Changement majeur pour les frontaliers ? : la France évoque le soutien au télétravail illimité

Dans ce qui pourrait être une annonce explosive, le gouvernement français a indiqué qu’il serait disposé à proposer un travail à distance illimité (télétravail) aux travailleurs frontaliers en échange d’une compensation fiscale du Luxembourg. Cela poserait toutefois un certain nombre de problèmes législatifs, comme l’expliquent nos confrères de RTL 5 Minutes.

Vendredi, le cabinet du ministère français de l’Economie a rencontré les députés du Parlement régional de Lorraine pour évoquer les négociations avec le Luxembourg sur les règles du travail à domicile.

La France serait favorable au télétravail illimité pour les frontaliers en échange d’une compensation fiscale du Luxembourg.

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Selon un communiqué publié par les députés français Martine Etienne, Charlotte Leduc et le sénateur Olivier Jacquin, le gouvernement annonce qu’il « souhaite accroître le recours au télétravail en simplifiant les démarches pour les entreprises luxembourgeoises grâce à l’instauration d’un acompte prélevé directement par le Direction Générale des Finances Publiques. »

En pratique, le Luxembourg verserait une compensation fiscale à la France. Les trois élus ne voient pas cet arrangement d’un bon œil. Dans leur communiqué, les deux députés de gauche LFI-NUPES et la sénatrice du Parti socialiste français se demandent si un tel accord ne représenterait pas « un autre cadeau fiscal pour le Luxembourg ».

Un dispositif tel que celui proposé par le gouvernement français suspendrait de fait l’application du plafond de 29 jours de télétravail. Actuellement, les frontaliers ne sont plus imposés au Grand-Duché après 29 jours de télétravail et doivent déclarer les jours de télétravail supplémentaires au fisc français.

L’arrangement extraordinaire conclu avec le Luxembourg dans le cadre de la pandémie de Covid-19 a expiré le 1er juillet 2022 après plus de deux ans. En principe, les travailleurs paient des impôts dans le pays dans lequel ils travaillent.

De ce fait, la France et le Luxembourg auraient à résoudre la délicate question du partage fiscal. Alors que le Grand-Duché discute en fait d’une augmentation du télétravail avec Paris, la proposition actuelle se contente de relever le plafond de 29 à 34 jours.

Autre problème : les cotisations sociales

Avant qu’un tel accord puisse être mis en œuvre, il faudrait trouver une solution européenne en matière de cotisations sociales. La règle actuelle est qu’à partir du moment où un travailleur frontalier passe plus de 25% de son temps à travailler dans son pays de résidence, par exemple en télétravail, le salarié français revient à la sécurité sociale française et n’est plus affilié au Luxembourg. Les députés lorrains de l’opposition ont également soulevé cette question en demandant « le gouvernement français a-t-il l’intention de désobéir à la législation européenne ? »

Et ce n’est pas le seul problème. Si un accord devait être trouvé, certaines entreprises françaises pourraient décider de se délocaliser au Luxembourg. « Ces accords ne prennent pas en compte la question des entreprises françaises qui pourraient se délocaliser au Luxembourg et le risque accru de créer un facteur de séparation dommageable entre les deux pays », selon le communiqué en question.

La période de transition s’avérerait probablement difficile, d’autant plus que la question du paiement anticipé n’a pas été réglée. Les élus lorrains se méfient également du gouvernement luxembourgeois, affirmant que « l’engagement du Grand-Duché dans ces propositions n’est soumis à aucune garantie ».

Le télétravail deviendra-t-il une nécessité ?

Cependant, considérant que les économies d’énergie sont devenues un enjeu majeur, il y a une chance que les gouvernements européens se tournent à nouveau vers le télétravail pour atteindre leurs objectifs. Selon une étude d’Eurofound, 46% des salariés de l’Union européenne souhaitent continuer à travailler à domicile tous les jours ou plusieurs fois par semaine depuis la pandémie.

Par ailleurs, une pétition réclamant deux jours de télétravail « pour tous » a récemment battu tous les records au Luxembourg. En quelques heures seulement, il a franchi le seuil des 4 500 signatures.

Mais tout cela ne résout pas le problème de la législation existante. Le Luxembourg et la France ont encore beaucoup à discuter sur les fronts fiscal et social. La question de la double imposition des frontaliers français, notamment, reste en suspens. En d’autres termes, nous ne sommes même pas près de la ligne d’arrivée.

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