Gaz lacrymogènes et interdictions de casseroles alors que Macron fait face à une nouvelle colère contre les retraites
Après avoir affronté mercredi des électeurs hostiles dans l’est de l’Alsace, le chef de l’Etat de 45 ans s’est rendu jeudi dans le sud de l’Hérault pour évoquer l’éducation.
« Je ne vais pas démissionner, je vous le promets », a déclaré l’homme de 45 ans à une femme qui l’a exhorté à se retirer de la réforme des retraites, qui a été promulguée la semaine dernière après trois mois de manifestations et de grèves de masse.
« Tu te fous de ce que veulent les gens, » répondit-elle.
Les déplacements de Macron hors de Paris visent à signaler sa volonté de tourner la page sur les modifications des retraites et de démontrer qu’il ne se cache pas des électeurs, dont beaucoup ont été indignés par la manière dont la législation a été adoptée.
Les partisans espèrent que la vue de l’ancien banquier d’investissement réprimandé pourrait servir de soupape de pression, aidant à libérer une partie de la frustration refoulée face à un changement opposé par les deux tiers du pays.
« Même quand on lui crie dessus dans la rue, à la fin les gens disent ‘au moins, il est coincé' », a déclaré cette semaine à l’AFP un député du parti au pouvoir sous couvert d’anonymat.
Mais un sondage d’Odoxa-Backbone Consulting, publié jeudi par le journal Le Figaro, fait sombre pour le gouvernement.
Il suggérait que 59% des personnes pensaient que Macron avait tort de vouloir passer à des questions autres que les retraites, et seulement 22% des personnes pensaient que le président avait été convaincant dans un discours national lundi soir.
Le salaire des enseignants
Disant vouloir « reconnaître et mieux payer les enseignants », le président sous le feu a annoncé jeudi dans le village de Ganges qu’ils recevraient entre 100 et 230 euros (110-250 dollars) de plus par mois après impôts à partir de septembre.
Une réunion avec des parents et des enseignants a dû être déplacée à l’extérieur lorsque des travailleurs du syndicat d’extrême gauche CGT ont coupé l’électricité de l’école Louise-Michel en signe de protestation.
Avant son discours, la police a tiré des gaz lacrymogènes lorsque des centaines de personnes ont crié « Macron, démissionnez ! » et sifflant essayèrent d’avancer vers l’école.
Certains d’entre eux ont jeté des œufs et des tomates sur les forces de sécurité.
Les autorités locales ont également annoncé une interdiction des « équipements audio portables » qui, selon un porte-parole, étaient destinés à cibler les amplificateurs et les haut-parleurs.
Mais le responsable régional du syndicat CGT, Mathieu Guy, a déclaré à l’AFP que des manifestants avaient également été empêchés d’entrer dans la zone sécurisée proche de l’école avec des casseroles ainsi que des flûtes locales, appelées « fifres ».
Les opposants politiques de gauche de Macron ont exhorté leurs partisans à frapper les casseroles lors du discours télévisé de Macron à la nation lundi soir et la tactique de protestation séculaire est devenue un signe audible de mécontentement face à la politique de Macron.
« Chez moi, les casseroles et les œufs, c’est pour cuisiner », a plaisanté Macron jeudi à un député de l’opposition locale qui lui a rappelé les manifestations.
Couvercle sur les casseroles
L’interdiction apparente des casseroles a conduit au ridicule jeudi, le porte-parole du parti communiste Ian Brossat déclarant qu’il « ne pouvait pas attendre la législation qui interdira la vente de casseroles ».
« Est-il possible de sortir d’une crise démocratique en interdisant les casseroles ? a demandé la principale députée verte Sandrine Rousseau.
On pense que frapper des casseroles en France rappelle un rituel du Moyen Âge dans lequel les villageois cherchaient à humilier un mariage mal assorti – généralement un veuf avec une mariée beaucoup plus jeune – avec un concert de casseroles, ou « casseroles » comme ils sont connus en français.
Il a pris une tournure politique dans les années 1830 en France après la Révolution de Juillet qui a conduit à l’abdication du roi Charles X.
S’adressant aux électeurs mercredi, Macron a de nouveau affirmé que le relèvement de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans était nécessaire pour aider la France à réduire ses dépenses publiques et à aligner le pays sur ses voisins européens.
Des manifestants ont également pénétré de force dans le siège de l’empire du luxe LVMH jeudi dernier.
Certains cheminots ont également recommencé en grève jeudi, forçant l’annulation d’un train régional sur cinq et de certains services de banlieue.