Elections françaises : l’extrême droite est le seul parti capable d’obtenir une majorité, prévient le Premier ministre Attal – BBC News
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- Auteur, Paul Kirby
- Rôle, nouvelles de la BBC
Le Premier ministre français Gabriel Attal a appelé les électeurs à empêcher le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen et Jordan Bardella de remporter les élections législatives de dimanche.
Le parti est arrivé en tête du premier tour dimanche dernier avec plus de 33% des voix et a déjà remporté des dizaines de sièges. S’il obtient plus de la moitié des 577 sièges de l’Assemblée nationale, il pourra former un gouvernement.
« Il y a un bloc en position de remporter la majorité absolue, c’est l’extrême droite », a déclaré M. Attal à la radio française.
Beaucoup d’électeurs français ne souhaiteraient pas utiliser leur vote pour bloquer le RN, a-t-il dit, mais « je considère que c’est notre responsabilité de le faire ».
Le second tour des législatives françaises est généralement constitué en grande partie de duels à trois tours entre les deux premiers candidats d’une circonscription, mais comme de nombreux candidats arrivés en troisième position se sont qualifiés dimanche, cela a donné lieu à plus de 300 scrutins à trois tours.
Quelque 218 candidats, soit de l’alliance de gauche, soit du bloc centriste de M. Attal, ont retiré leur candidature avant la date limite de mardi soir pour donner à leurs rivaux politiques une plus grande chance de vaincre le RN.
Marine Le Pen a dénoncé ce qu’elle appelle la classe politique qui « donne une image de plus en plus grotesque d’elle-même ».
Le chef du parti, Jordan Bardella, favori pour devenir Premier ministre sous un gouvernement RN, a dénoncé une « alliance du déshonneur ». Il a déploré dans le Figaro qu’un président qui avait accusé la gauche radicale La France Insoumise d’antisémitisme « se jette désormais dans les bras de (son chef) Jean-Luc Mlenchon ».
M. Bardella s’est dit convaincu que son parti avait encore une chance de remporter une majorité absolue dimanche, car il avait une ambition et un projet pour la France. Il a déjà le soutien d’une partie du parti conservateur Les Républicains, et il a appelé les autres à le rejoindre et à rejeter la « coalition Macron-Mlenchon ».
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Si le RN ne parvient pas à former un gouvernement, on peut s’interroger sur la possibilité de former une coalition sans le RN ni la gauche radicale. Mais le Premier ministre a déclaré qu’il n’imposerait à la France aucune coalition qui ne soit pas celle qu’ils ont choisie.
Le président Macron a promis de rester au pouvoir quel que soit le résultat, jusqu’à la fin de son mandat en 2027. Il n’avait pas besoin de convoquer le vote parlementaire, mais après les mauvais résultats de son parti aux élections européennes du mois dernier, il a déclaré qu’un vote était le seul moyen de permettre à la France de « progresser et de se réunifier ».
Tout le monde dans le camp centriste n’est pas content d’avoir fini par conclure un accord avec une alliance de gauche incluant Jean-Luc Mlenchon, et rien ne prouve que les électeurs français feront ce que suggèrent les dirigeants du parti et voteront pour un parti qu’ils éviteraient autrement.
M. Mlenchon a été accusé de défendre un sentiment anti-police et a été critiqué pour avoir refusé de qualifier le Hamas d’organisation terroriste.
M. Attal a précisé que le retrait des candidats au profit du Nouveau Front populaire ne signifiait pas qu’ils s’alliaient à M. Mlenchon. « Il n’y a pas et il n’y aura jamais d’alliance avec la France insoumise », a-t-il promis.
Cependant, le large accord sur le retrait des candidats a laissé des choix bizarres aux électeurs français.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin se retrouve désormais en deuxième tour face à son rival du RN, après le désistement de Leslie Mortreux, de La France insoumise, et il en va de même pour l’ancienne Première ministre Lisa Borne.
Parmi les candidats Macron arrivés en troisième position à abandonner figurent deux ministres, Sabrina Agresti-Roubache et Marie Guvenoux.
Édouard Philippe, qui était Premier ministre pendant trois ans au début de la présidence Macron en 2017, a déclaré qu’il voterait pour un candidat communiste au second tour.
Mais il a clairement indiqué qu’il ne soutiendrait pas le parti de Jean-Luc Mlenchon, après avoir été témoin de la façon dont il avait contribué au chaos politique.
« Je préfère avoir un député que je connais et avec qui je peux travailler… même si nous avons des divergences, qui, je pense, partage mes exigences démocratiques, plutôt que le Rassemblement national », a-t-il déclaré sur TF1.
François Hollande, ancien président socialiste et ancien patron d’Emmanuel Macron au Palais de l’Élysée, a déclaré que ces retraits concertés avaient « minimisé » les chances de l’extrême droite de remporter une majorité absolue, même si cela ne pouvait pas être « exclu ».
M. Attal a présidé mercredi un conseil des ministres qui pourrait être son dernier en tant que Premier ministre.
La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, l’a accusé d’avoir profité de l’occasion pour procéder à une série de nominations, notamment à des postes de chef de la police.
La porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, a répliqué en disant qu’elle devrait lire la constitution.
« Je pense qu’on savait que Madame Le Pen mentait, maintenant on sait qu’elle manipule l’information », a-t-elle dit. De telles nominations n’ont rien de nouveau, a-t-elle dit, surtout quand il s’agit de préparer la rentrée scolaire.
Pendant ce temps, le président de la confédération française des petites et moyennes entreprises, François Asselin, s’est plaint que la décision du président Macron de dissoudre le Parlement avait coûté à la France « un quart de la croissance » et que personne ne semblait avoir pris l’économie en compte.
Si le Nouveau Front populaire (NFP) ou le Rassemblement national (RN) parviennent à mettre en pratique leurs projets économiques, « la punition des marchés sera immédiate », a-t-il déclaré à BFMTV.