Faux prescriptions, trafic… comment les opioïdes gagnent du terrain en France et réunissent une crise américaine
Anciennement symbole du charme californien avec ses collines et son tramway mythique, la ville de San-Francisco a vu son centre-ville être envahi par des hordes de personnes Accro aux opioïdes de la famille du fentanyl. Ils sont surnommés « Zombies ».
Des scènes de désolation qui sont le résultat de la crise des opioïdes qui affecte le pays depuis plusieurs années. En 25 ans, les États-Unis ont subi plus de 800 000 décès liés aux surdoses d’opioïdes, en particulier en raison d’une politique de ces médicaments étonnamment et du développement d’un marché noir.
L’apparition de nouvelles substances et leur diffusion évolue constamment, au point de remplacer certains médicaments « traditionnels ». Et conduire des milliers de personnes à une surdose.
À partir de 2015, lehéroïne a progressivement été supplanté par l’arrivée sur le marché noir des fentanyloïdes, des opioïdes synthétiques bon marché, mais 50 fois plus puissant. En quelques années, le fentanyl est ainsi devenu la principale cause de mortalité des 18/49 ans aux États-Unis.
Substances qui commencent à se propager en France. Même si la situation n’est pas encore dramatique, Un rapport sénatorialPublié ce vendredi 11 juillet, préconise les autorités de prendre des mesures contre la consommation d’opioïdes qui augmentent lentement, mais progressivement en France.
Trafic alimenté par de fausses ordonnances
Dans ce rapport, le sénateur Les écologistes Anne Sourys souligne que « la France connaît, depuis plusieurs années, une évolution notable de la consommation d’opioïdes et des mauvais usages et des surdoses associées ». Selon ce texte, entre 2006 et 2015, les cas de troubles liés à l’utilisation des opioïdes ont plus que doublé en France.
Une situation qui s’explique par trop de prescriptions d’analgésiques par les médecins, mais aussi par le développement d’un marché noir d’opioïdes en France.
« Face à la diminution brutale de la production d’héroïne par l’Afghanistan, de nouveaux opioïdes synthétiques tels que les nitaznes ou les fentanyloïdes, plus puissants et plus dangereux, arrivent en France sur le marché noir », indique le rapport.
En 2023, un trafic De cette substance particulièrement addictive avait été démantelée dans le grand ouest de la France. Pour fournir du fetanyl, les trafiquants sont apparus en pharmacies avec de fausses ordonnances. Grâce à eux, ils pourraient facilement récupérer l’étonnement de la revendre dans le reste de la France.
Selon le Primary Health Insurance Fund (CNAM), le tramadol mène les fausses ordonnances avec 781 identifiées. Il est suivi par la codéine dans le sirop, très populaire parmi les artistes de la scène du rap ou dans Une boisson non recommandée par les autorités. Le fentanyl est en cinquième position.
« Mes collègues et moi avons vu des gens ces dernières années se présenter avec de fausses prescriptions d’opioïdes. Certains sont également volés dans les entreprises », explique BFMTV.com, Alain Delgutte, pharmacien de Nevers, à Nièvre.
« Souvent, ces fausses ordonnances sont prescrites par un médecin qui n’est pas local. Le patient arrive peu de temps avant la fermeture de la pharmacie, afin que nous ne puissions pas vérifier en appelant le médecin », a-t-il déclaré.
Face à ce phénomène, l’assurance maladie a décidé d’émettre des opioïdes dangereux via des commandes garanties par un code QR. « Parmi les personnes qui ont de fausses ordonnances, il y a des toxicomanes et des personnes qui viennent prendre des boîtes pour les revendre plus tard », explique le pharmacien.
En cas de doute, les pharmaciens peuvent vérifier la plate-forme ASAFO, si un médecin a signalé un vol d’ordonnance ou si un patient a été signalé pour avoir une fausse prescription. « Si les autorités ont mis en œuvre ces mesures, c’est parce qu’il y avait un problème », conclut Alain Delgutte.
Difficile à détecter
En plus d’une dépendance rapidement réalisable et donc de la fidélité des consommateurs, les analgésiques offrent d’autres avantages aux trafiquants. Parmi eux: la facilité de transport de ces marchandises.
Les opioïdes peuvent prendre la forme de timbres, de poudres ou de sirops. Formats rendant cette marchandise difficile à identifier par la police. En plus de ces multiples aspects, ces analgésiques sont très souvent des inodores, ce qui les rend indétectables par des chiens reniflés. Le fentanyl est par exemple, souvent camouflet sur la forme d’un médicament.
« Il est diffusé sous forme de tablettes en utilisant les noms de médicaments légaux, par exemple l’oxycodon, ou poudre en particulier pour être mélangé avec d’autres produits narcotiques », explique une source policière à bfmtv.com.
« La vente de Fentany illégale est effectuée sur le marché numérique »
Si le trafic opioïde augmente, il s’agit actuellement d’une minorité par rapport à d’autres médicaments tels que le cannabis ou la cocaïne. Le fentanyl est par exemple beaucoup moins présent qu’aux États-Unis. « Sur le territoire national, la Fentany pharmaceutique et la Fentany illicite ne font pas l’objet d’un marché établi avec des points de transaction », a déclaré cette même source policière sur BFMTV.com.
Contrairement aux États-Unis, les réseaux de trafic français ne produisent pas eux-mêmes leurs propres opioïdes. « La vente de fentanyl illégal est effectuée sur le marché numérique, principalement sous forme de poudre en provenance de Chine où le produit est fabriqué. Le routage en France se fait en particulier par la poste », se rapporte à BFMTV.com, la police nationale.
« À ce jour, un seul laboratoire de fabrication de fentanyl a été démantelé en 2018 sur le territoire français », ajoute-t-elle
Le trafic d’opioïdes est toujours gravement puni par la loi. S’ils sont condamnés, les trafiquants risquent dix ans d’emprisonnement et une amende pouvant aller jusqu’à dix fois la valeur des marchandises saisies.
Pour sa part, la sénatrice Anne Sours, raconte tout de même la situation des opioïdes en France. « Ce n’est pas encore une crise comme aux États-Unis, mais vous devez commencer à prendre des décisions sur ce sujet maintenant si vous ne voulez pas être dépassé », conclut-elle avec bfmtv.com. À la plus haute crise en 2022, 120 000 Nord-Américains sont morts d’une surdose d’opioïdes.