Frédéric Péchier, l’anesthésiste accusé de 30 empoisonnements, vu par son confident

Justice – Une affaire sans précédent, dans l’histoire judiciaire française. L’essai d’anesthésiste Frédéric Péchieraccusé d’avoir empoisonné trente patients âgés de 4 à 89 ansEntre 2008 et 2017, provoquant la mort de douze d’entre eux, a commencé ce lundi 8 septembre devant la Cour d’assise des doubs. Plus de 150 parties civiles seront représentées pendant Cette procès-verbalprévu de durer plus de trois mois.

Le point de départ de ce dossier tentaculaire est l’arrêt cardiaque, en janvier 2017, d’une jeune femme de 36 ans, Sandra Simard, lors d’une opération de retour à la Saint-Vincent Clinic, à Besançon. Une concentration potentiellement mortelle de chlorure de potassium, 100 fois plus élevée que celle prévu, est découverte dans une poche utilisée pendant l’opération. L’incident est ajouté à une longue liste d’événements indésirables graves (eig, nom utilisé dans le jargon médical) se produisant dans cet établissement privé, et pousse la direction à alerter l’accusation.

Deux mois plus tard, Frédéric Péchier, a été inculpé pour empoisonnement avec préméditation: trois à la Polyclinique de Franche-Comté, qu’il fréquente depuis quelques mois, et quatre à la Saint-Vincent Clinic où il travaille depuis plusieurs années. Il sera à nouveau inculpé en 2019, puis en 2023, portant le total des cas à trente.

Pour sa part, Frédéric Péchier, qui fait face à la prison à vie, a toujours proclamé son innocence.

Alors qu’il est régulièrement décrit par la presse et par l’accusation en tant que menteur, tricheur, imprégné de lui-même ou conflictuel, Plana Redanovic a essayé de rédiger un autre profil de ce suspect inhabituel. Dans le cadre de son livre Le temps qu’il a quitté (Éd. Michalon)Publié jeudi 4 septembre, le journaliste a fait enquêter sur divers RTL et a maintenu des échanges réguliers avec Frédéric Péchier depuis 2019. HuffpostElle revient à cette affaire.

Le procureur de Besançon, Étienne Manteaux, a déclaré que cette affaire était « Undonfer dans les annales ». Qu’est-ce qui est si extraordinaire?

Tout d’abord par l’histoire elle-même. Il n’est pas courant à un médecin, censé sauver la vie des gens, se retrouve accusé de tuer. Il invoque également une peur universelle: celle de ne jamais se réveiller après une anesthésie. Il est également extraordinaire par son ampleur, Frédéric Péchier étant accusé de trente empoisonnements volontaires. C’est énorme. La durée sur laquelle s’étend des faits est également très longue. Enfin, le profil du suspect est sans précédent. Nous avons été confrontés à un accusé qui a proclamé son innocence dès le début et qui est toujours resté libre; Il est extrêmement rare dans un essai d’assistance de cette ampleur.

Quel homme était Frédéric Péchier au début de l’affaire en 2017?

Comme je l’explique au début de mon livre, sa première garde à vue en 2017 est une explosion parce que c’est quelqu’un à qui tout a réussi, sur papier. À l’époque, il avait 45 ans, il était un homme plutôt beau et a une grande confiance en soi. Il est présenté comme l’anesthésiologiste des étoiles dans sa région, il est très bien payé, a une belle maison d’architecte, une femme – médecin aussi – dont il est amoureux et avec qui il a trois enfants. Ils ont des amis, partent régulièrement en vacances à l’autre bout du monde. Tout va bien.

Comment décririez-vous le profil de l’homme que vous avez rencontré régulièrement depuis 2019?

En 2019, je rencontre un homme sur le terrain, très souvent sous des médicaments ou sous l’alcool, qui dort très peu. Il est retourné vivre avec ses parents, à Poitiers, dans sa salle des adolescents. Il n’a plus de revenus et passe ses journées à relire le dossier. Il a notamment tenté le suicide en 2021.

Pour lui, je suis quelqu’un à qui il peut expliquer les choses, pour se confier. Au début, je ne suis pas très à l’aise. Je fais mon travail mais je me demande si je ne fais pas face à un tueur en série. Quand j’en parle avec des spécialistes, ils me demandent si devant lui, je ressens un sentiment d’étrangeté, quelque chose qui ne reste pas. Ils m’expliquent qu’une personne qui commet un meurtre ou un assassinat peut être complètement insérée, semblent normale, mais pas un tueur en série, pas sur des échanges aussi longs. Je n’ai jamais eu ce sentiment d’étrangeté devant lui. Pour moi, la personnalité de Frédéric Péchier est libérée dans ce dossier.

Frédéric Péchier, l’anesthésiste accusé de 30 empoisonnements, vu par son confident

L’édition Michalon Plana Radenovic a publié un livre sur l’affaire Péchier, sorti ce jeudi 4 septembre à Michalon Editions.

L’une des expertise psychologique le décrit cependant comme un criminel « Organisé en mode pervers »

Pour schématiser, trois expertises sur quatre disent que c’est normal. En effet, il y a en un, l’expertise psycho-criminologique, qui colle à l’accusation. Mais il convient de noter qu’il a été fait sans rencontrer Frédéric Péchier. Lire les différentes expertise, celle qui m’a convaincu est l’expertise de Daniel Zagury, un psychiatre très reconnu. Selon lui, Frédéric Péchier n’a pas le profil d’un tueur en série.

Il a toujours proclamé son innocence. Quelle est sa défense?

Pour lui, le point de départ est biaisé. 30 eig est conservé, sur une liste de 70, fournis par la clinique à l’agence de santé régionale. Selon la défense, l’accusation a trié les affaires qui se sont tenues à une idée préconçue que le docteur Péchier est coupable, rejetant les années quarante. De plus, il n’y a pas de preuve officielle, pas d’admission, pas de témoin, pas de scène de crime, à l’exception d’une affaire. Pour lui, cela peut être un dysfonctionnement de la clinique, des erreurs médicales de collègues.

Les deux mobiles mentionnés dans le cas sont le désir de démontrer ses qualités de réanimation et un désir de vengeance envers certains collègues avec lesquels il était en conflit. Qu’est-ce que cela répond à cela?

Le mot qu’il utilise est «Aberrant». Il reconnaît qu’il était en conflit avec des collègues, mais pas de là pour tuer des gens.

Quelle attitude devons-nous attendre de lui lors de l’ouverture du procès le lundi 8 septembre?

Je l’ai vu il y a quelques jours, il est serein et combatif. Il a beaucoup d’arguments spécifiques du dossier judiciaire à apporter. Il se battra sur chaque point qui sera abordé. Son ex-femme (avec qui il a divorcé en 2021) sera présente et témoignera, tout comme les anciens collègues médecins et amis. Ses trois enfants seront également au procès.

Pourquoi les avocats de Frédéric Péchier menacent de se retirer quelques jours du procès

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