France : les syndicats agricoles réclament la fin des barrages routiers DW 01/02/2024
Les agriculteurs protestataires en France ont été encouragés à retirer leurs tracteurs des routes et à lever les barrages routiers après qu’un chef du syndicat a déclaré que le gouvernement avait répondu à leurs doléances concernant les salaires, les impôts et la réglementation.
Arnaud Gaillot des Jeunes Agriculteurs (JA) a déclaré jeudi que des promesses d’aide financière et d’autres aides avaient été obtenues de la part du gouvernement et qu’il était temps de changer de stratégie.
« Nous avons décidé de suspendre les barrages (…) et de passer à une nouvelle forme de mobilisation », a déclaré Gaillot lors d’une conférence de presse aux côtés d’Arnaud Rousseau, président du plus grand syndicat rural, la FNSEA, proche des JA.
« Nous disons qu’il faut transformer l’action, en disant aux gens qu’ils doivent rentrer chez eux parce qu’il y a aussi des gens qui ont un travail à faire, il y a aussi des gens qui sont loin de chez eux depuis très longtemps », a déclaré Rousseau.
Le secteur agricole européen est confronté à une crise majeure et doit modifier « profondément » ses règles, a déclaré le président français Emmanuel Macron à Bruxelles.
« Nous n’hésiterons pas à reprendre les blocages »
Après près de deux semaines de manifestations perturbatrices à travers la France, les tensions se sont quelque peu apaisées après que le nouveau Premier ministre Gabriel Attal et son cabinet ont promis des paiements en espèces, un assouplissement des réglementations et des protections contre les produits étrangers moins chers – la deuxième vague de concessions du gouvernement en une semaine.
Le président de la FNSEA, Rousseau, a salué de « réels progrès » et a déclaré qu’Attal « écoutait… pour essayer de comprendre ce qui est en jeu pour nous, nous invitait, discutait, discutait et annonçait des mesures d’urgence ».
Il a déclaré qu’il s’attend à voir des « premiers résultats » d’ici l’ouverture du salon phare du Salon de l’Agriculture, à la fin de ce mois.
« Si ces balises ne sont pas respectées, nous n’hésiterons pas à reprendre une mobilisation générale », a ajouté le patron de JA Gaillot.
Toujours de la frustration envers l’Union européenne
Il reste à voir si les agriculteurs qui bloquent encore des dizaines d’autoroutes et de centres logistiques à travers le pays suivront l’appel à se retirer, d’autant plus que de nombreuses revendications ne sont toujours pas satisfaites au niveau européen.
Les manifestations se sont poursuivies jeudi à Bruxelles, en Belgique voisine, alors même que les dirigeants de l’Union européenne se réunissaient pour conclure un accord sur l’aide à l’Ukraine.
L’UE a annoncé ces derniers jours une dérogation temporaire aux règles imposant la mise en jachère de certaines terres agricoles, l’une des principales revendications des agriculteurs français.
Le bloc pourrait également limiter les importations de certains produits agricoles ukrainiens, sur lesquels les droits de douane ont été abaissés après l’invasion russe en 2022.
Le gouvernement français a salué ces mesures comme une victoire de son lobbying, mais elles se sont avérées insuffisantes pour satisfaire tous les agriculteurs.
Le patron du syndicat Rousseau a critiqué la « surdité » face aux malheurs des agriculteurs au niveau européen et a fustigé un « incompréhension croissante entre une structure technocratique murée dans ses bureaux bruxellois et la réalité de ce que nous vivons dans nos exploitations ».
mf/sms (Reuters, AFP)