Comment les musées réduisent-ils les déchets et travaillent-ils vers Net Zero ?

Bruno Maquart, directeur d’Universscience en France, explique à MuseumNext comment l’accent mis sur la réutilisation et le recyclage contribue à réduire les émissions de carbone et aide son équipe à mettre en œuvre un plan stratégique axé sur la durabilité.

En tant que musée scientifique public, Universcience a établi un nouveau plan stratégique en 2021 pour favoriser l’amélioration et le changement sur une période de 5 ans. Le plan comprend 100 actions au sein d’une feuille de route pour le progrès et le succès.

Un élément clé du plan était un effort concerté pour tendre vers la neutralité carbone, composé d’actions et d’activations dans plusieurs domaines, y compris les RH, les achats, les processus d’exposition et, surtout, la volonté de réduire les déchets grâce à une économie circulaire.

Le directeur d’Universcience, Bruno Maquart, déclare : En tant qu’institution de culture scientifique, nous avons été sensibles dès le début aux alertes lancées par les scientifiques et, en particulier, celles du GIEC. Notre mission est de porter la voix des scientifiques au-delà des centres de recherche, afin que leurs messages atteignent le grand public.

Notre personnel du musée travaille activement pour développer du contenu pour nos visiteurs qui se rapporte à la crise climatique. Au-delà, nous nous efforçons de réduire notre empreinte carbone dans toutes nos activités afin de participer, à notre échelle, aux transformations collectives indispensables pour construire un monde plus durable.

Si Bruno note qu’Universsciences Cité des Sciences et de l’Industrie et le Palais de la Découverte travaillent activement sur cette question depuis de nombreuses années, il suggère que l’approche a également évolué au fil du temps, passant d’une focalisation sur la préservation des habitats naturels et de la biodiversité, vers la lutter contre le réchauffement climatique et favoriser la durabilité.

Bruno Maquart, directeur d’Universcience

Bien que faire la lumière sur ces sujets ne soit pas nouveau, Bruno suggère que la mobilisation récente des jeunes et la transformation du changement climatique en un problème social ont mis en évidence l’importance de l’activisme et de l’engagement du public. C’est, dit-il, ce que les expositions d’Universciences sont conçues pour refléter.

Aujourd’hui, cet engagement durable non seulement alimente la programmation des établissements mais conditionne aussi de plus en plus leurs actions. Il éclaire également les choix en termes de muséographie, de conception d’exposition, de recyclage et de réutilisation des expositions, de chaîne d’approvisionnement et de création d’une économie circulaire.

Nous devons appliquer à nous-mêmes ce que nous expliquons au public dans nos galeries, en abordant l’urgence climatique à travers les programmes, les partenariats, les personnes et les lieux.

La nature de notre relation avec les questions de durabilité a également évolué. Elle est désormais empreinte d’un sentiment d’urgence, de l’idée que la situation exige une action rapide et des changements concrets. C’est pourquoi nous avons choisi la durabilité comme l’un des trois piliers de notre plan stratégique actuel.

La première exposition à refléter la nouvelle stratégie de développement durable d’Universsciences a été Renaissances, une exposition sur l’extinction et sur la manière dont la société peut réagir pour s’adapter dans ces contextes.

Bruno dit : Le sujet n’était pas seulement un moyen de partager un message d’espoir avec le public ; l’exposition elle-même était écologique. Les installations ont été conçues avec du bois provenant de sources certifiées et des textiles fabriqués à partir de fibres recyclées.

L’exposition a été créée pour être assemblée mécaniquement, sans colle, ce qui permet un démontage des différentes pièces pour une réutilisation facile. Tous les matériaux et éléments de cette exposition ont été mis à disposition sur une plateforme de donation pour permettre leur redistribution et leur réutilisation.

Cette approche a considérablement réduit le CO2 émissions attribuées à l’exposition et a depuis lors éclairé les travaux ultérieurs du musée. Pour la prochaine exposition du musée, Urgence climatique, qui ouvre en mai 2023, un CO dédié2 calculateur a été intégré avec l’objectif à long terme de pouvoir utiliser l’outil dans toutes les expositions futures :

Comprendre combien de CO2 nous produisons et quelles activités produisent le plus nous permettent d’adapter nos politiques et nos actions.

Universcience travaille également avec divers autres musées, organismes publics et structures locales pour mettre en œuvre une économie circulaire mutuellement bénéfique. L’idée de ce processus est qu’un écosystème se développe au sein d’une communauté pour partager des meubles, réduire la consommation de matières premières et minimiser les déchets dans la mesure du possible.

Bien que ce type de projet présente une série de défis en termes de transport, de logistique et de réglementation, on espère que la collaboration sera la clé du succès.

La réutilisation en action

La réutilisation est un domaine d’intérêt important pour Universcience, selon Bruno. Et depuis le lancement du Plan stratégique en 2021, les efforts dans ce domaine ont été redoublés. Il dit,

Universcience participe chaque année au Semaine européenne de réduction des échecs et profite de cette occasion pour offrir à son personnel des ateliers sur la façon de réduire les déchets et de s’en débarrasser de façon responsable. Universcience promeut le recyclage auprès de ses collaborateurs et visiteurs à travers de nombreuses initiatives, comme un catalogue de fournitures de bureau qui ne comprend que des produits recyclables, rechargeables, monocomposants ou reconditionnés. Dans les espaces publics de la Cité des Sciences et de l’Industrie, nous avons également mis en place une quinzaine de poubelles de tri.

