéger les plus vulnérables et de garantir la justice.

Les mesures militaires seules n’apporteront pas la paix. Dans la région, des mécanismes solides doivent être créés pour la reddition et le rapatriement des anciens membres des groupes armés. Il est donc urgent que le Groupe de contact et de coordination soit opérationnel. Le retour durable des réfugiés et des personnes déplacées par les conflits doit également être assuré.

Le renforcement de la coopération judiciaire doit également se poursuivre avec la mise en œuvre de la Déclaration de Kinshasa adoptée en juin dernier. Le lancement des consultations nationales sur la justice transitionnelle dans quatre provinces congolaises est un pas de plus vers la justice et la paix.

Ce même esprit de coopération doit prévaloir entre les États de la région pour prévenir et combattre le terrorisme. C’est pourquoi la France apportera cette année un soutien financier au Bureau des Nations unies contre le terrorisme afin de renforcer les capacités de tous les États de la région.

Enfin – et c’est mon troisième point – la lutte contre le trafic des ressources naturelles, dont vous avez parlé, Monsieur l’Envoyé spécial, doit aller de pair avec un développement durable au bénéfice des populations.

L’exploitation illégale des ressources naturelles continue de financer les activités des groupes armés. Cette richesse naturelle doit au contraire être un facteur de développement. Pour cela, le commerce des ressources doit être réglementé et contrôlé. Les Etats de la région doivent transposer et appliquer les recommandations de la CIRGL concernant l’exploitation des minerais. Comme l’indique le plan d’action des envoyés spéciaux, des initiatives locales sont également nécessaires. Je pense notamment au travail à faire avec les petits orpailleurs.

Enfin, les initiatives de développement au profit de la population doivent être multipliées. Rien que ce mois-ci, l’Union européenne a accordé 25 millions d’euros à la République démocratique du Congo pour faire face à la crise alimentaire. En développant de nouvelles filières agricoles, les systèmes alimentaires seront plus diversifiés et durables.

Les sources de croissance économique doivent également être exploitées. Au Rwanda, l’Agence française de développement engage près de 200 millions d’euros sur la période actuelle pour investir dans le capital humain, le numérique et la finance verte.

Monsieur le Président,

À la veille du dixième anniversaire de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, les États de la région doivent redoubler d’efforts, avec notre soutien, pour préserver les acquis de cette décennie. Ils pourront compter, comme l’a fait l’envoyé spécial, sur le soutien total de la France.

Je te remercie./.

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