Des centaines de milliers de personnes manifestent en France à l’extrême droite avant les élections anticipées
Des foules se rassemblent quotidiennement en France pour protester depuis que le président Macron a convoqué des élections législatives plus tôt cette semaine après la montée en puissance du Rassemblement national d’extrême droite.
Des groupes antiracistes se sont joints aux syndicats français et à une nouvelle coalition de gauche pour protester dans toute la France contre la montée de l’extrême droite nationaliste, alors qu’une campagne frénétique est en cours à l’approche des élections législatives anticipées.
Environ 21 000 policiers et gendarmes ont été déployés samedi lors des rassemblements et les autorités attendent entre 300 000 et 500 000 manifestants dans tout le pays, a indiqué le ministère français de l’Intérieur.
A Paris, ceux qui craignaient que les élections aboutissent au premier gouvernement d’extrême droite français depuis la Seconde Guerre mondiale se sont réunis place de la République avant de défiler.
Les foules se rassemblent quotidiennement en France, depuis que le Rassemblement national (RN) anti-immigration a enregistré une victoire historique aux élections européennes de dimanche dernier. Cela a incité Macron à dissoudre l’Assemblée nationale et à convoquer des élections législatives anticipées, qui se tiendront en deux tours le 30 juin et le 7 juillet.
Une foule nombreuse s’est rendue samedi malgré le temps pluvieux et venteux, brandissant des pancartes indiquant Liberté pour tous, Égalité pour tous et Fraternité avec toutes une référence à la devise nationale de la France ainsi qu’à Brisons les frontières, des documents pour tous, non au projet de loi sur l’immigration. .
S’exprimant depuis la Place de la République, Sophie Binet, dirigeante syndicale d’extrême gauche CGT, a déclaré à la presse : « Nous marchons parce que nous sommes extrêmement inquiets (le leader du RN) que Jordan Bardella puisse devenir le prochain Premier ministre. Nous voulons éviter cette catastrophe.

Idéologie basée sur la peur
Parmi les manifestants à Paris, certains scandaient également Palestine libre, viva Palestina, et portaient des keffiehs palestiniens.
Parmi eux se trouvait Nour Cekar, une lycéenne de 16 ans, de parents français et algériens et qui porte le hijab.
Pour moi, l’extrême droite est un danger car elle soutient une idéologie basée sur la peur de l’autre, alors que nous sommes tous citoyens français malgré nos différences, a-t-elle déclaré.
Cekar a ajouté qu’elle voterait pour la coalition de gauche car c’est la seule (entité) politique qui lutte contre le racisme et l’islamophobie.
Pendant ce temps, à Nice, sur la Côte d’Azur, des manifestants ont défilé sur l’avenue Jean Médecin, la principale rue commerçante de la ville, scandant contre le Rassemblement national et son leader Bardella, 28 ans, ainsi que contre le président Emmanuel Macron.
Les organisateurs de la manifestation ont déclaré que 3 000 personnes y avaient pris part, tandis que la police estime leur nombre à 2 500.
Nice est traditionnellement un bastion conservateur, mais s’est, au cours de la dernière décennie, résolument tourné en faveur du Rassemblement national de Marine Le Pens et de son rival d’extrême droite Eric Zemmour.
Nacira Guenif, sociologue à l’Université Paris 8, a qualifié la montée de l’extrême droite de situation très dangereuse et a déclaré que de nombreux jeunes qui ont participé aux rassemblements samedi ont dénoncé les fascistes.
C’est un danger plus grand que jamais. C’est la première fois que l’extrême droite atteint 30 pour cent des voix aux élections européennes. La raison pour laquelle les jeunes et beaucoup de gens sont descendus dans la rue aujourd’hui, c’est pour dire qu’ils ne veulent pas que cela se produise en France, a déclaré Guenif à Al Jazeera.

Un pari énorme pour Macron
Dans un reportage depuis Paris, Natacha Butler d’Al Jazeera a noté que la convocation des élections par le président français avait pris tout le monde par surprise, y compris ses propres ministres.
Macron dit avoir convoqué ces élections parce qu’il a entendu la voix du peuple, des électeurs. Il a déclaré qu’il avait assisté aux élections européennes et qu’il avait constaté que les gens étaient mécontents de la politique de ce gouvernement. Par conséquent, il dit qu’il a redonné le choix au peuple.
Cette décision est un pari énorme, a-t-elle déclaré. Les gens sont ici pour dire qu’ils craignent l’extrême droite qui détruirait les valeurs françaises de droits, de liberté et d’égalité.
Pour empêcher le Rassemblement national de remporter les prochaines élections, les partis de gauche ont finalement convenu vendredi de mettre de côté leurs divergences sur les guerres à Gaza et en Ukraine et de former une coalition. Ils ont exhorté les citoyens français à vaincre l’extrême droite.
Les sondages d’opinion français suggèrent que le Rassemblement national devrait être en tête au premier tour des élections législatives. Le parti est arrivé en tête des élections européennes de la semaine dernière, recueillant plus de 30 pour cent des suffrages exprimés en France, soit près de deux fois plus de voix que le parti Renaissance de Macron.
Le mandat de Macron est encore en cours pour trois ans et il conserverait le contrôle des affaires étrangères et de la défense quel que soit le résultat. Mais sa présidence serait affaiblie en cas de victoire du Rassemblement national, ce qui pourrait permettre à Bardella de devenir le prochain Premier ministre, avec autorité sur les affaires intérieures et économiques.
Les électeurs français se rendront aux urnes d’abord le 30 juin, puis de nouveau le 7 juillet.