Critique de livre : Poésie et saleté dans AK Blakemores Le Glutton se déroule dans la France révolutionnaire

Le glouton

Par AK Blakemore
Fiction/Granta Books/Broché/323 pages/21,50 $/Amazon SG (amzn.to/3NZDB4C)
3 étoiles

Inspiré par le mythe français de Tarrare, artiste de rue et soldat français à l’appétit insatiable, le deuxième roman d’AK Blakemore est une réimagination miasmatique d’une France en révolution, profondément imprégnée de l’odeur de la pauvreté et du chaos de la négligence.

Tarare, orthographié avec deux R dans le livre, est étrangement affligé d’une faim constante. Son régime alimentaire, comprenant absolument tout, va des pots de teinture aux rats vivants aux doigts gelés dans une attitude de panique étrangement humaine.

C’est un style de vie qui le fait dégager une puanteur impossible à masquer, et il est par conséquent évité partout, sa dépravation étant évidente.

Agé de 26 ans, il est en proie à la peur existentielle que la faim soit tout ce qu’il est.

Il commence le roman sur un lit d’hôpital, enchaîné au poignet et mordillant le menton des infirmières infirmières pour s’amuser jusqu’à ce qu’il commence à raconter son histoire à un gardien curieux, transportant les lecteurs vers des jours plus heureux, avant que tout ne pourrisse.

Blakemore est une poète et elle imprègne ces premières scènes du village français de mythes élégiaques. Les fils ont beau être envoyés travailler en ville pour avoir une bouche de moins à nourrir, mais autour du feu, les femmes chantent encore fort et mal les anges du ciel, puis doucement la truie endormie dans un jardin.

Son vocabulaire est effréné : les jupes sont campanulées, il y a des lunules de lumière et une cuillère en métal a un goût de sève. Certaines d’entre elles sont le résultat d’une vision du monde ornée imposée à une époque de privation.

Mais à d’autres moments, cet œil poétique permet à Blakemore de restituer certaines des lignes les plus époustouflantes.

De la place Tarare, elle écrit : Si l’histoire est un lion de pierre, Tarare est le lierre qui lui remplit la gueule.

Des os d’un individu, qu’ils rejoignent la masse noire de la mort inaperçue qui nourrit les pâquerettes et fait mûrir le blé qui fait le pain.

Il y a cependant une limite à ce bathos constant généré dans la transition entre l’individu dénué de sens et le cosmos impitoyable.

Bien que Blakemore humanise sincèrement le mythe de Tarare avec succès, car il n’est pas une métaphore vide de sens du Tiers État français réclamant, cela ne suffit pas à surmonter l’unidimensionnalité essentielle de sa faim accablante.

Les moments occasionnels de clarté et de réflexion de Tarare ne contribuent guère à atténuer cette monotonie. L’attention intense portée à Tarare relègue également le reste de la France, y compris Napoléon Bonaparte, aux spectateurs nonchalants de son spectacle anormal.

Ce choix narratif repose finalement trop sur le talent de Blakemore pour le maintenir, ce qu’elle fait à peine.

La section la plus forte de The Glutton survient lorsque Tarare rejoint les rangs d’une cabale de blackguards itinérants qui découvrent son talent et commencent à l’exploiter à des fins lucratives. Les quelques moments réels de poids émotionnel alors que l’avilissement de Tarare commence malgré leur réel sentiment de parenté.

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