Chronologie d’une catastrophe : l’écrasement mortel de la foule à Séoul
Séoul (AFP) Après que des responsables sud-coréens ont reconnu qu’il y avait eu des erreurs dans le contrôle des foules à Halloween, l’AFP utilise des données officielles, des reportages médiatiques et des témoignages oculaires pour examiner la chronologie de la catastrophe qui a fait 156 morts.
Le plan
Le 27 octobre, deux jours avant, la police estime que 100 000 personnes assisteront à l’événement d’Halloween dans le quartier nocturne d’Itaewon à Séoul. Ils annoncent leur intention de déployer 200 agents.
Comme la fête n’est pas un événement « officiel », les autorités ne prévoient pas de déployer des stewards pour gérer la foule.
Alertes précoces
Au milieu de l’après-midi du 29 octobre, des dizaines de milliers de personnes, dont beaucoup en costumes d’Halloween, affluent dans les rues étroites d’Itaewon.
A 20h30 (11h30 GMT), la ruelle à l’épicentre de la cohue est bondée. Certains fêtards subissent déjà des blessures en raison de la densité de la foule.
« J’ai prévenu la police mais personne ne s’est présenté », a déclaré un employé de la discothèque aux médias locaux, affirmant qu’ils avaient parlé à deux reprises aux agents au téléphone avant la catastrophe.
A 21h16 un livestreamer se rend dans un commissariat à environ 10 mètres de la ruelle, avertissant que la foule est dangereusement dense.
La police l’a ignorée, dit-elle dans un flux qu’elle supprime plus tard.
Le chef de la police nationale, Yoon Hee-keun, a admis mardi que la police avait reçu « de multiples rapports » indiquant en urgence un danger dans la région, mais a traité l’information de manière « insuffisante ».
Appels d’urgence
À 22 heures, des personnes en haut de la ruelle en pente à côté de l’hôtel Hamilton commencent à tomber, selon des témoins oculaires.
Les personnes au bas de la pente ne peuvent pas sortir en raison de la foule venant dans l’autre sens – par les sorties 1 et 2 de la station de métro Itaewon et par l’entrée principale de l’hôtel Hamilton.
Les gens sont tombés « comme des dominos », enfonçant ceux devant eux qui sont immédiatement piégés, piétinés et écrasés.
Entre 22 h 15 et 22 h 22, la caserne de pompiers de Yongsan commence à recevoir de multiples appels au sujet d’un « accident par écrasement » ou d’une bousculade. Ils envoient les premiers intervenants entre 22h15 et 22h27.
Les appels de personnes signalant des difficultés respiratoires continuent d’affluer – plus de 81 demandes d’aide à 22h43, moment auquel les autorités déclarent un « ordre d’intervention d’urgence de première étape ».
Les intervenants d’urgence arrivent sur les lieux et commencent à pratiquer la RCR d’urgence sur les victimes dans les rues, mais sont rapidement dépassés et demandent aux membres du public de les aider.
A 23h13, un ordre de deuxième étape est émis. Il est mis à niveau vers une commande de troisième étape à 23h50.
Le président Yoon Suk-yeol ordonne aux autorités d’envoyer d’urgence des équipes d’assistance médicale en cas de catastrophe.
Tas de corps
Le président supervise ensuite une réunion de l’équipe centrale de gestion des catastrophes.
Sur les lieux, les secouristes et les passants luttent pour sortir les victimes de l’écrasement des corps dans la ruelle.
« On les sortait mais on n’a pas pu parce que tous ces gens étaient entassés et ça fait beaucoup de poids », a expliqué à l’AFP Jarmil Taylor, pris dans la cohue en haut de l’allée.
Les secouristes n’ont réussi à sortir tout le monde de la bousculade que bien après minuit.
« Cela faisait longtemps que les gens coincés là-dedans ne respiraient pas », a déclaré à l’AFP Dane Beathard, un témoin.
Dégagez la zone
La police tente d’éloigner les gens de la scène, mais la foule est trop dense et ne se disperse pas facilement.
A 1h du matin, la police ordonne la fermeture des commerces du secteur.
À ce stade, les secouristes ont retiré des dizaines de personnes de la cohue et, avec l’aide de passants, tentent désespérément de les ranimer. D’autres fêtards – apparemment inconscients de la catastrophe qui se déroule – continuent les célébrations à proximité.
« Il y avait plus de 50 personnes allongées, mais je ne pouvais pas les regarder parce que la scène était épouvantable », a déclaré un témoin oculaire du nom de Choi, ajoutant que presque personne qu’elle a aidé n’a été réanimé avec succès.
Vers 2 heures du matin, le président Yoon interdit à quiconque, à l’exception des fonctionnaires et du personnel médical, d’entrer à Itaewon.
Le nombre de morts bondit
Vers 3 heures du matin, les pompiers indiquent que 120 personnes sont mortes et préviennent que le bilan va augmenter car bon nombre des personnes secourues sont dans un état critique.
La station de métro Itaewon devient rapidement encombrée alors que les gens essaient de partir. La ville déploie des bus supplémentaires à 3h50 du matin pour venir en aide.
A 4 heures du matin, les pompiers indiquent que 146 personnes ont été tuées et 150 autres blessées.
Il y a encore des fêtards piégés dans la région. La ville envoie des voitures de métro supplémentaires à la station Itaewon à 5 heures du matin.
N’aurait pas dû arriver
Dimanche à 9 h 45, le président Yoon s’adresse à la nation dans un discours télévisé, affirmant que la catastrophe « n’aurait pas dû se produire » et promet une enquête approfondie.
Au 1er novembre, le nombre de morts s’élevait à 156, principalement des jeunes femmes, avec des dizaines d’autres blessés, certains toujours dans un état critique.
C’est l’une des pires catastrophes de l’histoire de la Corée du Sud.
AFP 2022