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Explication-Jeux olympiques-Comment la France envisage d’utiliser l’IA pour assurer la sécurité de Paris 2024

Par Juliette Jabkhiro et Julien Pretot

PARIS (Reuters) – La France a testé la technologie de vidéosurveillance basée sur l’intelligence artificielle qui sera déployée lors des Jeux Olympiques lors d’un concert de Depeche Mode cette semaine, qualifiant l’exercice de succès.

La législation française adoptée en 2023 autorise l’utilisation de la vidéosurveillance par IA pendant une période d’essai couvrant les Jeux pour détecter des événements anormaux ou des comportements humains lors d’événements à grande échelle.

La technologie pourrait être essentielle pour contrecarrer une attaque comme l’attentat à la bombe aux Jeux olympiques d’Atlanta de 1996 ou l’attaque d’un camion à Nice en 2016, affirment des responsables.

Les défenseurs des droits avertissent que la technologie constitue une menace pour les libertés civiles.

QU’EST-CE QUE LA SURVEILLANCE ALIMENTÉE PAR L’IA ?

La vidéosurveillance algorithmique utilise un logiciel informatique pour analyser en temps réel les images capturées par les caméras de vidéosurveillance.

Quatre sociétés – Videtics, Orange Business, ChapsVision et Wintics – ont développé un logiciel d’IA qui utilise des algorithmes pour analyser les flux vidéo provenant des systèmes de vidéosurveillance existants afin d’aider à identifier les menaces potentielles dans les espaces publics.

Les algorithmes sont formés pour détecter des « événements » prédéterminés et des comportements anormaux et envoyer des alertes en conséquence. Les êtres humains décident alors si l’alerte est réelle et s’ils doivent agir en conséquence.

QUE RECHERCHENT LES ALGORITHMES ?

La loi autorise huit « événements » différents à être signalés par un logiciel de surveillance par IA pendant les Jeux, notamment : les afflux de foule ; des foules anormalement nombreuses ; objets abandonnés; présence ou usage d’armes ; une personne au sol ; un incendie se déclare ; violation des règles relatives au sens de la circulation.

Au sein de ces catégories, des seuils spécifiques (nombre de personnes, type de véhicule, timing, etc.) peuvent être définis manuellement pour répondre à chaque événement, lieu ou menace individuel.

QUI UTILISERA LA SURVEILLANCE ALIMENTÉE PAR L’IA ?

La police nationale et locale, les pompiers, les agents de sécurité des transports publics auront tous accès à une surveillance basée sur l’IA.

Un logiciel développé par Wintics et testé lors du concert Depeche Mode, sera déployé en région parisienne et dans les transports en commun.

Le chef de la police de Paris, Laurent Nunez, a qualifié le procès de largement réussi.

« Tout s’est relativement bien passé, tous les voyants sont au vert (pour une utilisation future) », a-t-il déclaré.

LA RECONNAISSANCE FACIALE SERA-T-ELLE UTILISÉE ?

Ça ne devrait pas. La nouvelle loi continue d’interdire la reconnaissance faciale dans la plupart des cas et les autorités françaises ont déclaré qu’il s’agissait d’une ligne rouge à ne pas franchir.

Néanmoins, les militants des droits de l’homme craignent que la dérive de la mission ne s’installe à terme.

« Un logiciel permettant une surveillance vidéo basée sur l’IA peut facilement permettre la reconnaissance faciale. C’est simplement un choix de configuration », a déclaré Katia Roux d’Amnesty International France.

Le cadre juridique régissant la reconnaissance faciale reste trop flou et les garanties techniques et juridiques insuffisantes, selon Amnesty International.

Le co-fondateur de Wintics, Matthias Houllier, a déclaré que les algorithmes de son logiciel n’étaient pas formés pour la reconnaissance faciale.

« Il n’y a aucune méthode d’identification personnelle dans nos algorithmes », a-t-il déclaré. « C’est techniquement exclu. »

COMMENT LA VIE PRIVÉE SERAIT-ELLE PROTÉGÉE ?

Le ministère français de l’Intérieur a créé un comité d’évaluation chargé de surveiller les libertés publiques tout au long de la période d’essai.

Dirigée par un haut fonctionnaire du plus haut tribunal administratif français, la commission comprend également le chef de la Commission nationale de protection de la vie privée, la CNIL, quatre députés et un maire.

(1$ = 0,9162 euros)

(Reportage de Juliette Jabkhiro et Julien Pretot ; édité par Richard Lough et Toby Davis)

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