De violents affrontements éclatent à propos du projet de mégabassins d’eau de l’agro-industrie dans l’ouest de la France

Les scènes de violence à Sainte-Soline, dans l’ouest de la France, sont survenues après des jours de violentes manifestations à l’échelle nationale contre la réforme des retraites du président Emmanuel Macron qui ont entraîné l’annulation d’une visite du roi Charles III du Royaume-Uni.

Le mouvement de protestation contre la réforme des retraites s’est transformé en la plus grande crise intérieure du second mandat de Macron, avec des affrontements quotidiens dans les rues de Paris et d’autres villes entre la police et les manifestants.

Plusieurs manifestants et membres des forces de sécurité ont été blessés lors des affrontements autour de Sainte-Soline alors que les militants cherchaient à arrêter la construction de réservoirs pour l’industrie agricole.

Un long cortège s’est élancé en fin de matinée, regroupant au moins 6 000 personnes selon les autorités locales et environ 25 000 selon les organisateurs.

« Pendant que le pays se lève pour défendre les retraites, nous nous lèverons simultanément pour défendre l’eau », ont déclaré les organisateurs réunis sous la bannière « Bassines non merci ».

Autour du chantier, défendu par la police, de violents affrontements ont rapidement éclaté entre les forces de sécurité et des militants radicaux, ont constaté des correspondants de l’AFP.

« Complètement inexcusable »

Plusieurs projectiles et explosifs improvisés ont été lancés par des manifestants, la police répondant avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau.

Vingt-quatre membres des forces de sécurité ont été blessés, dont un très grièvement, a indiqué le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Sept manifestants ont été blessés, dont un très grièvement. Les deux blessés graves ont été évacués par hélicoptère.

« Cette éruption de violence est totalement inexcusable », a déclaré Darmanin aux journalistes à Paris, accusant des éléments « d’extrême gauche et d’ultra-gauche ».

La Première ministre Elisabeth Borne a dénoncé une « spirale de violence intolérable » lors de la manifestation.

Onze personnes ont été arrêtées après que la police a saisi des armes blanches, dont des boules de pétanque et des couteaux à viande, ainsi que des explosifs.

Bien qu’ils ne soient pas directement liés à la campagne anti-réforme des retraites, les affrontements autour de la construction du réservoir d’eau ont aggravé les tensions dans une situation de plus en plus difficile pour le gouvernement.

L’annulation de la visite d’État de Charles – qui devait être sa toute première à l’étranger en tant que monarque – a été un embarras majeur pour Macron et une reconnaissance de la gravité de la situation.

Après les pires affrontements à ce jour du mouvement de trois mois jeudi soir, l’activité de protestation a été moins intense au cours des dernières 24 heures.

Mais le gouvernement se prépare à une autre journée torride mardi lorsque les syndicats doivent organiser une nouvelle série de grèves et de manifestations.

Cela aurait été le deuxième jour complet de la visite de Charles, qui doit maintenant trouver une nouvelle date dans son calendrier chargé. Au lieu de cela, l’Allemagne sera sa première destination étrangère en tant que monarque.

Les scènes en France ont suscité l’étonnement à l’étranger. « Le chaos règne en France », a déclaré le Times de Londres au-dessus d’une photo d’ordures qui s’entassent.

Pendant ce temps, Macron a été accusé par la gauche d’avoir retiré une montre de luxe au milieu d’une interview télévisée mercredi, craignant que des images de la montre ne nuisent davantage à sa réputation.

‘Je ne vais pas abandonner’

Le tollé suscité par la législation visant à relever l’âge de la retraite de 62 à 64 ans a été enflammé lorsque Macron a exercé un pouvoir exécutif controversé pour faire passer le plan au Parlement sans vote la semaine dernière.

Les rues de la capitale ont également été jonchées de détritus à cause d’une grève des éboueurs.

Mais il y a également eu une controverse sur les tactiques utilisées par les forces de sécurité françaises pour disperser les manifestations, le Conseil de l’Europe avertissant que la violence sporadique lors des manifestations « ne peut justifier un recours excessif à la force ».

Macron a refusé avec défi d’offrir des concessions, affirmant mercredi dans une interview télévisée que les changements devaient « entrer en vigueur d’ici la fin de l’année ».

Le quotidien Le Monde a déclaré que « l’inflexibilité » de Macron inquiétait désormais même « ses propres troupes » au sein du parti au pouvoir.

Signe de l’atmosphère fébrile, la chef de la faction de Macron au parlement, Aurore Berge, a publié sur Twitter une lettre manuscrite qu’elle a reçue menaçant son bébé de 4 mois de violences physiques, suscitant des expressions de solidarité à travers l’échiquier politique.

On ne sait toujours pas comment le gouvernement va désamorcer la crise, quatre ans après que les manifestations des « gilets jaunes » ont secoué le pays, avec Borne sous une pression particulière.

« Je n’abandonnerai pas la construction de compromis », a déclaré Borne lors d’une conférence samedi.

« Je ne renoncerai pas à jouer. Je suis là pour trouver des accords et opérer les transformations nécessaires pour notre pays et pour les Français », a-t-elle déclaré.

(AFP)

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