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Corée du Sud : l’expéditeur paie – Internet Society

Les politiques sud-coréennes rendent l’Internet moins mondial, plus coûteux et moins fiable.

Sur l’Internet mondial ouvert, les réseaux s’interconnectent volontairement et échangent du trafic en fonction de vos besoins et de la manière la plus logique. En tant qu’utilisateur, vous payez votre fournisseur d’accès Internet (FAI) pour accéder aux sites Web et aux services en ligne, et les services auxquels vous accédez, à leur tour, paient leurs coûts de connexion.

L’expéditeur paie fait référence à un modèle de paiement permettant de réguler les frais liés à l’utilisation du réseau et aux connexions entre les réseaux. L’argument est que certains réseaux ou services envoient des quantités disproportionnées de trafic de données et devraient donc payer davantage aux opérateurs de réseaux.

La Corée du Sud a mis en œuvre certaines parties de ce modèle, et cela a eu des effets négatifs sur les réseaux, sur le paysage commercial et même sur l’expérience utilisateur. En 2016, le ministère des Sciences, des TIC et de la Planification future (aujourd’hui appelé ministère des Sciences et des TIC) a commencé à appliquer de nouvelles règles d’interconnexion. Cela signifiait que les FAI devaient utiliser un nouveau modèle de règlement selon lequel les réseaux devaient se compenser pour le trafic qu’ils envoyaient.

Pouvoir partager les coûts de connexion et échanger librement du trafic entre les réseaux est l’une des propriétés fondamentales d’Internet. Même s’il peut sembler raisonnable que les services qui envoient plus de trafic paient davantage, le trafic est demandé par les utilisateurs et non généré de manière aléatoire par les fournisseurs de services et les grandes plates-formes. Les utilisateurs paient un FAI pour pouvoir accéder à ces données, tout comme les services en ligne paient pour leur propre accès Internet pour les envoyer.

En pratique, cela signifierait également que toute personne fournissant des services en ligne pourrait avoir besoin d’un contrat distinct avec chaque FAI que ses clients pourraient utiliser, ce qui entraînerait une série de problèmes : des charges administratives et financières qui compromettent leur capacité à opérer à l’échelle mondiale, les grands FAI ayant une en avantage sur les petits acteurs en raison de leur capacité à conclure des accords avec d’autres entreprises, ce qui nuirait à la concurrence, et cela pourrait également signifier que votre FAI ne vous donne plus accès aux services sur lesquels vous comptez. En un mot : une expérience Internet fragmentée.

En Corée du Sud, ces normes d’interconnexion pour les installations de télécommunications ont entraîné un certain nombre de conséquences. Quelques grandes entreprises internationales ont déplacé leurs serveurs vers des pays voisins. Par exemple, Meta a déplacé ses serveurs à Hong Kong, lorsque les FAI coréens lui ont demandé de payer ces frais, mais cela a entraîné une latence du réseau pour les utilisateurs de Meta car il n’y a plus de cache en Corée du Sud. Cette réglementation frappe également plus durement les fournisseurs nationaux que les fournisseurs internationaux et désavantage les entreprises sud-coréennes, qui n’ont peut-être pas la possibilité de déplacer leurs serveurs au-delà de la frontière.

Le gouvernement a réagi avec encore plus de politique. Ils ont tenté de mettre en œuvre des exigences de stabilisation des services, principalement destinées aux fournisseurs de contenu internationaux. Ils exigent que les fournisseurs de contenu garantissent un certain niveau de qualité de service, qui ne peut être atteint que s’ils rapatrient leurs serveurs en Corée du Sud.

Le gouvernement sud-coréen souhaite également donner aux FAI le droit de facturer des frais d’utilisation du réseau. Cette proposition est toujours au Parlement mais exigerait que toutes les données envoyées sur les réseaux sud-coréens, qu’elles soient ou non transmises par un client du FAI, soient soumises à une redevance. C’est leur façon d’essayer de faire payer également les entreprises internationales, ce qui, espèrent-ils, atténuera le désavantage actuel des services nationaux.

Mais comme les frais d’interconnexion, ces frais désavantagent les petits acteurs en créant des barrières à l’entrée plus élevées. Ils risquent de fragmenter Internet en conditionnant la connectivité à une contractualisation préalable avec le réseau des utilisateurs. Ces coûts peuvent également être répercutés sur les utilisateurs finaux, ce qui contredit toute intention d’équité qui pourrait motiver ces politiques.

Statut

Le modèle d’interconnexion de l’expéditeur-payeur a été mis en œuvre. Lorsque le contenu est hébergé en dehors de la Corée du Sud, l’expérience utilisateur est dégradée dans le pays et risque de nuire à l’industrie nationale de la technologie et des startups.

Parce que le problème est difficile à comprendre pour la plupart des internautes, le discours largement répandu est qu’il s’agit d’un moyen facile de demander des comptes aux grandes plateformes. Mais les grands opérateurs de télécommunications sont souvent les seuls à être favorables à ces approches, et les seuls à bénéficier d’une telle intervention réglementaire.

Le concept Sender Pays a gagné du terrain dans d’autres pays, notamment dans l’UE, en Inde et au Brésil.

Notre position

L’Internet Society a mené une étude d’impact de l’Internet, dans laquelle les principaux risques et résultats négatifs ont été identifiés. Cette note a été notre document le plus utilisé sur cette question à travers le monde. Nous pensons que de telles politiques constituent un exemple clair de la façon dont Internet peut se fragmenter. Et bien qu’elles puissent être interprétées à première vue comme des moyens de responsabiliser les grandes plateformes, elles constituent en réalité l’une des menaces les plus pressantes pour Internet et auront un impact négatif sur les utilisateurs.

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