France dubious about EU-wide ‘net-zero soil artificialisation’ target
La France n’est « pas persuadée » que son objectif « zéro artificialisation » d’ici 2050 doive être étendu au niveau européen, même si des discussions sont actuellement en cours sur une directive européenne sur la surveillance et la résilience des sols.
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En juillet dernier, la Commission européenne a proposé une directive sur la surveillance et la résilience des sols afin de garantir que tous les écosystèmes soient en bonne santé d’ici 2050.
Mentionnée pour la première fois en 2011 dans la feuille de route pour une Europe efficace dans l’utilisation des ressources, puis réaffirmée dans le 7e programme d’action pour l’environnement de l’UE. Selon les législateurs et militants verts, la nouvelle proposition de la Commission concernant une loi sur la surveillance des sols est en retard sur l’ambition initiale de donner aux sols un statut protégé. Semblable à celle de la stratégie relative à l’air ou à l’eau et aux sols pour 2030, il s’agit d’une première au niveau de l’UE en termes de gestion des terres.
Selon Rainer Baritz, expert en sols de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), les efforts en faveur de la santé des sols arrivent au bon moment. « Depuis le milieu des années 1950, la superficie urbaine totale de l’UE a augmenté de 78 %, contribuant de manière significative à l’imperméabilisation des sols et à ses impacts négatifs », a-t-il déclaré à Euractiv.
La proposition de directive sur la surveillance et la résilience des sols ne comprend pas d’objectif juridiquement contraignant visant à atteindre une perte nette de sols nulle d’ici 2050.
Mais la nouvelle directive européenne devrait néanmoins contribuer à cet objectif en établissant une définition commune de l’utilisation des sols et en obligeant les États membres à surveiller ce phénomène, a déclaré un porte-parole de la Commission européenne.
Exception française
La directive européenne proposée est également similaire à la loi française sur le climat et la résilience du 22 août 2021, qui a introduit un objectif d’artificialisation nette zéro d’ici 2050.
La France ne montre cependant aucune intention d’étendre ce concept au niveau européen.
« Je ne suis pas convaincu qu’un tel objectif ait un sens au niveau européen », a déclaré le ministre français de la Transition écologique, Christophe Bchu, lors de son intervention lors de la réunion des ministres européens de l’Environnement en décembre.
Néanmoins, « un texte sur la surveillance et la résilience des sols qui s’intéresse à la durabilité de l’étalement urbain en Europe me semble essentiel », a-t-il déclaré à ses collègues européens.
Avec son objectif national juridiquement contraignant, la France fait figure d’exception en Europe. Bien que des politiques similaires existent en Allemagne, en Espagne, aux Pays-Bas et en Italie, il n’existe pas de définition juridique précise de l’artificialisation des sols, selon une étude du Sénat français publiée en septembre.
L’Allemagne et l’Italie ont chacune un objectif national, mais « ces objectifs ne sont pas juridiquement contraignants et n’ont pas été ventilés ou distribués au niveau régional ou local », indique le rapport du Sénat.
La mise en œuvre de l’objectif national et le niveau d’ambition en matière de réduction des surfaces bâties relèvent principalement des Länder allemands et des régions italiennes, où les objectifs sont rarement atteints en raison des dérogations et des longs délais de mise en œuvre.
En Espagne, « ni le gouvernement central ni les communautés autonomes n’ont adopté d’objectifs ou de politiques publiques spécifiques pour la réduction des terres artificialisées », ajoute le rapport du Sénat français.
Quant aux Pays-Bas, il n’y a pas d’objectif pour réduire l’artificialisation des terres, le gouvernement néerlandais considérant que l’objectif de l’UE en matière de sols n’est tout simplement « pas réalisable ».
Cependant, la future directive européenne sur la surveillance des sols devrait ouvrir la voie à une politique commune de réduction des superficies bâties sur le modèle de la législation française.
Débat sur la future directive européenne
Lors de la réunion des ministres de l’environnement de l’UE en décembre, la présidence espagnole de l’époque a posé deux questions sur la directive sur les sols : « Comment pouvons-nous améliorer le cadre de contrôle pour améliorer la santé des sols ? » Et « Quel niveau d’ambition faut-il pour lutter contre la pollution des sols ?
Si tous les États membres de l’UE s’accordent sur la nécessité d’adopter un tel texte, les avis divergent.
Par exemple, alors que la France et l’Allemagne critiquent la quantité excessive d’échantillonnage et de surveillance des sols exigée par la Commission, la République tchèque propose de ne pas surveiller la santé des sols qui ne fournissent pas de services écosystémiques.
Un autre point soulevé notamment par les anciens pays communistes d’Europe de l’Est est la nécessité de prendre en compte la contamination historique de certains sols issus d’anciens sites industriels.
Les pays de l’Est de l’UE comptent de nombreux sites contaminés datant d’avant 1990, ce qui rend impossible l’application du principe du « pollueur-payeur » car les responsables n’existent plus.
Par exemple, la Hongrie a dépensé 1 milliard pour nettoyer d’anciennes bases militaires, tandis que les États baltes réclament la création d’un fonds spécial pour décontaminer ces sites.
Enfin, tous les États membres ne sont pas d’accord sur ce qui constitue un « sol sain » ou sur ce que l’on entend par « artificialisation ».
Par exemple, le Portugal souhaite inclure la perte de biodiversité, tandis que l’Italie envisage d’étendre le concept à la désertification. La Belgique, quant à elle, soutient une approche préventive axée sur les substances nocives pour la santé des sols.
La Suède, en revanche, a déclaré qu’elle souhaitait introduire des exemptions à des fins de défense nationale et d’expansion des zones résidentielles.
Avec une telle pléthore de positions nationales exprimées lors de la réunion de décembre, le débat sur un objectif d’artificialisation nette zéro à l’échelle de l’UE pour 2050 semble loin d’être terminé.
Membres de la commission sénatoriale des affaires économiques
(Edité par Fredric Simon/Paul Messad/Alice Taylor)