« Face à leur situation dramatique, nous ne permettrons pas l’impunité. »

Monsieur le Président, merci, et merci à M. Griffiths, M. Potzel et Mme Morgan Edwards pour leurs interventions.

Ce mois d’août marque un sombre anniversaire. Il y a un an, l’Afghanistan était plongé dans le chaos. Depuis lors, la situation humanitaire n’a cessé de se détériorer. L’Afghanistan est aujourd’hui l’un des pays les plus touchés par la crise alimentaire au monde, avec près de 20 millions de personnes touchées, dont 6 millions menacées de famine. Les Afghans, en particulier les femmes afghanes, ne peuvent plus accéder à leurs droits et libertés les plus élémentaires. On sait qui est responsable de cette situation : les talibans. Leur prise de pouvoir par la force, ainsi que toutes leurs décisions depuis lors, ont conduit l’Afghanistan au bord de l’effondrement. Les attentes de la communauté internationale ont été clairement exprimées dans la résolution 2593 adoptée il y a un an. Elle définit les conditions préalables à la stabilité et à la reconstruction du pays et rappelle les obligations des conventions ratifiées par l’Afghanistan, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et la Convention relative aux droits de l’enfant.

Malgré le mépris systématique des talibans pour leurs propres engagements, la communauté internationale a continué à tendre la main pour aider la population et garder la porte ouverte au dialogue. La France, avec l’Union européenne, a pris toute sa part dans cet effort. Nous avons répondu sans tarder en versant 123 millions d’euros depuis septembre dernier. L’Union européenne a déboursé 335 millions d’euros depuis 2021.

Le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2615 pour faciliter l’acheminement de l’aide au peuple afghan et empêcher tout détournement.

Mais nous devons garder les yeux ouverts. Les talibans choisissent de s’isoler. Loin de saisir la main tendue, ils continuent de faire fi de leurs engagements, comme en témoigne l’interdiction faite aux filles d’accéder à l’enseignement secondaire. Face aux graves violations des droits de l’homme qui se multiplient, force est de constater que la communauté internationale ne peut faire confiance à ses interlocuteurs.

Le respect des droits humains et en particulier des droits des femmes ne peut être une variable d’ajustement. C’est un principe inscrit dans la Charte des Nations Unies. Des femmes et des filles en Afghanistan, privées de tous leurs droits, sont prisonnières dans leur propre pays. Face à leur situation dramatique, nous ne permettrons pas l’impunité. Nous ne pouvons pas non plus nous permettre de fournir une aide au développement qui soutiendrait les talibans dans leur violation des droits de l’homme.

La récente neutralisation du chef d’Al-Qaïda Ayman al Zawahiri est un autre exemple de la trahison des talibans vis-à-vis de leurs engagements. C’est un succès pour la lutte contre le terrorisme, mais c’est aussi une confirmation de nos craintes, maintes fois exprimées dans cette enceinte. Les talibans continuent d’offrir refuge et soutien à des groupes terroristes, en particulier Al-Qaïda.

Les talibans doivent remplir cinq conditions pour sortir de leur isolement. Ce sont : le départ en toute sécurité des Afghans qui souhaitent partir ; libre accès à l’aide dans tout le pays ; le respect des droits fondamentaux de tous, en particulier des femmes et des filles ; l’établissement d’un gouvernement représentatif; et la rupture complète et concrète des liens avec les groupes terroristes. A ce jour, aucune de ces conditions n’est remplie.

En conclusion, je voudrais réitérer le plein soutien de la France au peuple afghan, sa disponibilité à participer aux efforts nécessaires pour alléger ses souffrances, et son entière coopération avec les Nations Unies, en particulier la MANUA.

Merci Monsieur le Président.

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