L’un des principaux problèmes auxquels les musées sont confrontés en matière de déchets est la question de savoir quoi faire avec les matériaux et les dispositifs qui ont été présentés lors des expositions. Dans le cadre du plan d’action déchets, un projet d’analyse de la fin de vie des expositions d’Universcience a été mis en place afin d’accompagner l’engagement de création d’une économie circulaire. Bruno explique,

Une exposition nécessite l’utilisation de beaucoup de matériel et de mobilier, qui doivent également être transportés, parfois de très loin. Universcience travaille depuis plusieurs années sur une économie circulaire des supports d’exposition et de ses bâtiments. Aujourd’hui, 60% des éléments d’exposition d’Universscience retrouvent une seconde vie.

Deux projets récents ont notamment mis l’accent sur la réutilisation. Il s’agit des Tincelles du Palais de la Découverte et du Lab de la Cité des Bbs.

Le Palais de la Découverte étant actuellement fermé dans le cadre d’un projet de rénovation qui a débuté en septembre 2020, Bruno explique que le site muséographique temporaire (capable d’accueillir des présentations et des ateliers scientifiques) mettait clairement l’accent sur la réutilisation et le recyclage :

La structure éphémère des tincelles du Palais de la Découverte lieu où nous accueillons nos visiteurs lors de la restauration de notre bâtiment historique est éco-responsable, modulable et durablement construite entièrement en bois. Les toits sont conçus dans une isolation thermique épaisse avec des fenêtres qui diffusent la lumière naturelle.

S’inscrivant dans une logique de construction exemplaire, l’aménagement intérieur a été pensé dans une démarche de valorisation créative, durable et circulaire. La structure éphémère a ainsi bénéficié d’un processus complet de récupération et de réutilisation des équipements et matériaux du Palais de la Découverte. L’équipe d’aménagement était composée exclusivement d’entreprises françaises spécialisées dans l’économie circulaire, qui ont redonné vie aux vieux parquets en chêne du Palais, à des parties de la scène, et même aux portes des placards de mon ancien bureau !

Au total, plus de 90% des aménagements intérieurs du projet ont été réutilisés, grâce à la collaboration des équipes d’Universcience avec des acteurs de l’économie sociale et solidaire. Bruno note, Nous avons économisé l’équivalent de la consommation d’énergie d’un ménage de quatre personnes pendant 20 ans.

Le thème de Cit des Bbs quant à lui est de créer un nid pour les jeunes enfants jusqu’à 23 mois à explorer dans un environnement conçu spécifiquement pour le développement cognitif et psychomoteur. Il est important de noter que la création de cet espace est non seulement amusante et adaptée aux enfants, mais également sans plastique.

Bruno dit : « Dans un laps de temps très court et avec un petit budget, le Lab des Bbs nous a vu adapter notre espace pour les bébés pour ne présenter que des éléments réutilisés provenant à la fois de l’intérieur et de l’extérieur.

Une approche holistique des déchets et des émissions

Alors que la réutilisation et le recyclage sont des facteurs clés dans toute tentative de musée d’être plus durable, Bruno reconnaît qu’il est essentiel de penser plus largement. Parmi les 100 actions décrites dans le plan stratégique d’Universciences, beaucoup sont liées à la durabilité. Planification durable des déplacements du personnel ; la mise en œuvre de technologies écoénergétiques dans les espaces muséaux ; créer un environnement de travail sans papier ; et même des billets d’essai qui lient le prix d’entrée aux modes de transport à faible émission de carbone figurent tous dans le plan.

Bruno explique, Notre calcul de l’empreinte carbone 2021 a révélé, comme pour d’autres grandes institutions culturelles, que les déplacements des visiteurs et des employés vers nos deux sites représentent la majorité des émissions de CO2 émissions, et un ensemble de mesures a été adopté dans le domaine des transports.

Dans le cadre de son plan de mobilité, l’établissement subventionne l’usage du vélo par nos salariés et met à disposition 150 places de parking abritées et sécurisées. Une autre initiative offre aux visiteurs un CO2 calculateur lors de l’achat de leur billet, leur permettant d’estimer les émissions générées par leur trajet. De plus, en avril 2023, les visiteurs venant à notre musée à vélo bénéficient d’une réduction sur les billets d’entrée.

Bruno suggère que les musées ont la responsabilité d’accroître leur sensibilisation et leur connaissance du développement durable. Ce processus devrait également intégrer une volonté de remettre en question les processus propres à l’organisation et sa stratégie environnementale globale. Il dit,

Les musées doivent aborder la question de la durabilité à la fois dans leurs processus et dans la manière dont ils produisent des expositions, ainsi que dans la manière dont ils entretiennent ou construisent leurs installations et les thèmes qu’ils choisissent de mettre en avant dans leurs expositions et événements.

Nous n’irons nulle part si nous travaillons tous isolément. Universcience s’attache à stimuler la réflexion commune des musées et des institutions publiques en France en participant à différents groupes de réflexion. C’est particulièrement vrai au niveau européen, à travers Ecsite, le réseau des centres et musées de sciences, que préside Universcience.

Il conclut : « Il faut mobiliser la culture pour élaborer des visions souhaitables de l’avenir, et la science, qui est là pour éclairer les décisions à prendre. C’est ce que fait Universcience au quotidien, comme tous les centres et musées des sciences en France, en Europe et dans le monde.

Découvrez comment les musées abordent la santé de notre planète en accédant à Marchs Sommet des musées verts sur demande.

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