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Éducation sexuelle : les écoles françaises sous la pression des associations conservatrices et d’extrême droite

Cours de français en seconde dans un lycée de Loire-Atlantique, juin 2014.

Catherine Polito, directrice du Collège Jules-Ferry, un lycée du centre de la France, s’est dite encore « surprise » par la tempête qu’elle a dû affronter ces dernières semaines. Début février, comme chaque année, l’école a organisé une discussion de deux heures sur « la vie affective et les relations entre filles et garçons » pour les quatre classes de neuvième année de l’école. L’infirmière scolaire est accompagnée lors de ces séances par des membres du personnel local de santé de protection maternelle et infantile (PMI). Les séances s’appuient sur une exposition itinérante, conçue par le département en 2011 et intitulée « 2XY », qui aborde différents aspects de la vie affective et sexuelle : l’anatomie du corps, le respect, le consentement, etc.

Après avoir pris connaissance de l’exposition, les étudiants soumettent anonymement leurs questions écrites sur les différents sujets et les intervenants y répondent. « Un classique » de l’éducation sexuelle, selon le directeur, qui juge les séances « essentielles » pour « protéger les élèves des comportements à risque » et « promouvoir l’égalité entre filles et garçons », conformément à une circulaire de 2018 précisant les finalités de l’éducation sexuelle. l’éducation en milieu scolaire. Depuis 2001, une loi rend obligatoires trois sessions annuelles, de la maternelle au lycée. En pratique, seule une minorité d’étudiants bénéficie de l’ensemble des séances.

Cela aurait dû être la fin de l’affaire au Collège Jules-Ferry. Mais le 5 février, le proviseur a été prévenu que cet événement sanitaire faisait l’objet d’une condamnation publique sur les réseaux sociaux par l’association Parents en Colre, réputée pour se ranger du côté des conspirationnistes et de l’extrême droite. « Alertée » par la discussion de la mère d’un élève, l’association a mis en avant une séance qui aurait abordé « la masturbation pour les bébés », « les positions sexuelles schématisées et comment prendre du plaisir » et « la possibilité d’avoir des rapports sexuels dès l’âge de 9 ans ». « Des mensonges », a déclaré le directeur, qui y a vu une « attaque contre le rôle de l’école ». Quelques jours plus tard, une dizaine d’adultes inconnus de l’école ont distribué des tracts aux élèves à l’extérieur de l’école, leur demandant de ne pas assister aux séances.

« Campagnes de désinformation »

Devant l’éclat, le directeur a porté plainte pour diffamation le 7 février. Les autorités locales ont emboîté le pas le 13 février. « Tout ce qui est présenté dans l’exposition a été validé et fait partie de notre mission de prévention », a déclaré Judical Osmond, conseiller municipal. La situation était inédite tant pour l’élu que pour le personnel de l’école. Christian Mendiv, directeur académique des services de l’Éducation nationale de la région, s’étonne encore : « Le travail de prévention mené à l’école a rarement fait polémique. L’idée de protéger les adolescents des comportements à risque me semble consensuelle et conforme à nos priorités. mission de service public. »

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