#image_title

Des milliers de Géorgiens organisent une « Marche pour l’Europe » contre le projet de loi controversé sur « l’influence étrangère »

Quelque 20 000 Géorgiens ont organisé dimanche une « Marche pour l’Europe », appelant le gouvernement à abandonner un projet de loi controversé sur « l’influence étrangère » qui, selon l’UE, porterait atteinte aux aspirations européennes de Tbilissi.

Publié le: Modifié:

3 minutes

Des manifestations antigouvernementales massives ont eu lieu depuis la mi-avril, lorsque le parti au pouvoir GeorgianDream a réintroduit son projet d’adopter une loi qui, selon les critiques, ressemble à la législation russe utilisée pour faire taire la dissidence.

Des vagues de manifestations de rue similaires – au cours desquelles la police a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau contre les manifestants – ont contraint le parti à abandonner une mesure similaire en 2023.

La police a de nouveau affronté les manifestants lors des derniers rassemblements.

Dimanche soir, avant l’organisation de ce que les organisateurs ont appelé une « Marche pour l’Europe », au moins 20 000 personnes se sont rassemblées sur la place centrale de la République de Tbilissi, selon une estimation de l’AFP.

Le cortège d’un kilomètre de long, avec en tête un immense drapeau de l’UE, s’est étendu le long de l’artère principale de Tbilissi en direction du Parlement.

« Je suis ici pour protéger l’avenir européen de la Géorgie », a déclaré Lasha Chkheidze, 19 ans. « Non à la Russie, non à la loi russe, oui à l’Europe ».

Le rassemblement était organisé par une centaine de groupes de défense des droits et de partis d’opposition géorgiens, qui ont jusqu’à présent fait profil bas lors des manifestations quotidiennes dominées par les jeunes.

« Les autorités, qui ont réintroduit le projet de loi russe, vont au-delà du cadre constitutionnel et changent l’orientation du pays, trahissant la volonté inébranlable du peuple », ont déclaré les organisateurs dans un communiqué.

À un moment donné, au cours de ce rassemblement largement pacifique, des manifestants ont tenté de briser un cordon de police devant le Parlement pour y hisser un drapeau de l’UE, a constaté un journaliste de l’AFP.

La police a utilisé du gaz poivré sans avertissement.

Le ministère de l’Intérieur a déclaré dans un communiqué que « la manifestation est devenue violente » et que « les manifestants ont affronté physiquement et verbalement les forces de l’ordre ».

Après minuit, des centaines de policiers anti-émeutes ont été déployés dans la zone.

« Plus loin de l’UE »

Pour contrer plusieurs jours de manifestations antigouvernementales, le parti au pouvoir en Géorgie a annoncé son propre rassemblement lundi, lorsqu’une commission parlementaire doit procéder à une deuxième lecture du projet de loi.

Si elle est adoptée, la loi obligerait toute ONG indépendante et organisation de médias recevant plus de 20 pour cent de son financement de l’étranger à s’enregistrer comme « organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère ».

La présidente géorgienne Salomé Zurabishvili, en désaccord avec le parti au pouvoir, a déclaré qu’elle opposerait son veto à la loi.

Mais Georgian Dream détient une majorité écrasante au Parlement, ce qui lui permet d’adopter des lois et de rejeter un veto présidentiel sans avoir besoin du soutien d’aucun député de l’opposition.

La candidature de la Géorgie à l’UE et à l’OTAN est inscrite dans sa constitution et – selon les sondages d’opinion – soutenue par plus de 80 pour cent de la population.

Georgian Dream insiste sur le fait qu’il est résolument pro-européen et que le projet de loi vise uniquement à « renforcer la transparence » du financement étranger des ONG.

Mais les critiques l’accusent d’orienter l’ancienne république soviétique vers des liens plus étroits avec la Russie.

« Cette loi, ainsi que ce gouvernement, sont incompatibles avec le choix historique de la Géorgie d’être membre de l’UE », a déclaré à l’AFP Nika Gvaramia, chef du parti d’opposition Akhali, lors de la manifestation.

Le chef de l’Union européenne, Charles Michel, a déclaré que le projet de loi « n’est pas cohérent » avec la candidature de la Géorgie à l’adhésion à l’UE. Cela « éloignera la Géorgie de l’UE au lieu de la rapprocher », a-t-il déclaré.

En décembre, l’UE a accordé à la Géorgie le statut de candidat officiel.

Mais avant que les négociations d’adhésion puissent être officiellement lancées, Tbilissi devra réformer ses systèmes judiciaire et électoral, réduire la polarisation politique, améliorer la liberté de la presse et restreindre le pouvoir des oligarques, a déclaré Bruxelles.

Autrefois considérée comme le leader de la transformation démocratique des pays de l’ex-Union soviétique, la Géorgie a été critiquée ces dernières années pour son recul démocratique.

(AFP)

www.actusduweb.com
Suivez Actusduweb sur Google News


Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite