France : avec les barbiers solidaires qui coiffent les migrants isolés | Africanews

Dans le rugissement des tondeuses et les rires des jeunes à qui ils font des coupes de cheveux bénévoles, le collectif « Wilson Barbier » s’était installé dimanche midi dans le jardin de la rue Pali-Kao dans le 20e arrondissement de Paris, en France, où de nombreux mineurs étrangers non accompagnés transitent.

« Je suis content, la coupe est cool », sourit Ibrahim, frottant son cou fraîchement dégradé et fendu d’une ligne parfaite. Il explique à l’AFP qu’il est arrivé de Guinée en mars, à l’âge de 16 ans.

Comme la majorité des jeunes poilus d’ici, sa première demande de reconnaissance en tant que minorité a été rejetée et il s’est retrouvé sans hébergement en attendant que son recours soit examiné par la justice.

« Parfois, on a envie d’abandonner », murmure-t-il, marqué par son passage dans la rue, avant d’être placé dans un refuge. Mais Ibrahim finit par sourire largement, sous les moqueries et les compliments de ses amis qui attendent leur tour.

Distribution alimentaire

« Ce n’est pas qu’une coupe de cheveux », aime à répéter Marion Collet, la référente du collectif de barbiers de Solidarités Migrants Wilson, une association basée à Saint-Denis et également active à Paris.

Depuis février 2021, Wilson Barbers coiffe gratuitement les migrants et les sans-abri. Une fois par mois, ils consacrent une de leurs séances aux jeunes exilés dans le jardin de la rue Pali-Kao à Belleville à l’occasion de la distribution alimentaire organisée par le collectif Midis du Mie.

Pour ces jeunes, explique Marion Collet, se faire couper les cheveux est un « moment de normalité » où « pendant un quart d’heure, ils deviennent des clients normaux ». Dans leur quotidien, tout leur est imposé : où ils dorment, ce qu’ils mangent lors des distributions alimentaires », explique le volontaire. « Ici, ils ont le droit de choisir leur coupe de cheveux, leur coiffeur. »

Jeunes exilés

Dimanche, six coiffeuses travaillaient sur des tables pliantes et des chaises pour s’occuper de quelques centaines de jeunes exilés. Un petit air de salon parisien flottait dans ce parc du quartier de Belleville, où l’on pouvait presque entendre un des tubes du chanteur français Serge Reggiani : « Je suis le roi des ciseaux / Du bouc biseauté / Je suis le Barbier de Belleville. .. »

Tout le matériel professionnel est là : des tondeuses, ciseaux, sabots, capes pris en charge par l’association, aux produits donnés par les marques. Parmi la soixantaine de barbiers bénévoles inscrits, beaucoup sont en situation irrégulière ou demandeurs d’asile, selon l’association. D’autres sont des professionnels qui prennent leur temps libre ou leurs vacances.

« Ici, c’est très sympa, les jeunes sont très détendus », raconte Warsame, 41 ans, qui a lui-même demandé l’asile. Il avait déjà une expérience de coiffeur dans son pays d’origine, la Somalie, et doit commencer un cours de coiffure dans une semaine.

Des contours impeccables

« Je voulais aider parce que je suis moi-même un réfugié, donc je sais à quel point c’est compliqué », explique Kunga Lakyap, 30 ans, un Tibétain qui a obtenu le statut de réfugié et qui travaille maintenant comme barbier professionnel. Plusieurs d’entre eux se chamaillent pour obtenir une coupe nette. On feint de ne pas avoir vu son numéro sur la liste d’attente, et Marion le fait se lever de son siège, toujours dans une ambiance bon enfant.

« Je le veux aussi », demande Santoui, qui dit avoir 16 ans et venir de Guinée. Il dort dans le camp mis en place par l’association Utopia95 sur la place de la Bastille. Je n’ai pas d’argent pour payer une coupe de cheveux, donc avant c’était mes amis qui me le faisaient », raconte-t-il, avant de sourire : « Mais maintenant c’est beaucoup mieux.

www.actusduweb.com
Suivez Actusduweb sur Google News


Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite