Émeutes en France : un jeune nous a dit, dans les termes les plus crus possibles, que nous n’étions pas les bienvenus

Reportage de l’équipe de Sky News depuis Nanterre, la banlieue parisienne au cœur des violences qui ont éclaté suite à la fusillade mortelle d’un adolescent par la police.

Par Adam Parsons, correspondant européen @adamparsons

vendredi 30 juin 2023 15:28, Royaume-Uni

Il y a les trois choses qui sont venues illuminer le ciel nocturne de Nanterre : les lumières bleues, les flammes oranges et l’éclat des feux d’artifice.

Pendant les deux premières nuits, ce sont les feux d’artifice et les flammes qui semblaient dominer ici. La police, déjà extrêmement impopulaire parmi de nombreux habitants du district, était en infériorité numérique, bombardée de pierres et apparemment incapable de prendre le contrôle.

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C’est pourquoi le nombre d’agents en patrouille a explosé, passant de 9 000 à 40 000 en l’espace de 24 heures. C’était un effort pour reprendre le contrôle mais, d’après ce que nous avons vu, cela n’a pas fonctionné.

Vous pourriez certainement voir une différence. Des équipes SWAT spécialisées ont été amenées avec des véhicules blindés. Au-dessus de Nanterre, un hélicoptère de police a regardé vers le bas, braquant son projecteur.

Mais contrôlent-ils vraiment les rues ? Ça n’en a pas vraiment envie.

Nous sommes arrivés à un carrefour hier soir et n’avons pas marché plus d’une douzaine de pas sur une route avant d’être confrontés à un groupe de jeunes hommes. L’un d’eux, nous regardant d’en haut, nous menaça de pierres ; un autre nous a simplement dit, dans les termes les plus directs possibles, que nous n’étions pas les bienvenus et qu’il fallait sortir tout de suite.

Ce ne sont pas des menaces inutiles. On connaît quatre journalistes qui ont été agressés à Nanterre hier soir, et il y en a peut-être plus.

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Des émeutiers à Paris après la fusillade mortelle d’un adolescent par la police

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Le simple fait est qu’il y a une zone centrale qui est effectivement gardée par des groupes d’hommes, avec des vigies postées à chaque point d’accès. Il n’est pas facile d’entrer et de sortir indemne.

La police le sait aussi. Quelques minutes seulement après que nous ayons été menacés, ils sont arrivés en nombre – des dizaines d’officiers en tenue anti-émeute complète, ainsi qu’un véhicule blindé et le fracas de l’hélicoptère au-dessus de nos têtes.

Mais leur rôle n’était pas tant d’arrêter que de dégager la zone – d’enlever les barricades et d’ouvrir la voie aux pompiers pour éteindre les incendies.

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Donc, malgré tout l’effectif dont ils disposaient, l’unité que nous avons vue agissait effectivement comme gardes du corps pour les pompiers. Lorsque les flammes ont été éteintes, les pompiers sont donc passés à l’appel suivant, et la police est partie avec eux.

Et ce qui s’est passé ensuite, c’est que les mêmes groupes de jeunes hommes sont revenus dans les mêmes coins et ont pris leurs postes de guetteurs et de gardes. La vague était passée et ils étaient de retour aux commandes.

C’est un curieux jeu du chat et de la souris, où le chat a tout l’équipement et le pouvoir, mais la souris est agile, impitoyable et sans peur.

Marche pour un adolescent tué par la police française

Partout en France, ce que nous voyons, c’est le désordre et la violence qui sont enracinés dans un manque total de respect, ou de peur, de la police ou des symboles normaux de l’autorité.

Nous voyons des instantanés qui s’attardent dans l’esprit. Un adolescent déchargeant des bâtons de hockey de l’arrière d’une voiture ; un incendie brûlant au milieu d’une route très fréquentée, forçant les voitures à rebrousser chemin ; un homme en cagoule se promenant avec un long morceau de bois à la main.

Fourgons de police accélérant dans toutes les directions ; les restes de cartouches de gaz lacrymogène qui jonchent les rues brûlées par les incendies.

L’odeur de brûlé semble s’attarder sur une si grande partie de ce quartier en ce moment. Le feu de la colère et du mécontentement qui a été allumé par le meurtre de Nahel, 17 ans, a augmenté au lieu de s’éteindre.

Les couvre-feux sont peut-être la prochaine étape, mais, dans une atmosphère de tel mépris de la loi, combien les respecteront ? Plus de policiers ? Un état d’urgence ? Franchement, personne ne sait.

Nanterre a connu trois nuits de violences et de conflits, et déjà ce quartier est balafré. Il est facile de dire que le désordre ne peut pas continuer, mais jusqu’à présent, c’est exactement ce qui s’est passé.

Ce dont la France a besoin, c’est d’une solution, d’un baume contre la douleur. Mais pour le moment, il ne semble pas en avoir.

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