En France, les électeurs absents se bousculent pour faire entendre leur voix lors d’élections législatives à enjeux élevés
Les électeurs qui ne s’attendent pas à pouvoir voter eux-mêmes se démènent pour faire entendre leur voix lors des élections législatives à enjeux élevés en France.
PARIS — Les électeurs qui ne s’attendent pas à pouvoir voter eux-mêmes se démènent pour faire entendre leur voix lors des élections législatives à enjeux élevés en France en s’inscrivant par centaines de milliers pour céder leur droit de vote à leurs proches et amis.
Le ministère de l’Intérieur a déclaré mardi avoir dénombré 410 000 demandes de ce type au cours de la première semaine après l’annonce du président Emmanuel Macron, le 9 juin, de la dissolution de l’Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français. Cette bombe fait suite à une défaite humiliante du parti d’extrême droite du Rassemblement national aux élections au Parlement européen.
Le ministère a déclaré que ce nombre est 6 fois supérieur à celui enregistré pour la même semaine lors des dernières élections législatives de 2022.
La précipitation des électeurs à remplir les documents qui permettront à d’autres personnes de confiance de voter à leur place lors de la première étape, le 30 juin, des élections à deux tours est en partie due aux contraintes de temps. La décision surprise de Macron et le délai serré entre la dissolution du Parlement et les élections ont pris les électeurs au dépourvu, certains ayant déjà fait d’autres plans.
L’élection du deuxième tour décisif du 7 juillet se heurte également au début des vacances d’été annuelles en France, lorsque des millions de personnes se rendent à la plage et ailleurs.
L’augmentation des inscriptions d’électeurs probablement absents reflète également l’importance qu’ils attachent à l’élection, qui remodèle déjà le paysage politique français avant même le scrutin.
La perspective que le vote puisse produire le premier gouvernement d’extrême droite français depuis l’occupation nazie pendant la Seconde Guerre mondiale a eu un effet choquant sur les opposants du Rassemblement national à gauche de la politique française. Quelques jours après l’annonce de Macron, les partis de gauche auparavant divisés ont mis de côté leurs divergences pour former une coalition pour contrer la montée de l’extrême droite.
Alors que la campagne est effrénée, les électeurs se préparent déjà à faire leur choix entre les deux camps opposés ou le bloc centriste de Macron, au milieu.
Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à l’université de Lille, a déclaré sur la chaîne France Info que les électeurs qui prennent des dispositions pour que d’autres votent à leur place ont tendance à être politiquement engagés et bien informés. Le fait que des centaines de milliers de personnes l’aient fait suggère qu’ils considèrent les élections comme absolument décisives dans leur agenda personnel et dans leur vie politique, a-t-il déclaré.
L’enjeu est très élevé, a ajouté Lefebvre, en raison de la perspective de victoire de l’extrême droite, ce qui incite les électeurs à voter.
Jordan Bardella, président du Rassemblement national qui espère devenir Premier ministre français, a appelé mardi les électeurs à donner à son parti une majorité claire.
Il existe une opportunité historique de renverser le cours de l’histoire, de changer la politique de notre pays et de changer de cap. Mais pour y parvenir, j’ai besoin d’avoir la majorité absolue, a-t-il déclaré dans une interview diffusée sur CNews.
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Catherine Gaschka a contribué à ce rapport.